Visiblement être loin de Transformers réussit plutôt bien à Michael Bay. Il a pu faire pour Netflix Six Underground ou on retrouvait chez lui le plaisir de filmer avec son style, des films d’actions. Ambulance signe son retour sur le grand écran. C’est un remake d’un film danois du même nom et ce long-métrage nous permet de retrouver un cinéaste dont on a cru que son talent avait disparu en faisant les transformers.


J’ai tendance à avoir beaucoup de mal avec le cinéma de Michael Bay. Je me rappelle des moments bien trop pénibles lors de mes différents visionnages des deux premiers transformers. Je voyais un cinéaste incapable de raconter son histoire, obligeant de passer par un monologue qui nous explique tout. On a tendance à l’associer beaucoup à cette saga qui l’a surtout fait du mal et qui nous a vraiment fait croire que le cinéaste américain étaint un peintre. Sauf que Michael Bay est quelqu’un qui a prouvé par le passé tout ce qu’il pouvait mettre en place avec une caméra, un artiste voulant tout de suite affronter l’impossible. Six Underground répondait déjà à cette demande qui montrait que le réalisateur voulait repartir vers l’avant, mais ce que je retiendrais de ce film, c’est qu’il il ne faut pas lui laisser une liberté, parce qu’on peut s’embarquer dans une histoire dans laquelle il faut avoir l’estomac bien accroché. Ambulance est très loin du délire, mais confirme que le cinéaste américain est bien de retour.


S’il y a bien une scène qui illustre bien qu’Ambulance est un film qui nous tiendrait en haleine, c’est cette première scène de fusillade. C’est particulièrement intéressant comment Michael Bay utilise les décors pour créer une tension. Les parallèles avec Heat, de Michael Mann ne manquent pas. On retrouve cette même tension lors de cette scène culte avec cette fusillade en plein centre-ville. À la différence que Bay montre avant tout un braquage raté, avec des morts horribles. C’est surtout une course-poursuite qui ne s’arrêtera presque jamais.


On peut penser que cette course-poursuite, qui est le point central du film, peut être lassant. Surtout avec un style qui veut toujours en donner plus. Or, pour éviter un certain lassement, Michael Bay à un concept qui est que les deux braqueurs sont dans une ambulance. C’est littéralement un huis-clos, qui va à toute allure. Le cinéaste américain utilise très bien les contraintes d’une Ambulance. Tout semble étroit, c’est parfois petit, on ressent que le véhicule peut basculer à tout moment. On ressent une caméra arrivant à s’inviter à l’intérieur de ce qui se passe. Bay nous montre des personnages plongés dans l’enfer de cette course poursuite. Ce qui est aussi une réussite, c’est la seconde intrigue autour huis-clos. A l’intérieur du convoi, il y a un policier gravement blessé et qu’il faut soigner. Ce qui est intéressant c’est de comprendre pourquoi les braqueurs demande à l’ambulancière de le soigner. En mélangeant ces deux intrigues, le scénariste Chris Fedak arrive à complexifier cette course-poursuite qui n’est pas une autoroute mais une route ou les obstacles sont nombreux.


Avec très peu de détail, le cinéaste américain arrive à créer des liens entre les personnages. Que ce soit le personnage féminin qui est le premier personnage d’une œuvre du réalisateur à ne jamais subir une sexualisation qui était quelque chose d’assez présent chez Michael Bay. Ce rôle est pour Eiza Gonzales un moyen de parler de toute la routine d’une ambulancière. Elle n’est jamais caractérisée par son physique, elle n’est jamais dans cette optique de créer une romance avec d’autres personnages, parce qu’elle est plongée dans son quotidien. Le fait qu’elle soit fermée, montre à quel point c’est un métier difficile, que l’horreur qu’on peut vivre quand on voit chaque jour des personnes gravement blessées. Pour nous, c’est choquant, pour eux, c’est leurs routines. Ce sont des véritables héros, Bay n’oublie jamais d’en faire finalement l’héroïne de son film.


Bay donne même une existence à ses personnages secondaires. On voit qui est le capitaine Tyler Monroe (Garret Dillahunt), même si son degré d’importance n’est pas énorme, mais il existe, il a ses caractéristiques et interagit à l’intérieur du film. Je veux surtout m’attarder sur l’Agent du FBI : Anson Clark (Keir O’Donnell), qui pouvait avoir la stature du personnage de l’agent lambda qui essaye d’être le héros, mais qui ne fait pas grand-chose. Ce qui change, c’est que d’une manière naturelle, Michael Bay et son scénariste, par des lignes de dialogues bien précises, par une exposition tout simple, nous montre qu’il a un lien entre lui et Danny. Il connaît le personnage de Jake Gyllenhaal, il y a un passif, car ils se sont rencontrés à l’école de police avant que ce dernier ne disparaisse, du jour au lendemain. Cette histoire amène une dramaturgie, amène du sens à ce qu’on voit. Cela participe à cette tension que met en place le cinéaste depuis que la course-poursuite est lancée. Et mine de rien, c’est aussi une manière de créer sans faire trop d’effort ce qu’est réellement Danny.


