Première demi-heure, j'y ai cru fort pourtant. Prokofiev s'élance, épique. La mise en scène créatrice de potentiels blockbusteriens, péplumiens et aventuresques impose sa majestueuse présence, Alexandre aussi. Les personnages sont bien présentés sous l'aspect "film de commande du parti". Petite apparition sympa des Mongols suivie de la présentation des Teutons. Là, c'est Conan le Barbare limite. Les chevaliers teutoniques savaient ce que c'était d'en imposer. On visite Skov.., Svokp, pswoc, ... Bref, on découvre une ville aux aboies, des riches qui ne sont que de sales traîtres, et un prêtre au faciès équivoque de vilenie. Il ne manque plus que l'arrivée d'Alexandre le Sauveur pour combattre l'invasion Teutonne. ça commence très bien.

Et la bataille s'engage...

Non mais là c'est Pinder limite. Cinquante minutes carrément, d'un concours de lever / baisser sa lame en sortant une réplique patriotique dans la mêlée. La frénésie du montage couplée à la frénésie des chevaux, la frénésie des figurants accélérés et leur propre frénésie de faire semblant de se taper dessus, le tout sur un Prokofiev qui part en vrille cosaque frénétique. C'est juste pas possible. Et alors le plan où tous les cavaliers tombent dans l'eau juste au bord quand le polystyrène pète, mort de rire carrément. Et la nana toute mignonne d'1m40 qui finit par s'en aller à l'horizon en supportant toute seule ses deux gros costauds amoureux, les Obelix et Asterix Russe...

Bon, ben là normalement, un Shaw Brothers aurait eu la décence de finir sur ce plan final... Non là, on va t'en remettre une bonne couche. Entrée triomphante dans la ville, Allemands grimaçants défaits, honneur aux deux soldats courageux qui heureusement ont bien gagné tous les deux leur jolie fille, très importante qu'elle soit jolie, moche c'est pas cool, ça c'est sympa... Et mort aux Russes qui trahissent la patrie !

Trop de contrôles dans ce film, trop de mécaniques. Une mécanique qui compte cinématographiquement, extrêmement solide et belle par bons moments étincelants, mais aussi ridiculement rigide et archaïque le reste du temps. Et je ne parle pas de la propagande omniprésente.
drélium
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le 1 mars 2012

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drélium

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