Mais qui installe un système d'auto-destruction sur son vaisseau ???

J'ai revu le 1er Alien dernièrement, le chef-d’œuvre incontestable de Ridley Scott. Et ben finalement, pas si incontestable que ça.

Alien fait parti de ces films considérés comme ultra-cultes par le plus grand nombre, que ce soit le grand public ou les cinéphiles, dont on refuse souvent de voir tous les défauts comme si leur statut de chef-d’œuvre interdisait toute critique. Et les défauts sont nombreux ici.

Tout d'abord je précise que ce statut de film culte est à mon avis amplement mérité. Alien fait partie des influences capitales de tous les films de science-fiction depuis 40 ans. Pas autant qu'un Star Wars ou qu'un Blade Runner peut-être, mais pas loin derrière. Il y a plus de différences formelles entre ce film de 1979 et des films de SF d'à peine 10 ans de moins sortis dans les années 60, qu'entre ce film et les films de SF sortis plus de 40 ans après dans les années 2020 !

Cette approche montrant un univers ultra-réaliste, sale et peuplé de gens ordinaires était l'antithèse des œuvres de SF avec un univers aux couleurs enfantines, propre et uniquement peuplés par des scientifiques ou des militaires.

Ceci étant dit, venons-en aux défauts.

Commençons par la fin. Cela ne m'était jamais venu à l'esprit, mais qui installe un système d'autodestruction sur son vaisseau ??? C'est complètement aberrant !! Imaginez un seul instant qu'un gars propose d'installer un système d'autodestruction sur les avions de lignes ou sur les super-tanker qui transportent les marchandises ! Ou un système d'auto-destruction sur les sous-marins ou sur les portes-avions ! Voire sur la station internationale.

Même ailleurs en SF ça paraitrait complètement absurde. J'image la tête de Han Solo et de Chewbaca si quelqu'un leur demandait où le système d'auto-destruction du Faucon millenium.

Non, dès qu'on y réfléchit , on ne peut que voir l'existence de ce système d'auto-destruction comme une facilité scénaristique hallucinante.

Un des autres gros défauts du film est paradoxalement aussi l'une de ses grosses qualités : la mise en place de son ambiance.

L'ambiance d'Alien est clairement ce qui fait sa force. Tous ces plans d'un beauté magnifique qui montre un vaisseau qui semble fonctionnel et donc semble réellement exister. Ce sentiment d'oppression et d'abandon au milieu de ces machines gigantesques. Ces personnages ordinaires, simples employés, qui ont des conversations de personnages ordinaires. On sent d'ailleurs aussi dans ces conversations que, politiquement, l'époque a changé. Ici les personnages parlent de leur condition sociale. Les revendications sociétales n'avaient pas encore pris la place des revendications sociales chez les auteurs de gauche à cette époque. Ainsi par exemple, le personnage de Parker, qui est afro-américain, est présenté comme un personnage de râleur. Mais on ne l'entend jamais râler sur le racisme dont il serait victime de la part de la compagnie, non, il râle à cause de ses conditions de travail et de sa faible rémunération ! C'était ça la vraie gauche. (aujourd'hui, tant qu'une entreprise respecte la morale sociétale, elle peut bien faire travailler ses employés comme des esclaves en les payant avec des clopinettes, elle ne sera jamais embêtée par la gauche pour ça (PS : c'était la partie polémique de ma critique))

Le problème, c'est qu'installer une bonne ambiance, ça prend du temps. Et là, ça prend trop de temps. Alien reste un slasher, un slasher dans l'espace mais un slasher quand même. Et quand on le regarde on veut voir du slasher. Et en réalité, dans le 1er Alien, le début des massacres commence seulement dans le dernier tiers du film. Pendant plus de la moitié du film, il ne se passe quasiment rien, c'est seulement l'ambiance qui se met en place. Ça passe la première fois qu'on voit le film, mais dès qu'on le revoit une seconde fois et donc qu'on connait déjà cette ambiance, et ben on se fait très vite scier. Et du coup on passe les 2/3 du film à s'ennuyer ferme en attendant que commence enfin l'action.

Enfin il y a tous les petits défauts plus habituels mais finalement moins gênant. Avec les défauts habituels des slashers : les personnages qui agissent en dépit du bon sens ou qui se séparent toujours pour être tués un par un.

Il y a aussi le costume de l'alien : alors au niveau de la tête de l'alien, ok c'est révolutionnaire et fascinant, voire sexuellement troublant, bravo Giger ! Mais bon, à part la tête, dès qu'il y a un plan large on voit que c'est un type dans un costume cheap qui agite les bras. C'est très mal fait. Heureusement que Ridley Scott limite autant que possible ces plans large de l'alien car c'est une catastrophe.

En résumé Alien est bien un grand film. Mais disons qu'il fait partie de ces grands films qu'il faut regarder avec pas mal d'indulgence.