Pour faire court, "Alexandra" est un film de guerre réalisé par Alexandre Sokourov, qui n'utilise cependant pas un traitement frontal. Jamais vous ne verrez de combats armés ou autres, vous suivrez seulement l'incursion d'une vieille dame autoritaire, dans le quotidien d'un campement militaire de régiments russes, en République de Tchétchénie. Quelque peu représentative de cette âme russe, cette femme vient rendre visite à son petit-fils, l'un des meilleurs officiers de son unité. Elle y découvre un environnement miséreux en manque cruel de chaleur humaine, dénué de femmes, de sentiments, de confort et d'hygiène.

Si l'auteur enfonce beaucoup de portes ouvertes à travers ses conditions de vie, il ne fera pas l'erreur de répandre des clichés nauséabonds. Sauf qu'il n'apporte pas grand chose à son sujet, en glissant l'idée que la guerre est aussi triste dans chacunes des parties adverses. Quand j'y repense, ce film n'est en fait qu'une suite décousue d'évènements insignifiants, qui ont pour incidence de laisser le spectateur indifférent. Moi qui m'étais habitué à voir son auteur effectuer des travaux remarquables sur l'image, à distiller des ambiances brumeuses, tantôt métaphysiques, tantôt élégiaques, j'ai été extrêmement déçu de constater ici une mise en scène moderne, totalement limpide, sans aucun style particulier.

Par contre, une autre erreur a heuresement été évité, ce long-métrage est court, sans trop de temps mort, toujours bien rythmé, bien rempli, et qui se termine quand il le faut, sans qu'une quelconque lassitude puisse s'installer. Bien que ces défauts m'empêchent d'être convaincu, ce n'est pas un ratage complet, mais plutôt une réussite mitigée. Une petite histoire simple, touchante, avec une mention spéciale pour l'actrice principale, fine et juste dans son interprétation.

Au final, cette oeuvre n'aura presque rien apporté à son spectateur, si ce n'est un agréable moment que je trouve pour ma part, facilement dispensable. A éviter à tout prix pour ceux qui n'ont encore jamais eu l'occasion d'approcher la filmographie d'Alexandre Sokourov. Pour démarrer du bon pied, il vaudrait mieux essayer "Elegie de la Traversée" dont je vous joins le lien direct vers ma critique, poursuivre pourquoi pas par "Mère et Fils", par "Elegie Orientale", puis éventuellement par "Moloch".

http://www.senscritique.com/film/Elegie_de_la_traversee/critique/32190239
TheStalker

Écrit par

Critique lue 539 fois

2

D'autres avis sur Alexandra

Alexandra
lambertine
10

Babouchka

La vieille dame et la guerreJ'ai connu le réalisateur russe Alexandre Sokourov il y a quelques années avec L'Arche Russe, plongée onirique, en un seul plan-séquence, au sein du musée de l'Ermitage de...

le 21 juil. 2022

5 j'aime

1

Alexandra
batman1985
7

Critique de Alexandra par batman1985

Le cinéma russe à travers les époques m'a toujours intéressé. Allez savoir pourquoi. D'Eisenstein en passant par le génie Tarkovski ou l'incroyable Klimov, je m'attaque désormais à un contemporain de...

le 6 mai 2011

4 j'aime

5

Alexandra
E_Doq
9

Une oeuvre très forte magnifiquement réalisé

"Alexandra" ou comment montrer les méfaits et les atrocités de la guerre sans filmer une scène de combat. Le grand Tarkovski avait désigné, avant sa mort, Sokourov comme son digne successeur, et...

le 22 déc. 2016

2 j'aime

Du même critique

Le Fossoyeur de films
TheStalker
7

Il creuse, il creuse et comble un vide ...

Bonjour à tous ! Ici TheStalker et aujourd'hui j'ai déterré pour vous un sujet qui nous concerne tous, ô sens critiqueurs et internautes de tout horizons : Nous allons parler d'un des plus...

le 21 mai 2014

41 j'aime

10

Her
TheStalker
10

La magie de l'émotion.

Ouahh !! Que dire ? Si ce n'est que je viens tout juste de vivre ma plus belle expérience dans une salle obscure. Le jour des mes 16 ans, j'ai eu la chance de contempler la petite merveille du...

le 22 mars 2014

34 j'aime

5

La Haine
TheStalker
8

La banlieue c'est pas rose, la banlieue c'est morose ...

"La Haine" est un excellent film d'auteur français réalisé et sorti en 1995 par Matthieu Kassovitz. Pour son 2ème long-métrage, le cinéaste va observer et scruter un microcosme assez peu représenté...

le 15 mars 2014

26 j'aime

10