Alienator
3.7
Alienator

Film de Fred Olen Ray (1990)

Alienator … Tout un programme rien qu’avec ce titre mélangeant allégrement Alien et Terminator. Ah bah quand on n’a pas de pognon, on essaie d’avoir des idées, même si elles sont pompées sur les autres. Pourtant ce film n’a au final rien à voir avec le Alien de Ridley Scott, ni même réellement avec Terminator de Cameron. Oui, tout cela est juste marketing afin de donner envie, à l’époque, à l’ado boutonneux friand de science-fiction de louer dans son vidéoclub préféré cette magnifique bobine arborant fièrement sur sa jaquette une femme cyborg, tout du moins quelque chose qui s’en rapproche. Derrière ce nouveau chef d’œuvre du 7ème art, l’indécrottable Fred Olen Ray. L’homme à l’impressionnante filmographie composée, à l’heure où j’écris ces lignes, de 156 films de seconde voire troisième ou quatrième zone. Super Ninja Bikini Babes, Tomb of the Werewolf, Masseuse 2 ou encore Scream Queen Hot Tub ne sont que quelques exemples de ravages que le bonhomme s’évertue encore et toujours à faire au cinéma. Mais on l’aime bien malgré tout notre cher Fred. Comment ça « non » ? En tout cas moi je l’aime bien. Son cinéma est rarement bon mais ses films sont souvent généreux. Parfois généreux en action. Parfois généreux en boobs. Souvent généreux en kitch. Et pour l’amateur de mauvais films sympathiques, sa filmographie est une mine d’or. Et donc je vais vous parler de Alienator. Parce que un film avec un tel titre, juste par principe, il fallait que je le voie.


Selon les dire de Fred Olen Ray, Alienator serait un remake du film de 1957 The Astounding She-Monster. Selon les gens qui l’ont vu, cela n’aurait pas grand-chose à voir. Une chose est sûre, c’est que Alienator est nul. Il est nul oui, mais il possède un gros atout, un très gros atout même, qui va l’empêcher de rentrer dans la catégorie dans bons gros navets bien puants, et ce même si cet atout va passer à l’action qu’à la moitié du film. Mais nous y reviendront plus tard car il est de bon ton de laisser planer le suspense ! Tout du moins pour les quelques courageux qui lisent encore ces lignes après avoir vu le titre du film …
Alienator c’est quoi ? Ça parle d’un pénitencier de l’espace, ou plutôt d’une maquette mal faite d’un pénitencier de l’espace issue d’un footage d’Alerte dans l’Espace (1970). Ce pénitencier est dirigé par le héros de Supercopter, Jean-Michael Vincent, qui passe son temps de présence à l’écran à faire la gueule, et son équipage aux tenues parfois étranges et aux moustaches bien aiguisées. Et dans ce pénitencier, on trouve les pires raclures que l’univers. Enfin deux raclures seulement à priori, parce qu’on n’avait pas le budget pour mettre trop de figurants. Alors que l’un d’eux, Kol, arborant fièrement sa combinaison molletonnée dans la même matière que les couvertures de survie, va bientôt être exécuté car c’est le sort qu’on réserve aux raclures de l’espace, ce dernier réussit à s’enfuir dans une maquette de vaisseau spatial après un échange de tirs de pistolets lasers façon Star Wars nous prouvant que, finalement, les Stormtroopers ne savaient pas si mal viser que ça. Quelques effets spéciaux en espace plus tard, et voilà que Kol se crache sur Terre. Et comme le cinéma est bien fait, lorsqu’il tombe rapidement sur une bande de jeunes écervelés ainsi qu’un garde-chasse, il parle la même langue qu’eux ! Elle n’est pas belle la vie ? Bref, et au bout d’un moment, les dirigeants de la prison de l’espace, qui sont du coup vraiment fâchés, vont envoyer leur meilleure arme sur Terre afin d’éradiquer l’ami Kol. Et cette arme, c’est l’Alienator, le fameux atout du film cité plus haut.


