Pas facile d’être black au beau milieu des années 60, qui plus est aux États-Unis en pleine période de la contestation. Mais être champion du monde de boxe des poids lourds, ça dissuade quand même un peu les méchants blancs de s’en prendre à vous. Tel est le destin de Cassius Clay (Will Smith), un homme d’exception à plusieurs titres (mondiaux).


Le film dont Michael Mann nous fait ici cadeau prend le train de la vie de Clay en marche, en 1964 exactement. Le jeune boxeur commence à se faire un nom et ce soir, l’occasion lui est offerte de s’emparer de la ceinture du champion du monde des lourds. Une occasion que Cassius ne laisse pas passer : après quelques douzaines de gauches et une floppée de droits, il envoie Sonny Liston au tapis. Le début de la gloire : la célébrité et l’argent se font alors ses meilleurs compagnons. Clay démontre très vite sa capacité à fanfaronner face aux media, il est ce qu’on appelle communément une “grande gueule”. Le problème pour ses adversaires, c’est qu’il assure toujours derrière...


Alors voilà notre boxeur plein aux as, en couverture de tous les magazines, entourées par plein de femmes, qui mène sa petite vie pépère avec sa famille, les managers plus ou moins sans scrupules, et son grand copain Malcom X. Bien vite il parvient à l’illumination : sa voie est d’être musulman. Aussitôt dit, aussitôt fait : le voilà qui prend le nom de Mohammed Ali.


Divers événements sans importance s’ensuivent : l’assassinat de Malcom X, son refus d’aller faire la guerre dans les rizières d’un pays nommé Vietnam (il échappe de peu à cinq ans de taule), sa défaite contre Joe Frazier, la séparation d’avec sa femme. Puis, le temps de se refaire une petite santé, de latter quelques boxeurs de seconde zone, Ali a déjà 30 ans bien tassés. Il est en fin de course. Le milieu de la boxe et la presse ne donnent plus cher de sa peau...


Car Ali va s’envoler au Soudan pour y défier l’étoile montante du pugilat, le redoutable George Foreman qui n’a pas laissé une chance à Frazier ! Mais lui continue à l’ouvrir devant les micros, à clamer haut et fort que Foreman boxe comme une momie et qu’il va lui boîter sa petite tête en deux-deux. Don King, le nouveau magnat de la boxe qui organise la rencontre, est dubitatif. Mais Ali, c’est pas une tafiole ; et en plus il est porté par tout un peuple, que dis-je, par l’Afrique entière qui hurle à s’en défracter les poumons “Ali, bumayé !” (ce qui signifie “tue-le !”).


L’issue du combat est incertaine pendant longtemps : durant les 7 ou 8 premiers rounds, Ali ne fait que prendre des coups, il n’arrive pas à s’écarter des cordes et subit. Mais voilà, le vieux lion rugit d’orgueil et pour finir, explose Foreman en trois droites bien placées. Il l’a “bumayé”.


Et le film finit comme ça.


On aime : les scènes de boxe, filmées avec moult ralentis, des caméras à l’épaule, des longs plans sur les pieds d’Ali qui semble danser sur le ring telle une ballerine en tutu, des giclées de sueur qui partent des visages après les coups, etc.
Les séquences carte-postale : notamment quand Ali s’entraîne en Afrique avant le dernier combat, on le voit courir pendant 10 minutes dans les rues de Kinshasa entouré de dizaines de petits enfants, sur une musique adaptée à la situation...


On aime moins : le reste du film, qui n'est quand même pas bien terrible.

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le 24 févr. 2016

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The Maz

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