J'avais plutôt apprécié Prometheus, dans son ambiance nouvelle et réussie, l'ambition qu'il portait et les nouvelles pistes qu'il nous promettait d'explorer.
Covenant, qui se veut être sa suite direct, souffre pour moi d'un trop gros tiraillement de son réalisateur entre la volonté de poursuivre son intention (trop ?) ambitieuse née avec le film Prometheus, et la volonté de reconquérir des fans, déçus de ces fameuses idées nouvelles.


Le film est techniquement impeccable, et nous retrouverons l'ambiance particulière et réussie de précédent opus. Mais c'est dans l'écriture que se dressent certaines choses qui personnellement m'ont déplu.


Dès le début, les premières scènes ne sont pas sans rappeler le premier Alien (sortie du sommeil artificiel, découverte d'une planète, l'équipage se pose, etc...), non seulement cela sent la tentative de renouer un lien avec les ex-fan déçus de la tournure qu'a prit la saga, mais aussi nous avons le début de ce qui est pour moi un des problèmes du film.


Là où Alien, le huitième passager se contentait de peu mais avec une redoutable efficacité, le tout en étant novateur, nous avons ici la copie presque conforme de la même situation initiale. Seulement, ce n'est plus novateur, l'économie de moyens au service de la mise en scène est remplacée par du spectaculaire et surtout nous avons : l'équipage.
Nous avons la même situation que l'équipage du tout premier Alien, à la différence que là où le premier nous les caractérisait tous, nous permettant de tous les différencier et de les apprécier indépendamment, Covenant, lui, nous offre une panoplie de personnages pour la plupart remplaçables, peu marquants, et peu attachants car trop naïfs ou juste n'alignant jamais un sujet+verbe+complément dans une seule phrase, ils ne sont, pour la plupart, définis que par la relation amoureuse qu'ils entretiennent avec un autre membre de l'équipage.


Mention spéciale à James Franco, sans doute acteur du film valant le plus cher à la minute, qui nous apparait 2s en cagoule, et 4s en photo durant la totalité de l'oeuvre. Ce n'est pas vraiment un point négatif en soi, c'est juste plutôt drôle.


Autre chose m'ayant dérangé dans le film, nombre de situations et de dialogues peu voire pas intéressants. Tout est dit et expliqué dans des dialogues quelques fois carrément insipides, rien n'est sous-entendu, aucune place à l'interprétation, ou à la nécessité d'avoir l’œil attentif et le cerveau qui tourne plein régime. Les personnages nous précisent bien explicitement tout ce que l'on a besoin de savoir, et ça pour moi, c'est un défaut.


J'aimerais également communiquer mon ressenti sur l'apparition de l'Alien en quelques phrases :


Dans le premier, c'est le fait de ne pas voir l'alien qui créer le stress, c'est une entité puissante, mystérieuse, et furtive, un cauchemar en somme.
Dans Covenant, nous le découvrons pour la première fois en plein milieu d'une salle blanche éclairée par des néons, debout, face caméra, en train de faire AH-GROU-GROU d'un air menaçant et avec des fx plutôt mal faits, ou du moins qui ne tarderont pas à être dépassés. Pour moi son entrée est ratée, ou en tout cas pas marquante, même si en soi la scène est réussie et la tension présente, notamment parce-que nous avons en parallèle la pilote en panique qui cherche à tout prix du soutien. Cette scène est globalement une des plus réussies du film malgré ma mauvaise foi.


Sinon, nous avons aussi Michael Fassbender, véritable héros principal de ce film qui occupe l'écran à base de longues conversations intellectuelles, un peu trop à mon sens, au point que ça en devienne véritablement lourd. D'ailleurs ses motivations, bien "qu'expliquées", restent cependant peu claires.


Autre chose qui, je le vois, a été beaucoup reproché au film, est sa cohérence.
Globalement j'apprécie la volonté de Ridley Scott de vouloir approfondir la mythologie, les origines et l'évolution de la race Alien. Et c'est vrai que nombre de facilités et d'incohérences scénaristiques viennent hélas entacher un projet plutôt alléchant de base, mais qui ne répond pas vraiment aux questions auquel on nous avait promis des réponses, ou y répond mal.
Par exemple, il est dérangeant de voir des personnes ayant la responsabilité de 2000 personnes prendre des risques inconsidérés et totalement idiots, et réagir de manière idiote à chaque imprévue malgré le fait qu'ils sont censés être formés pour les situations d'urgence (ils ne portent même pas de casque sur une planète inconnue, c'est dire le taux d'amateurisme !).
Et puis lorsqu'on arrive sur une planète avec une race inconnue destructrice, une civilisation perdue, et un survivant étrange, je ne pense pas que le premier réflexe soit de faire un feu et d'aller prendre une douche en toute quiétude. Je l'ai déjà dit mais la façon d'agir des personnages n'est pas très vraisemblable ni cohérente, et cela ne facilite pas l'empathie à leur égard.


Une petite remarque également sur la communication qui s'est faite autour du film.
Non, ce film n'est pas un film retour aux sources de la saga, angoissant et claustrophobique comme avait l'air de nous le vendre Ridley Scott lui-même durant des interviews. L'Alien y est même plutôt au second plan, et seules quelques scènes gores dans le films feront office de légitimer l'étiquette "horreur" de Covenant.


Si j'ai mis cette note au film, c'est parce que je soutiens l'idée et l'ambition qu'a voulu accomplir Ridley Scott à travers Prometheus et Covenant, mais si je ne lui met pas plus, c'est que le film en lui-même, malgré une technique et une réalisation de qualité (comme d'habitude avec le bonhomme vous me direz), est rempli de défauts, notamment dans l'écriture, qui pour moi en font un film moyen typique des blockbusters habituels sur pas mal de points. Nous avons un début déjà-vu mais porteur d'espoir, une désillusion suivi de quelques éclairs de génie au milieu d'un océan insipide, et une fin prévisible avec un faux-retournement de situation.

Arkuden
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le 13 mai 2017

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Nicolas D

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