Class Reunion (Michael Miller, U.S.A, 1982)

La même année que l’incursion du Slasher dans l’actioner, avec ‘’Silent Rage’’, Michael Miller propose une expérience quasi-similaire par la tentative de croiser le genre avec celui de la Comédie. Production ‘’National Lampoon’’, qui fût un gage de qualité jusqu’en 1978, ‘’Class Reunion’’ est scénarisé par un spécialiste du comique américain des 80’s, John Hughes, réalisateur en 1986 du chef-d’œuvre intergénérationnel ‘’Ferris Bueller’s Day Off’’.
Sur le postulat d’un Slasher classique, le film se déroule lors d’une réunion d’anciens élèves, 10 ans après avoir fait une blague à l’un des leurs, le soir de l’obtention de leurs diplômes. Comme de bien entendu, la blague avait mal tournée, et le pauvre Walter fût interné dans un asile d’aliéné. Mais à la veille de la réunion, il s’échappe.
Au cours de la soirée des meurtres frappent aléatoirement les participants. Ce qui créé peu à peu la panique. Cette structure, pensée comme un Slasher, est plutôt une réussite, car elle parvient à retranscrire l’atmosphère et l’esthétique du genre, qui en 1982 est à la mode. Les péripéties correctement distillées donnent donnent une impression d’authenticité.
Jamais le scénario de John Hughes ne joue la carte de la parodie, il cherche plutôt à faire cohabiter les deux genres. Le recul nécessaire n’étant pas assez important pour permettre une réflexion sur la gaudriole et l’épouvante. Comme pour ‘’Silent Rage’’, ce sont vraiment deux ambiances qui se croisent.
De ce point de vue, ‘’Class Reunion’’ avait tout pour être une réussite : un scénariste génial, un casting correct, une ambiance héritée du chef d’œuvre ‘’Animal House’’ de John Landis en 1978, et un postulat de départ dans l’air du temps, calé sur le succès rencontré par le Slasher. Et pourtant la mayonnaise ne prend pas, et le principal problème du film, est un peu un comble, puisque pour une comédie, il n’est jamais drôle.
Il arrache difficilement un sourire, et encore plus rarement un rire. Avec son ton très burlesque, il y a clairement une volonté de présenter une grande comédie, adoubée de plus par le cachet ‘’National Lampoon’’. Sauf que la magie est inexistante, et de l’aveux même de John Hughes, le scénario est très faible.
Pourtant il est amusant de voir comment les poncifs sont enchainés. Entre le leader charismatique, président de classe, fils à papa et couard, ou bien l’anonyme dont personnes ne se souvient le visage et encore moins le nom. Une personne effacée qui n’a jamais rien fait d’exceptionnel. S’y retrouve un peu en vrac la blonde pulpeuse, la casse=pied beaucoup trop impliqué, qui plane complètement, les deux stoners incapables de se rappeler des dix dernières années, à cause de la fume, le gros vulgaire et dégueulasse mais rigolo, Une sorcière (pourquoi pas ?), une aveugle débrouillarde, et d’autres à la présence moindre…
Se compose ainsi une petite galerie de personnages, présentés dès le générique. Malheureusement elle est totalement sous exploitée, et les moments de comédies essayent de se reposer dessus, mais pas pour s’en moquer, ils sont mis en scène avec un premier degré embêtant. Dès lors l’aspect comique fonctionne moins bien. Ce sont au final des conventions ambulantes, sur lesquels un scénario poussif leurs cherche tant bien que mal une texture.
Assez pauvre en matière de gaudriole, Il en va de même pour l’aspect Slasher du projet. Sur ce point non plus ce n’est pas aboutis. Les séquences de meurtres dépeignent un peu et font peu cohérence. Il est difficile d’adhérer au métrage, tellement il est confus, et rien ne prend. C’est rarement drôle et ça ne fait pas peur, puisque ce n’est pas un film d’horreur. Il échoue ainsi sur les deux tableaux.
Et c’est dommage, car le potentiel est énorme, et ‘’Class Reunion’’ avait tout pour être la première comédie méta sur le Slasher. Une porte ouverte à réflexion sur l’émergence d’un genre violent destiné à un public jeune. Mais non, jamais il ne propose des thématiques solides, afin d’aller au-delà des pitreries bas de gamme présentées à l’écran.
C’est un peu décevant d’assister à cet échec cinglant. Avec ‘’Silent Rage’’, qui n’est pas foufou, et un film d’action moyen, là où ‘’Class Reunion’’ est une comédie moyennes, Michael Miller réalise coup sur coup deux Slasher censément originaux, mais aucun ne fonctionnent. À vouloir faire du 50/50, et bien c’est la qualité intrinsèque des films qui est divisée par deux, devenant des œuvres hybrides mal maitrisées, aux contenus pauvres et convenu.
Pour ce qui est de la carrière de Miller, après ce film il œuvrera principalement pour la télévision, avec des téléfilms médiocres. Avant de tenter un retour au cinéma en 2001, qui s’avère un échec. Il n’a plus rien fait depuis 2002. Une carrière assez bof, dont les premières œuvres annonçaient déjà la tournure.
‘’Silent Rage’’ et ‘’Class Reunion’’sont des productions qui se répondent, de par leurs démarches identiques. Mais dans les deux cas il manque un détachement, ou un certain recul, nécessaire pour aborder le genre avec un regard critique et amusé. Comme le fera ‘’Scream’’ de Wes Craven en 1996. Avec brio pour le coup.
Tentative d’originalité foirée, par un manque évident de maîtrise du sujet, ‘’Class Reunion’’ c’est un échec cinglant, avec peu de matière pour attiser l’intérêt. Tout sonne faux, faisant du film une œuvre en toc. Venant de la part de John Hughes c’est encore plus frustrant, car c’est un auteur de talent. Ce ratage est doublé d’une déception, car le film de Michael Miller aurait pu marquer et la comédie et le Slasher. Mais résultat, Sson seul mérite est d’exister, sans doute. Au-delà, il n’est digne d’aucun intérêt.
Réaliser un Slasher ce n’est pas juste accumuler, ou collectionner, les codes et les clichés. En général ce qu’il se passe dans ces cas-là c’est que ça fait de la merde. Alors quand un film enchaine poncifs et clichés de la Comédie potache ET du Slasher, et bien il en résulte un gloubiboulga inintéressant et indigeste. Dommage, ça aurait pu être bien.


-Stork._

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le 1 mars 2020

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