Ce qui m’a surpris quand je repense aux personnages d’Ambulance, c’est celui de Yahya Abdul-Mateen II. Quand on voit ce personnage qu’il doit incarner, on voit un vétéran décoré, mais qui doit couvrir les frais médicaux de sa femme. On sent dans son jeu ce côté d’être contraint de faire ce braquage. C’est aussi un désespoir que met en scène Michael Bay. On pourrait être tenté de se dire que ce qu’il fait est mal, mais ce qu’on voit nous a l’image, c’est un homme abandonné comme beaucoup trop de vétérans. On ne devrait pas avoir de difficultés à financer les frais médicaux de sa femme atteinte d’un cancer, on se doit d’être aidé par notre pays encore plus quand on a participé à un effort de guerre et que ce même pays nous décore en disant qu’on est les héros d’une nation. C’est l’hypocrisie de l’administration américaine qui abandonne ses héros. C’est à cause d’elle, que ce personnage fera ce choix. Tout au long du film, il n’est pas à l’aise, il n’est pas à sa place. Derrière toute son action, se cache un film social. C’est quelque chose auquel je n’aurais jamais cru en regardant un film de ce réalisateur.


On le sait, Michael Bay est un cinéaste qui aime les nouvelles technologies et même si ça n’a aucun sens, il va aller jusqu’au bout, parce que comme à l’image de ses films, il aime le challenge, il veut tenter l’impossible. Parfois, ça marche, parfois ça ne fonctionne pas du tout. Pour Ambulance, il met l’axe sur l’apport des drones dans sa mise en scène. Alors les drones, ce n’est pas quelque chose de nouveau dans le cinéma, mais il avait une fonction de faire des économies d’argent. Bay, quand il utilise le drône, c’est pour autre chose et il en fait un outil artistique pouvant offrir un plus.


C’est d’abord une manière de reconfigurer l’action dans le temps. Bay est dans une expérimentation du drone. Il y a toute une réflexion sur comment se réinventer. Quand je revois les scènes d’actions, il y a quelque chose de très frais. Michael Bay arrive de nouveau à faire du spectaculaire. Chaque plan à son lot de surprises ou l’on se demande ce qu’il va nous proposer. Parfois, on peut se dire qu’il s’amuse un peu trop avec, comme pour des dialogues ou le traveling nous donne le tournis sans trop qu’on comprenne l’intérêt, mais pour de l’action, c’est que du bon. La manière dont le drone se place offre d’autres angles au sein des scènes actions, notamment quand Jake Gyllenhaal est face aux hélicos et qu’on voit à quel point ce n’est pas une mince affaire. C’est même la seule séquence qui dure et c’est dommage. Avec le style du cinéaste, on a cette sensation de ne jamais en profiter. Une nouvelle fois, le montage n’offre pas quelque chose d’ordonnée. Le cinéaste est dans une optique de rendre son film toujours aussi dynamique, et finalement, c’est son défaut. En y repensant, on aurait aimé avoir des séquences qui dure, avoir de véritables moments d’arrêt, sans pour autant oublier l’enjeu. Ambulance manque de fraîcheur, quand il doit entamer son dernier tiers.


Ce qui m’intéresse avec cet outil, c’est comment filmer des décors. Je trouve que le cinéma américain ne donnent plus tellement l’accent sur ou se place l’action. Il n’y a plus d’incarnation, car on voit tout le temps des villes remplaçables. On connaît l’amour du cinéaste américain pour la ville de Los Angeles. Il redonne une importance à L.A en filmant en largeur tout les coins. Avec Ambulance, cette ville est incarnée, cette ville raconte justement à quel point ce monde est plongé dans un K.O. C’est quelque chose qui me tient à cœur, mais on retrouve cette interaction entre des personnages est une ville, ou chaque quartier raconte quelque chose. C’est toute une richesse, que Bay remet en scène, qui montre à quel point les Etats-Unis, c’est quelque chose. Avec le drône on a même l’impression d’être dans un GTA, dans le sens ou on arrive à se situer, on voit ou on est, et même si on n’est pas américain, on sait ce que représente cette ville. Voilà, des exemples sur comment, on pourrait utiliser le drône, afin de redonner un second souffle à un cinéma de divertissement américain qui ne veut pas ou n’arrive plus à se renouveler.


Je suis le.a premier.ière surpris.e, mais Ambulance est une belle réussite. Je trouve ce film vraiment à part dans la filmographie du cinéaste américain. C’est un long-métrage qui rend vraiment hommage aux héros et héroïnes qui sont dans les ambulances. C’est aussi une œuvre ou le questionnement social apporte vraiment un plus, mais surtout quel bonheur de revoir que le genre de l’action peut-être noble, réfléchit sur sa manière de se réinventer. Le Drône est une solution qui offre quelque chose de nouveau dans la conception de la mise en scène, dans sa manière donner un autre cadrage, c’est surtout d’autres règles qui se mettent en place. Cet outil permet à Michael Bay d’ainsi de retrouver sa folie de ses premiers films, cette inventivité qui était sa plus grande force.


C’est un super spectacle, une proposition qui finalement est si rare au sein de ce cinéma. Je trouve que c’est une bonne porte d’entrée pour peut-être apprécier enfin son cinéma, loin de tout ce qu’il pouvait représenter. Il considère ce film comme étant un petit film qu’il pouvait faire pendant la pandémie, quelle sera donc la suite, pour ce réalisateur semble repartir vers l’avant. Transformers n’est qu’un lointain souvenir.

Eyrio___
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le 11 juin 2022

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