Comment pourrait-on définir l’Alienator… Imaginez une bodybuildeuse professionnelle se prenant parfois pour une actrice, Teagan Clive (Sinbad and the Seven Seas, Interzone), sorte de Xena la guerrière en string de plaque semblant sortir d’un concert de Catherine Lara, aux cuisses aussi larges qu’un torse d’homme, affublée d’un canon lowcost façon Cobra à son bras droit, et d’un soutien-gorge fabriqué à partir des casseroles que l’accessoiriste a trouvées dans sa cuisine. Si vous avez du mal à vous imaginer la chose, un coup d’œil aux captures d’écran illustrant cette chronique vous donnera un bien bel aperçu. Vous savez, c’est ce genre de personnage qui à lui seul fait grimper à son maximum le nanaromètre en une fraction de seconde dès qu’il apparait à l’écran. Dans le genre méchant kitchissime, on a rarement fait mieux. Heureusement que ce personnage est là pour nous amener quelques fous rires (lorsqu’elle fait ami-ami avec les animaux de la forêt par exemple) car à côté de ça, le reste est tout simplement mauvais.
Alienator est déjà très long à démarrer. Le film s’essaie à l’humour, avec le duo de chasseurs comiques pas du tout comiques et de manière générale, on assiste à un enchainement de scènes toutes plus pourries les unes que les autres. Ça parle, ça se perd dans des dialogues physico-philosophiques (« Il capte les électrons des pensées »), ça se balance des fions, ça drague parfois aussi, et sincèrement on s’ennuie royalement. Alors on attend patiemment les scènes d’action qui, même si elles sont pachydermiques au possible, ont au moins le mérite d’apporter un peu de rythme. Car oui, j’avoue que regarder Alienator sur la digestion, ce n’était pas la meilleure idée qui soit. Vas-y que je te dire dessus à découvert et sans bouger d’un iota ; vas-y que tu me tire dessus à découvert sans bouger d’un iota ; vas-y qu’on se rate dans la bonne humeur dans 99% des cas. Et en plus, après Evil toons du même réalisateur et son avalanche de boobs, on était en droit de s’attendre au même traitement ici. Que nenni ! Pas l’ombre d’un nichon, pas même un bout de téton, quelle honte !


Mais alors, si on enlève la fameuse Alienator, est-ce qu’on peut ranger ce bousin dans la catégorie des étrons intergalactiques ? Pas tout à fait heureusement ! Le film est « sauvé » (notez les guillemets) par ses fulgurances nanardes qui le ponctuent de manière régulière. Les effets spéciaux par exemple. Outre les SFX grattés à même la pellicule car ça ne coute pas cher, Fred Olen Ray nous ressort par deux fois le coup du « je mets un truc au premier plan pour faire croire que c’est gros par rapport aux acteurs qui semblent à côté mais qui sont en fait au second plan (ici, des gens qui sortent d’une maquette de vaisseau posé au sol juste devant la caméra donc). Parfois même, lorsque les protagonistes tirent avec leur pistolet laser, il y a bien le « piou piou » mais il manque le rayon censé approximativement sortir du canon. Les maquillages sont parmi les plus jemenfoutistes qu’on n’ait jamais vu. Outre l’effet gore au début (les insectes géants qui passent sous la peau) qui lui passe plutôt bien, les maquilleurs (s’il y en avait) se sont contentés de mettre un peu de noir autour du personnage de Kol et hop, ni vu ni connu, « il est beau notre extraterrestre ». Et que dire de ce combat au sabre laser en toute fin de film, sorti de nulle part, comme si ce n’était pas assez visible qu’ils avaient déjà pompé Star Wars jusque-là. Juste magique. Ô grand manitou du plagiat, merci !


Pas assez nanar pur jus pour être vraiment rangé dans cette catégorie, pas assez navet pour finir au rayon Etron moribonds, Alienator est un peu mi-figue mi-raisin. Le film est clairement nul, chiant même parfois, mais est sauvé par un « méchant » vraiment improbable et des fulgurances portnawesques.


Critique originale : ICI

cherycok
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le 17 avr. 2019

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