Dans l'espace, personne ne lira votre critique

Critique avec spoilers.

Qu'est-ce que j'ai pu attendre cet opus ! J'ai été l'un des rares à aimer Prometheus au point de guetter la moindre info sortant les semaines, mois et années après à propos de la suite (qui avait comme nom Paradise à l'époque, puisque le Paradis était le nom donné à la planète des Engineers, là où se rend d'un pas décidé le Dr Shaw à la fin de Prometheus).

Donc oui, revoir les Engineers, découvrir le bout manquant entre Prometheus et Alien premier du nom, ça me hypait de ouf comme disent les jeunes. (j'ai 22 ans).

Mais dès l'instant où le nom "Alien Covenant" fût dévoilé, j'ai su. J'ai su alors que ma soif n'allait pas être étanchée. C'est la suite directe de Prometheus, mais c'est le beau, voir même magnifique et culte xénomorphe qui volera la vedette. C'est un Alien que vous regardez, pas un Prometheus.
Et donc il y a du bon et du moins bon, parceque dans son infinie bonté, Scott nous livre donc la tant attendue suite des évènements après l'arrivée du Dr Shaw sur Paradise. D'abord par un flash-back, puis par petits bouts d'indices disséminés çà et là dans le film sur lesquels tombent les infortunés membres de l'équipage du Covenant. La partie la plus intéressante de Prometheus se retrouve réduite à sa plus simple expression. Elizabeth Shaw aura-t-elle eu sa conversation avec les Engineers? Oui... non... peut-être bien? Le film ne le dit pas. Et si ça vous intéressait... eh bah tenez regardez plutôt notre beau xénomorphe faire du ju-jitsu dans la cambrousse! (véridique)

La première partie du film est très bonne, très prenante. Une bonne tension, des enjeux mis en branle, une intrigue qui se dessine... J'ai beaucoup apprécié.
Les membres de l'équipage du Covenant tombent les uns après les autres d'une vitesse affolante, le premier décède littéralement au bout de cinq minutes de film, et si sur le plan suivant vous appréciez l'ambiance "tout le monde sur le pont" avec ces nombreux membres d'équipages s'affairant dans le vaisseau, se marchant sur les pieds, vous allez vite être déçu. Avec un ratio d'un accident toutes les 5 minutes, mieux vaut ne pas trop s'attacher aux personnages.
Et Scott nous facilite la vie puisqu'il est difficile de vraiment s’intéresser à eux; de la très tristounette Daniels (jouée par Katerine Waterson que j'apprécie énormément pourtant) au méchant commandant Oram joué par Billy Crudup, en passant par la gentille technicienne Upworth interprétée par pas-Kristen Stewart (sans blague j'ai vraiment cru que c'était Kristen pendant une heure et demie de film).
Le seul qui arrive à tirer son épingle du jeu c'est Michael Fassbender puissance 2 , puisqu'il jouera le très tranquille robot Walter du Covenant et le très pas tranquille robot David du Prometheus qu'on trouve un plaisir coupable à revoir ici. Ce dernier, dans sa quête perpétuelle de création se retrouve bloqué lorsqu'il n'a plus moyen d'incuber une nouvelle lignée d'Aliens, et décide se servir de l'arrivage de viande fraîche, fraîchement débarquée sur Paradise.
Du coup c'est sanglant, ça détruit de la chair, ça part en effusion de sang et en cage thoracique et colonne vertébrale explosée. Et à côté de ça donc, la quête philosophique de David. C'est un peu comme l'eau et l'huile, ça objectivement, ça se mélange pas FRANCHEMENT très bien. Même si moi j'avoue avoir trouvé un certain intérêt là-dedans, et ce depuis Prometheus. David est viscéralement obnubilé par le fait de créer, il sait qui sont ses créateurs et comme Elizabeth Shaw dans le film précédent, il en est particulièrement déçu. Il est animé d'une volonté sans fin de faire mieux que l'Humanité et même des Engineers eux-mêmes. Et cette volonté couplée à son intelligence, ainsi qu'au temps passé seul sur Paradise à faire des expérimentations, donnera un effroyable bain de sang qu'il ne regrettera pas un seul instant, sacrifiant même son amie Shaw pour parvenir à ses fins (j'aurais d'ailleurs bien aimé un éclaircissement par le film à ce sujet, comment s'est passé la mort de Shaw? Regrette-t-il vraiment de s'être servi d'elle ou bien était-ce un accident?).

Outre ces aspects, la bande originale utilise quelques thèmes sublimes de Prometheus à certains moments, quant à d'autres on peut entendre des compositions très old-school accompagnant les scènes de tensions ou de suspens dans l'espace, qui rappellent les premiers épisodes de la saga. Ce renvoi aux origines mêmes dans la musique est agréable, puisqu'Alien ce n'est pas seulement le xénomorphe et la coupe de Ripley. À part ça la musique n'a rien de mémorable, pas de quoi écouter en boucle sur Spotify.

Enfin, quid de ce Prometheus 2-Alien 0? Disons qu'en termes de continuité avec l'épisode précédent, peut mieux faire. Scott signe un film qui donne l'impression qu'il n'assume plus ce qu'il avait imaginé avec les Space Jockey et les Engineers, reléguant ces questions au second voir au troisième plan. Il veut que l'attention se focalise sur David et ses expérimentations. Il sait que nous attendons de voir que ses pérégrinations nous mènent à la planète du Huitième Passager et c'est sûrement là que nous irons dans le prochain film de la saga (s’il voit le jour, puisque la suite de Covenant prend le même chemin que la suite de Prometheus à l'époque, c'est-à-dire qu'elle est annulée pour l'instant, mais le projet reprendra sûrement vie dans quelques années, enfin si Disney-Fox le permet. Et j’espère, car je ne peux pas vivre dans un monde où Alien n’existe plus.).

Covenant est un bon film, avec les plus beaux et plus souples xénomorphes jamais vus à l'écran (je n'ai rien contre l'animatronique, mais... tout de même.)

En vrac, j'ai aimé

● Katherine Waterston (qui fait ce qu'elle peut avec ce qu'elle a)
● Le retour de David (qui comblerait le trou entre Prometheus et Covenant si il n'était pas là?)
● Les magnifiques xénomorphes en CGI 2017 (et autres Face-hugger)
● Le peu de Prometheus dans Covenant
● Certaines compositions de la BO
● On apprécie de voir qu'une happy end n'est pas absolument nécessaire.

J'ai moins aimé

● Le personnage de Billy Crudup, Oram (il fallait bien un connard stupide dans l'équipe et c'est tombé sur toi)
● Le manque de jugeote de 90% de l'équipe (les 10% restants étant le reste de l'équipage qu'on n’entend pas beaucoup donc comment savoir s'ils sont stupides eux aussi?)
● Le commandant c'est toi! Maintenant c'est toi! Maintenant c'est moi! Après ça sera elle! Puis...
● Certaines incohérences (David qui n'était plus qu'une tête dans Prometheus, comment Shaw a pu le réparer? Et dans le temple des Engineers de Prometheus on voit clairement une reine xénomorphe et d'autres xénomorphes sur une fresque, comment est-ce possible puisque c'est David qui les conçois bien plus tard?...)
● Certaines scènes sentent le réchauffé (et je ne parle pas de la première mort du film)
● D'ailleurs merci à James Franco d'être passé!