Un réalisateur italien (plus connu pour ses contributions en tant que scénariste chez Damiano Damiani ou Mauro Bolognini) qui s'essaie à la chronique étudiante 60s au sein de l'université d'Oxford... Le résultat est très surprenant, forcément, mais aussi très bancal et maladroit. "Alba pagana", connu également sous le nom de "May Morning" en référence à une coutume locale singulière, montre essentiellement l'intégration d'un étudiant italien (incarné par Alessio Orano) dans la célèbre et prestigieuse université britannique, en utilisant cette différence de nationalité et de culture comme catalyseur de révélations multiples — bon, très clairement, Ugo Liberatore donne l'impression de révéler des éléments beaucoup plus capitaux et sulfureux que ce que l'on peut tirer d'un tel film dénué de charme. Les intentions se situent du côté du drame érotico-philosophique et autant dire que le mélange ne prend pas du tout, on en reste vraiment à l'illustration soporifique des pulsions refoulées qui brûlent sous les jolis costumes d'époque. Le but est de montrer le poids des traditions, dans une ambiance ostensiblement trouble, c'est-à-dire une sorte de "Saltburn" 50 ans auparavant. Mais on reste constamment les pieds dans la fange des clichés de son époque, avec un récit d'émancipation assez difficile à encaisser (avec en prime une scène de viol sur Jane Birkin complètement ahurissante, violente et perdue au milieu d'une trame scénaristique qui ne fait aucun sens). On alterne entre différentes dénonciations maladroites, la vacuité de l'aristocratie anglaise, l'aliénation des conventions conservatrices, sur fond de nihilisme post-soixante-huitard, avec en bonus une décoration musicale assez fanée assurée par les Tremeloes, sorte de caricature de groupe pop anglais.

Morrinson
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le 17 mai 2025

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