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Lene et Hans sont un couple qui traverse malgré eux, malgré tout, la seconde guerre mondiale. Une guerre qui marque par son avant et son après. Avant, ils se rapprochent surtout par leur non appartenance au parti nazi. Après, ils réalisent que ce pour quoi ils s'étaient accrochés, ce futur qu'ils avaient fantasmé n'est en fait que déconvenue. Entre temps, six années de dénuement, lui au front en Pologne et en France, elle à s'occuper de leur fille Anna, qui grandit dans le quotidien de la guerre.


Racontée par la voix de leur fille, l'histoire que nous raconte ce film donne un point de vue sur la guerre subversif, ironique, impensable presque. Contrepied terrible, qui fait de la guerre la garantie de l'indépendance de Lene. La guerre comme terreau de son émancipation, en tant que femme et en tant que mère.


L'évolution de Lene est extrêmement bien construite: une jeune fille qui se résout au devoir conjugal, par conformisme social, mais aussi par attrait pour un homme qui n'a pas rejoint le parti nazi. Puis une femme débrouillarde, traversant la guerre du haut de ses talons hauts noirs, fuyant les bombardements, négociant de la nourriture pour elle et sa fille. Une Mère Courage héroïque pour faire référence à une autre œuvre de Bertolt Brecht, dont un des poèmes donne son nom au film. Hans ne connaît que l'horreur des batailles et rentre du front horrifié et désabusé. Il est aussi devenu étranger à leur fille, Anna.

La longue scène du conte racontée par Lene à Anna dans la forêt est significative de la capacité de Lene à transformer le banal en magique et à faire de la guerre sa source de créativité, son carburant pour les faire tenir, elle et sa fille. Le drame personnel final, annoncé par la fin de la guerre et le retour de la vie conjugale, est subtilement annoncé tout au long du film. Le début et la fin se font écho, avec d'une part l'ouverture par le poème de Brecht et la manifestation tout à la fois personnifiée mais désincarnée de cette mère blafarde.


Filmé sans jugement, le film présente les absurdités, les cruautés et les crudités permises par la guerre, avant, pendant et après. Un point de vue unique et dérangeant sur l'échappatoire offerte par la guerre pour une femme, dont, le destin tragique est inspiré de la mère de la réalisatrice.

Nuwanda_dps
8
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le 22 oct. 2023

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Emilie Rosier

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