Satire ratée

Il y a parfois une sorte de défaut d'alignement entre l'orientation d'un film et la réception que l'on peut en avoir qui peut gâcher tout ou presque. "Alouettes, le fil à la patte" semble être un film important, terminé en 1969 mais censuré par le régime tchécoslovaque pendant 21 ans de par sa constitution profondément satirique. Mais dans son allégorie des régimes communistes d'Europe de l'Est dans les années qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale, je bloque presque totalement sur la dimension très abstraite de l'entreprise.

La comédie ne prend jamais. Le trait est un peu épais, et le support cinématographique me paraît très peu exploité. Une petite communauté censée représenter la bourgeoisie est réquisitionnée pour trier de la ferraille dans une immense décharge, non loin d'un camp de femmes qui ont tenté de fuir le pays. Le but de la manœuvre est bien sûr de l'ordre de la rééducation par le travail forcé, mais le ton s'éloigne tout de suite de la tragédie, comme il aurait pu naturellement être, pour évoluer dans les sphères de la comédie burlesque.

Tout l'humour repose grosso modo sur le refus des injonctions des autorités communistes, et sur les stéréotypes concentrés dans un petit groupe : un prof de philo, un saxophoniste, un cuisinier, un médecin, un menuisier, etc. Tous ont leur petite raison d'être ici, présentée en introduction : le saxophone classé "instrument bourgeois", le procureur qui a simplement voulu défendre un non-communiste, etc. Le tableau ainsi dressé se veut ubuesque, et il l'est très clairement, mais le sens de l'absurde développé ici m'a tenu tout le temps à distance. Impossible de m'intéresser véritablement à quoi que ce soit.