Quand Pixar traite l’adolescence d’une autre façon. Un film sympathique malgré le peu d’attente.

Ma vidéo critique sur Alerte Rouge

Étrangement, en découvrant la bande-annonce, il n’y avait pas de quoi être très hypé par ce nouveau projet. Pixar nous a, presque, toujours créé des grosses attentes sur leurs différents projets et leurs bande-annonces. Cependant, Alerte Rouge est un des rares Pixar a ne pas avoir créé d’attente. Pour autant, ça reste un Pixar et Pixar n’a aucun mauvais long-métrages dans sa filmographie (sauf Cars 2 peut-être) donc il fallait bien découvrir ce nouveau long-métrage. Il est le deuxième film Pixar à sortir directement sur le service Disney Plus plutôt que de le sortir au cinéma. Que vaut ce nouveau Pixar ? Honnêtement, on pouvait s’attendre à ce que ce nouveau long-métrage des studios se fasse oublier facilement au vu de la bande-annonce mais ce n’est pas le cas. Ce long-métrage est surprenamment plus réussi et travaillé qu’on pourrait le croire.

Positif

• Mei (Jaynelia Coadou) est une fille très entreprenante et très perfectionniste avec sa mère dont elle a peur de décevoir. A travers elle, on y voit une fille avec deux facettes, celle de la petite fille modèle comme sa mère la voit, et la vraie Mei qui agit comme une adolescente normale avec ses amies. C’est un très bon personnage principal à suivre pour cette histoire. Les deux facettes différentes qu’elle a en fonction de sa mère et de ses amies en font un personnage perturbé mais compréhensible dans ce qu’elle traverse. De plus, on finit par s’attacher à elle au fur et à mesure de ce qui se passe, alors qu’elle est peu appréciable quand on la voit pour la première fois.
  Ming (Yumi Fujimori) est la mère de Mei et elle est très protectrice avec elle tout en pensant que c’est toujours sa petite fille modèle qu’elle continue de préserver malgré l’âge. C’est une mère assez envahissante mais on voit à quel point elle aime sa fille et qu’elle a peur que ça change. Elle aime sa fille plus que tout mais elle refuse de la voir grandir, elle préfère continuer de la voir comme sa douce et mignonne petite fille. On peut comprendre pourquoi elle agit ainsi avec elle, surtout quand on est parent comme elle.
  Miriam (Lou Howard), Abby (Lena Ropion) et Priya (Leana Montana) sont les amies de Mei. Elles ont chacune une personnalité assez spéciales mais on sent que ce sont des véritables amies sur lesquelles Mei peut compter quand ça ne va pas. Des 3, Myriam est la plus touchante des trois car elle est la moins bizarre et c’est celle qui s’inquiète le plus pour Mei. Mais bon, les trois sont des amies attachantes malgré leurs personnalités un peu étranges.
  Jin (Xavier Thiam) est le père de Mei. C’est un très bon cuisinier et, apparemment, c’est aussi un homme réservé qui n’ose pas trop dire les choses. On pourrait croire qu’il n’est pas très utile à l’histoire mais, contrairement à Ming, c’est un parent qui cherche à comprendre sa fille tout en acceptant de la voir grandir et en l’aidant en faisant de son mieux.
  La grand-mère (Isabelle Gardien) est la doyenne de la famille et elle est connaît les dangers que peuvent représenter la transformation du panda roux. Elle est assez réservée avec sa fille (ce qui se comprend quand on connaît son passé) mais c’est une grand-mère attachante qui veut aider sa petite fille plus que tout.




• Un des points les plus réussis de ce long-métrage, c’est la représentation de l’adolescence. On est tous passé par la crise d’adolescence où on changeait et où on ne souhaitait pas en parler à nous parents alors que ceux-ci s’inquiètent pour leur enfant. Ici, Pixar parle à nouveau du thème de l’adolescence mais sous un autre aspect. On avait déjà eu la période trouble d’une adolescente qui ne contrôle pas ses émotions et qui ne sait pas ce qu’elle veut faire dans Vice-Versa, ici, on a une adolescente qui grandit malgré que sa mère refuse de la voir grandir. On le voit, à la fois, par le point de vue de Mei et ce qu’elle vit entre ses amis et sa famille (deux personnalités bien différentes) ainsi que du point de vue de Ming qui ne voit que sa petite fille modèle sans accepter qu’elle pourrait changer. En tout cas, c’est une représentation intéressante de l’adolescence qui nous est montrée ici.




