Franchement, pourquoi je m'inflige les chipmunks ? Je n'aime pas ça, je n'ai jamais aimé ça, et je ne suis plus le public depuis longtemps. Honnêtement, je ne sais pas. Mais bizarrement... l'obstination ça paie. Car ce dernier film de la saga moderne est clairement le meilleur, ce qui n'est pas bien compliqué on ne va pas se mentir.
Bon, on va essayer de structurer un peu tout ça. Pourquoi je n'aime pas les chipmunks, pourquoi ça volait pas très haut jusqu'ici, et pourquoi cette fois ça vole un peu plus haut (à peine hein by the way).
Je n'aime pas les chipmunks parce que je ne peux plus voir ce scénario vomi et revomi de "une mascotte atterrit chez des humains normaux et ils apprennent à vivre ensemble". Ca a dû être original à une époque. Une époque lointaine. Non parce que le marché des adaptations américaines de médias pour enfants en longs-métrages live, c'est presque exclusivement ça.
... et puis sérieusement. On a trois chipmunks qui parlent et leur principal sujet de conversation c'est Dave. Je ne sais pas si je saurais retranscrire l'étrangeté et le sentiment d'expulsion du film qui surgit à chaque fois que j'entends un des chipmunks dire "et au fait à propos de Dave". Vous êtes des créatures d'animation qui parlent, tout le monde l'accepte, et vous êtes même des superstars. Et votre vie c'est... Dave. Juste un random dude. C'est-à-dire que c'est tellement juste un MacGuffin humain qu'on pourrait le remplacer par absolument n'importe quoi, du Graal à la survie de l'espèce en passant par Dark Vador. Et au final c'est juste... Dave. Quand j'étais gosse, c'était précisément le genre d'intrigues que je détestais, parce que si on me dit que je vais voir des personnages cools faire des trucs cools, je veux pas voir Dave taper du pied, punir les chipmunks, trouver une copine, partir en vacances... Je veux des méchants haut en couleur, des aventures, des concerts, la vie de star. Pourquoi ne pas permettre aux gosses de rêver ? Pourquoi leur rappeler pendant la petite heure et demie de liberté permise par un film que quand il sera terminé il faudra aller se coucher parce que demain il y a école et que papa et maman ils sont fatigués parce qu'ils ont travaillé ? J'ai pas besoin d'un Dave dans mon putain de film maman, okay ? Je sais, t'y peux rien, mais bon. Quand même.
Bon et puis c'est des films vraiment médiocres, et je pense être assez gentil en disant ça. Il me reste peu de souvenirs du premier, mais le deuxième est une vraie purge dans un lycée américain (un peu le Dave des ados : tu dois te taper l'école toute la journée avec son cortège de cours et de rapports sociaux pas toujours évidents ? Reprends un petit supplément à la maison) et le troisième est une tentative un peu plus audacieuse à base d'île déserte et de trésors enfouis mais l'intrigue ne décolle jamais vraiment (interro surprise : paumé sur une île déserte, quel est ton sujet de conversation favori ? La survie, le dépaysement, les mystères de l'île ? Non. "Hey tu crois que Dave il va venir nous chercher ou il a refait sa vie dans la dernière demi-heure?" Envie de crever).
On rappellera aussi que tout le concept de base des chipmunks c'est qu'ils font des reprises de chansons en tous genres avec une voix très aigüe. Ca peut être mignon une fois, quand c'est bien introduit. Dans l'ensemble de la saga moderne, c'est random, à la limite peut-être un peu moins dans le dernier. T'as juste les chipmunks et les chipettes qui peuvent se mettre à chanter à n'importe quel moment, parfois au milieu d'une phrase, t'envoyant une attaque sonore non sollicitée directement dans le crâne. Le 2 était particulièrement terrible pour ça, sans rime ni raison, avec en sus des vocalises prêtes à dégainer à tout moment au cas où on essayait vraiment de rentrer dans le film et de se concentrer. Dur.
Pourtant, ce quatrième opus réussit parfois à décrocher un sourire, et même parfois un rire franc. C'est que l'humour est beaucoup mieux rythmé et un peu plus absurde. Même les moments musicaux bénéficient de plus de soin dans le montage et la mise en scène, donnant des scènes qui ne sont pas juste un prétexte pour mettre la voix des chipmunks mais des moments qu'un enfant avec de l'énergie à dépenser (et un début de surdité) saura investir. Ca prend pas de risque, ça balance des bangers à la Uptown Funk, mais c'est un peu ça le délire des chipmunks. Dave est toujours le putain de point focal de l'intrigue (Thanos dans le MCU c'est vraiment un loser à côté, je saurai que j'ai percé quand le monde parlera de moi comme les chipmunks parlent de Dave), mais plutôt que de le traiter essentiellement comme un dispositif narratif (ça reste cependant un peu le cas), il représente un enjeu thématique, à savoir construire une vraie famille avec les gens qu'on aime. Ca casse pas trois pattes à un canard, je l'ai dit, mais c'est déjà largement mieux que les précédents épisodes.
J'ai commis une critique interminable. Après ça reste une meilleure saga cinématographique que le MCU ou le DCEU. Fight me. Cela dit, un avertissement : vous avez peut-être un Hulk et un Superman, mais moi j'ai D A V E .