AMERICAN BLUFF : C’est nous qui nous sentons finalement bluffés !

Le casting impressionnant et le début du film promettaient rebondissements et loufoquerie. Un couple d’arnaqueurs tentant d’arnaquer est embauché pour arnaquer des arnaqueurs. Le film est malheureusement aussi complexe et opaque que cette dernière phrase. Le couple de voleurs, joué par Christian Bale et Amy Adams, tout en excès et en strass, est arrêté par un flic du FBI (Bradley Cooper) qui s’entête à vouloir faire tomber les politiciens véreux qui tiennent la ville d’Atlantic City. Il leur propose alors une collaboration en échange de leur liberté.

Bien que le trio d’acteur soit excellent, secondé par un Jeremy Renner parfaitement juste, au brushing improbable et impeccable, le scénario s’embourbe. Il devient obscur et nous perd dès l’heure de film. On ne sait plus qui bluffe qui, et, à franchement parler, on s’en fiche un peu. La caméra suit les personnages, ne se fixe pas vraiment, mais se pose parfois sur des détails (mains, sacs, chaussures…) qui sont souvent inutiles et alourdissent l’intrigue. David O. Russell faisait preuve, dans Fighter, son précédent film, de beaucoup de maîtrise : le scénario, précis et rigoureux, nous emportait dans l’histoire de deux frères boxeurs, la caméra, très mobile, les suivait, donnant ainsi à ses mouvements une grande cohérence avec la narration. Malheureusement, ce n’est pas le cas dans American Bluff. La tension n’est pas suffisante pour que l’on veuille connaître le dénouement de ce gigantesque bluff. On craint que le réalisateur ne se soit laissé aller au plaisir de la direction des acteurs, leur donnant beaucoup -trop- de place, au détriment de l’intrigue. Il y a dans le film énormément de personnages hauts en couleur (Jennifer Lawrence, impressionnante d’hystérie), qui compensent les manques du scénario mais qui finissent par l’asphyxier. On aurait espéré voir un nouveau Les Infiltrés ou American Gangster. Mais David O. Russell ne montre pas dans ce film les qualités d’un Martin Scorsese ou d’un Ridley Scott, et c’est nous qui nous sentons finalement bluffés…
cinephilanonym
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le 27 sept. 2014

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