• Alors que Mei profite de sa vie d’adolescente de 13 ans, entre sa mère trop protectrice qui la voit encore comme sa petite fille et ses amies avec qui elle vit sa vie d’adolescente, elle se réveille un matin en se transformant en panda roux. Elle apprend que e sont ses émotions fortes qui font qu’elle se transforme et va devoir apprendre à les contrôler afin que personne ne se doute de rien. C’est une histoire intéressante qui nous donne envie si Mei va réussir à garder le secret et les conséquences que ça pourrait avoir si on le découvre.




• Le symbolisme a beaucoup d’éléments intéressants. Que ce soit la transformation de Mei qui est une signification de la puberté (même sa famille voit aussi ça comme le yang de chacune des filles de la famille) et qu’elle change, le fait que Ming voit toujours sa fille comme une petite fille modèle, les amies de Mei qui symbolisent son plus grand bonheur, la cicatrice de la grand-mère pour Ming… Bref, il y a pas mal d’éléments de symbolisme qui sont intéressants à suivre ici.




• Évidemment, la relation mère-fille entre Mei et Ming est un des points centraux de ce long-métrage et c’est un des points les plus réussis. Entre Mei qui change et qui n’ose pas le montrer à sa mère par peur de sa réaction et Ming qui aime Mei mais qui ne la voit pas autrement que comme la petite fille modèle qu’elle était, ça apporte une relation familiale intéressante entre les deux.




• Il y a plusieurs messages à retenir de ce long-métrage. Accepter que nos enfants grandissent et changent, que nos enfants aient des secrets qu’ils partagent avec leurs amis et pas avec leurs parents mais qu’il les aime quand même, qu’il ne faut pas avoir peur du changement. Bref, ce sont des beaux messages à retenir de la part de ce long-métrage.




• En terme d’évolution, on peut dire que Mei et sa famille ont bien évolué. Entre Mei qui assume de changer, Ming qui arrête de voir sa petite fille comme la petite fille modèle et la grand-mère qui pardonne sa fille en comprenant ce qu’elle a traversé, il a y a réellement de belles évolutions à suivre avec nos personnages principaux.




• Le long-métrage démarre par l’histoire de la vie de Mei jusqu’à son adolescence actuelle racontée par celle-ci. C’est une introduction qui nous donne envie d’en savoir plus sur le pourquoi elle est ainsi et ce qui va lui arriver dans la suite de l’histoire, surtout avec sa transformation en panda roux.




• L’émotion de ce long-métrage ne laisse pas indifférent. En effet, il y a des scènes réellement touchantes qu’on découvre au fur et à mesure du visionnage, à tel point que certaines séquences font monter les larmes aux yeux. Enfin, on peut dire que l’émotion a réellement été bien géré.




• Les musiques sont assez sympathiques, elles collent assez bien avec ce qui se passe à l’écran tout en étant assez agréables à écouter. Certains thèmes ne seront peut-être pas réécoutés après le visionnage mais, dans la majorité, les musiques s’en sortent assez bien.




• On ne va pas dire que l’animation est la plus belle qui existe mais il y a du bon boulot dans l’animation. Après, il faut être fan de ce style (malgré qu’on ait connu plus beau et plus moche) mais ça reste une animation bien travaillée dans son ensemble.




• Autant dire ce qui est, la VF est de bonne qualité. Quel que soit le rôle, on sent que les comédiens et comédiennes de doublage s’investissent et que leurs voix collent bien aux personnages. Bref, on peut dire que la VF est réellement bien gérée.




• Les costumes sont assez réussis en fonction des personnages, ils les définissent très bien tout en apportant un style qui est unique à chaque personnage, notamment Mei et ses amies qui sont chacune spéciales à leur façon.




• Les décors ne sont pas exceptionnels mais ils sont assez jolis dans l’ensemble. Quel que soit le lieu qui nous est montré, les décors restent très travaillés pour nous offrir les meilleurs visuels possibles.




• C’est une belle fin qui nous est proposée après tout ce qui s’est passé, surtout quand on voit l’évolution que ça a apporté à Mei et Ming. En tout cas, c’est réellement une belle fin à voir après tout ça.




