Une rencontre ratée entre Tim Burton et Lewis Carroll
Ce film n'est pas l'adaptation du roman de Lewis Carroll, mais s'impose comme une suite à celui-ci et au dessin animé de Disney.
En voyant les différentes bandes annonces, je redoutais ce film. Il me semblait beau mais j'avais peur d'un scénario faiblard et/ou trahissant l'oeuvre originale. Car il faut bien l'avouer, cela fait peur de voir la Reine Blanche clamer que Alice est un Héros en armure...
Cela fait presque une semaine que j'ai été voir le film en VO et en 3D. Alors pour parler de la 3D : je trouve ça aberrant que les salles de cinéma en profitent pour nous faire payer 3€ de plus pour louer les lunettes. Qui dit louer, dit rendre les lunettes à la sortie. Je vous laisse faire le compte au bout de plusieurs mois de projection en 3D... Ils s'en mettent pleins les poches. Donc merci bien de nous prendre encore une fois pour des vaches à lait...
Mais pour en revenir au film en lui-même, je trouve que techniquement la 3D est très belle, ça rend bien. Mais ce n'était pas vraiment utile et donne surtout l'impression de vouloir étayer des prouesses techniques. Des prouesses techniques qui font mal aux yeux en plus... Je suis ressortie de la salle avec les yeux qui me brûlaient.
Bref, c'est jolie, pas forcément utile (à part sur certaines scènes) et ça fait mal. N'ayant pas vu Avatar je n'ai pas de point de comparaison, mais plusieurs personnes m'ont dit que la 3D est meilleure dans Alice au Pays des Merveilles que dans Avatar. Je veux bien le croire. Mais on aurait très bien pu percevoir toute la folie et les couleurs de ce monde merveilleux sans. J'attends de voir si la version sans 3D provoque 'un manque' de ce côté. Donc avis mitigé sur le côté technique.
Concernant le scénario on ressent très bien le voyage initiatique d'Alice dans le Pays des Merveilles, peut être même plus que dans l'oeuvre originale. Ce qui rend le film très prévisible et linéaire. Néanmoins on ne s'ennuie pas pour autant, juste que cela rend le film terriblement lisse... et surtout terriblement... Disney.
Pour son Alice au Pays des Merveilles Burton a dû s'assagir et laisser de côté la folie et le sombre au profit d'un monde et d'un scénario plus conventionnel.
Résultat, nous avons un visuel très Burtonien avec un scénario très « Disneyien »... limite moraliste.
Autre ombre au tableau : les acteurs. Autant avant de voir le film j'avais peur du choix de l'actrice jouant Alice, mais au final elle était pas mal du tout, même si au départ, avant d'entrer dans le monde fantastique de son enfance, elle a eu tendance à m'énerver.
La reine rouge incarnée par une Helena Bonham Carter est toujours aussi excellente et hilarante.
Et la reine blanche, complètement décalée, est très réussite, et m'a fait sourire, voire rire.
Non... l'acteur qui m'a le plus déçue est Johnny Depp. J'ai l'impression qu'il nous ressert sans cesse la même sauce... Notre chapelier est très présent en nombre de minutes dans le film... On centre pas mal sûr lui, mais malheureusement Johnny Depp n'a pas de présence... il ne crève pas l'écran. Il nous manque quelque chose. Je ne saurai pas vraiment dire quoi. Les rôles un peu fous et farfelus lui sied, je pensais que le chapelier lui irait comme un gant, mais il y a un je ne sais quoi qui fait que notre cher acteur était en deçà de ses possibilités. Et surtout des possibilités que pouvaient lui offrir ce rôle. La faute en incombe peut être aussi au scénario...
Un scénario qui sous entend en plus des sentiments amoureux entre le chapelier et Alice... (à moins que je sois la seule à avoir vu une pseudo romance). Cette relation est plutôt superflue, et certainement due au fait que ça soit justement le 'beau' Johnny Depp qui incarne notre fou de service.
Ce film est une réelle claque visuelle (qui avait envie comme moi de serrer le chat de Cheshire dans ses bras ?), mais au scénario très convenu, très familial. Un scénario qui n'est ni bon ni mauvais, juste un peu trop classique et pas assez Burton, pas assez Lewis Carroll non plus, d'ailleurs. Nous y avons perdu toute la poésie et la logique du récit original.
Certes le travail d'appropriation d'une oeuvre aussi immuable était difficile, mais je suis sûre que le réel univers de Burton pouvait très bien s'adapter avec celui de Lewis Carroll.
Pour moi, ce film est une rencontre ratée de ces deux univers.
Saluons donc le travail de direction artistique du réalisateur, le travail sur les visuels et le maquillage mais espérons que ses prochaines oeuvres relèveront la note, car Alice au Pays des Merveilles, loin d'être un mauvais film (on a quand même passé un bon moment de divertissement), fait pâle figure (un peu comme celle du chapelier) dans la filmographie de Tim Burton.