Hier c’était ciné dimanche sur TF1. Au programme ? Aline, le film de Valérie Lemercier, récompensée aux Césars pour son interprétation de la chanteuse. Mais alors, qu’est-ce que ça vaut vraiment ?
Le film est sorti en 2021, dans un contexte où les biopics sur les artistes musicaux se multipliaient déjà. La recette permet de ramener des gens en salle et de faire briller l’interprète dans son rôle. Tout ça à cause du phénomène Bohemian Rhapsody, qui continue encore aujourd’hui d’influencer les sorties ciné et les attentes du public. Sauf que cette fois-ci, c’est différent. On touche à Celine Dion, icône de la culture française et hitmaker à la voix céleste des années 90. De plus, la chanteuse est mystérieuse, réservée. Son histoire est touchante et remplie de points d’ombre, autant que de tragédies qui vont captiver, mais aussi toucher le spectateur…
Très vite, le film peut nous faire tiquer dans ses choix artistiques, avec par exemple le fait que Céline soit ici Aline. Ou encore que le visage de Valérie Lemercier soit posée sur Aline dès son enfance. Cela donne place à des scènes qui semblent bricolées, et à l’esthétique étrange. Compliqué donc de s’immerger dans le récit et de ne pas s’arrêter aux effets spéciaux. Y compris lors des passages chantés, où la voix semble synthétique. Toutefois, on commence à y croire : Aline grandie, son interprétation gagne est justesse. On se laisse emporter au sein du récit, et on s’attache à cette famille. À la mère, inspirante et comique. Au père, pudique mais rempli d’émotions. Puis le film déroule sa trame principale, à savoir l’histoire d’amour entre Aline et Guy Claude. Cet idylle n’a sous aucun prétexte pu prétendre gagner en légitimité, ni n’a pu acquérir une once de sympathie auprès de moi puisqu’à nouveau, je m’arrête au ressenti premier que j’éprouve : le rejet (voire le dégoût). En parallèle, d’autres éléments sont balayés, comme la carrière, qui en devient presque secondaire et même retravaillée avec certains titres qui ne sortent pas au bon moment. Mais il est important de rappeler qu’il s’agit ici d’une réinterprétation artistique de la vie de Céline, et non d’un documentaire. Pourtant, le métrage devient vite lassant tant il prend peu de risque et en reste à quelques séquences de rire et d’attendrissement. Il se voit donc enchaîner concerts et moments familiaux, paressant même les survoler à certains moments, en allant jusqu’à trahir le bon vieux fusil de Tchekhov qu’il a lui même mis en place. En effet, lorsque le père d’Aline décède, celle-ci l’apprend en plein concert, et s’effondre sur scène. Elle se remettra en scelle peu après, prétextant qu’il n’aurait pas aimé qu’elle annule le show. Et le film avance, sans même qu’on comprenne ce qu’elle ressent ou que le métrage ait l’intelligence de se servir de la pièce, lien symbolique entre père et fille. Idem pour Guy-Claude, l’unique amour d’Aline qui sera emporté par la maladie. On la voit vivre (brièvement) le deuil, mais on ne le ressent pas. Le film nous montre à défaut de pouvoir nous faire éprouver. Après ces quelques séquences, on voit finalement Aline interpréter Ordinaire dans une scène finale aseptisée, aux allures de A Star Is Born (sans en avoir l’ingrédient secret). Le film se clôt ainsi brutalement sur un générique qui défile à tout allure. Et nous, on a à peine le temps d’être vraiment déçus, peut être la seule émotion qu’aurait pu nous faire éprouver le film, avant d’encore une fois l’avorter. Résultat, pas grand chose à en tirer : My Heart Will Go On.