Messe Noire
Slasher pré-"Halloween" tombé dans un oubli quasi-total, "Alice Sweet Alice" (aussi connu sous une pléiade d'autres titres) est un film assez étrange. Il n'est ni expérimental ni unique en son genre,...
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le 20 août 2014
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Une remise en contexte d’abord s’impose. Présenté comme un slasher, le film a été tourné avant La Nuit des Masques et il est donc plutôt un précurseur qu’un suiveur. Passé quasiment inaperçu lors de sa sortie en salles aux États-Unis puis en France (en 1984 quand, justement, on était en pleine vague slasher), il a surtout acquis une petite notoriété dans les vidéoclubs. Insuffisant cependant pour rendre tout à fait justice à ce film bien malsain comme on aimait en tourner dans les années 1970. Avec ses personnages tourmentés ou insaisissables, Alice sweet Alice frappe juste. Une gamine dérangée aux tendances perverses, une tante hystérique, un obèse reclus chez lui aux tendances pédophiles, une mère trop aimante pour y voir clair, une cousine étrange, un père absent, un monseigneur gâteux, un prêtre trop propre sur lui et une bonne du curée obsédée par l’ordre et la rigueur. Soit une belle galerie de personnages et autant de suspects dans un quartier où un tueur en ciré jaune et un masque d’enfant joue du couteau de cuisine. On se croirait, en réalité, dans un giallo, le refus de l’esthétisme en prime pour mettre en évidence un univers encore plus décrépi.
Porté par la musique obsessionnelle signée Stephen Lawrence qui évoque à bien des égards certaines partitions de Bernard Hermann et, notamment, celle de Psychose, le film a cette grande capacité à créer une ambiance dérangeante et malsaine qui pointe du doigt la société américaine du début des années 1960 (avant donc la mort de Kennedy et des désillusions qui s’en suivront), n’hésitant pas à s’attaquer frontalement à la religion. Avec ses acteurs tous inconnus (sauf Brooke Shields qui était encore une toute jeune fille) mais franchement très bons, sa photographie bien granuleuse dans des espaces à moitié à l’abandon, le résultat est d’autant plus saisissant même s’il ne faut pas s’attendre au grand frisson. En dépit de quelques crimes bien sanglants (notamment dans le final sacrément gratiné), on a surtout à faire à un film d’atmosphère d’une belle efficacité.
Mais il ne se réduit pas non plus à cela. Le scénario, tordu à souhait, tient parfaitement la route même si quelques personnages sont parfois délaissés. Longtemps présenté comme un whodunit, la révélation de l’identité de l’assassin avant le dernier acte surprend le spectateur et donne une autre direction au film. Une direction bien maîtrisée qui permet de s’attarder sur la folie du meurtrier tout en maintenant un regard suspicieux sur les autres personnages. C’est, d’ailleurs, tout le sens du final qui a le bon goût d’en remettre une belle louche. Alors, certes, le film accuse un peu le poids des ans et c’est normal, mais il demeure hautement recommandable pour les amateurs de films dérangés des années 1970.
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le 15 août 2025
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