• Mine de rien, certains évènements de ce long-métrage sont assez inattendus. On ne dirait pas mais il y a réellement des moments inattendus qui fonctionnent, surtout vers la fin.

Négatif

• Quand on voit les amies de Mei qui fantasment sur Devon et que Mei dit qu’elle n’est pas intéressée, on devine rapidement que son opinion va changer. Par contre, c’est étonnant qu’elles tombent amoureuses d’un garçon aussi…. Inexpressif. Le seul moment où il montre enfin une émotion, c’est quand il découvre les dessins (et encore, sur le dernier plan, il refait blasé). Que ce soit un juste un petit fantasme pour Mei, ce n’est pas un problème mais même un beau gosse peut avoir plus d’expression que ça. Regardez Tony dans Les Indestructibles, il est le beau-gosse du lycée dont toutes les filles sont amoureuses, dont Violette, mais il a beaucoup plus d’expression que ça. Bref, Devon aurait peut-être mérité un peu plus d’expressions que ça.




• Tyler (Aloïs Agaësse-Mathieu) est un adolescent du même âge que Mei et il cherche souvent à se moquer d’elle parce qu’elle l’agace. Ce personnage est sans doute là pour illustrer la fameuse personne qu’on détestait en étant à l’école (pas un rival, juste une personne qu’on détestait parce qu’elle se moquait en permanence de nous) mais ce n’est pas un personnage très utile ici. Il n’apporte pas grand-chose à l’histoire malgré son évolution pour devenir plus attachant avec Mei. Encore une fois, on comprend pourquoi il est là et la fonction qu’il remplit mais il n’est pas très intéressant.




• La mise en scène n’est pas mauvaise mais, au début, elle est assez exagérée et spéciale. Par exemple, lorsque Mei cache son cahier et se met sur son lit comme si de rien était, on la voit après transpirer à grosses gouttes avec un gros plan. Ce style fait un peu manga shonen mais sans totalement coller au genre de Pixar. Enfin, malgré ces détails, ça reste une mise en scène travaillée.




• Il y a quelques personnages dont on aurait pu se dispenser ici. Non pas les amies de Mei qui sont toutes un peu spéciales mais plutôt les tantes de Mei. Avoir intégrer la grand-mère de Mei est une bonne chose mais les tantes n’ont aucun réel intérêt à l’histoire. On aurait pu se limiter aux amies, à la grand-mère et au père de Mei pour arranger la situation, même si ce n’est qu’un détail.




• Il y a des moments où ce long-métrage abuse un petit peu trop des ralentis. C’est surtout le cas lorsqu’on voit le père de Mei qui cuisine pour la première fois, des ralentis n’étaient pas forcément nécessaire. Certes, c’est pour illustrer le fait que sa cuisine est adorée de tout le monde mais ces ralentis semblent un peu oubliables.




• La tension n’est pas mauvaise mais, bizarrement, on ne croit pas à cette tension. Même dans des moments où ils essayent de nous le faire croire et malgré que l’émotion soit parfois touchante, la tension reste assez inefficace dans la majorité des scènes (c’est regrettable).




• L’humour de ce Pixar se veut beaucoup trop enfantin, comme souvent maintenant. Certes, on a quand même quelques petites blagues qui font rire mais la majorité des blagues ne sont pas forcément drôles pour tout le monde.

Au final, ce long-métrage fut une sympathique surprise. On a des personnages principaux bien développés, une émotion efficace, une animation travaillée, une VF de bonne qualité, du symbolisme intéressant et des beaux messages à retenir. Après, il est vrai que la mise en scène est un peu discutable dans certaines séquences, que l’humour n’est pas forcément drôle et que certains personnages étaient dispensables. Malgré les défauts, ça reste un Pixar travaillé que les fans du studio sauront apprécier. Même si il n’est pas au niveau d’autres long-métrages Pixar, le studio a su nous montrer une nouvelle facette de l’adolescence. Pour ma part, j’ai apprécié le visionnage qui fut plus agréable que prévu alors que je ne m’attendais à rien. Après, c’est peut-être mieux qu’il soit sorti sur Disney Plus plutôt qu’au cinéma (même si Pixar attire plus que les créations originales Disney).