Après s'être fait publiquement humilier par Trevor Gotitall (paye ton nom !) dans un terrible combat de kickboxing qui s'est terminé en déculottée, Drew Carson découvre que son maitre est en fait un vil imposteur qui s'est inventé un parcours initiatique shaolin bidon (ambiance mélodramatique et petits éclairs mal incrustés). Il décide donc de tout plaquer pour rejoindre une véritable congrégation shaolin en Chine, afin d'y créer une "nouvelle race de kickboxer". Mais la sélection est rude, et sa tronche de yankee équipé d'une casquette à pins et d'un tee-shirt des Giants n'est pas aidant.


Dans le genre tatane, cet "American Shaolin" est assez à part. On y retrouve bien entendu la découverte d'une nouvelle culture pour le jeune éphèbe américain, mais dans une sorte de renversement étonnant, on assiste plutôt à une corruption des valeurs philosophiques shaolin par l'impérialisme naïf des USA, au travers de son représentant débile.


Car Drew Carson est un louseur complet qui très rapidement effare le spectateur par sa bêtise. Dérangeant sans aucune gêne les moines en pleine cérémonie bouddhiste pour leur annoncer sa décision de faire partie de leur crew, insultant le grand prêtre en le traitant de "tâcheron jardinier" ou en lui proposant de lui lustrer le crâne pour 1 dollar, réclamant des autochtones qu'ils parlent "français" (il se fait tout de même entendre dire que ce devrait plutôt être à lui de parler chinois), l'homme ne fait pas grand chose pour attirer la sympathie et la clémence.


Et quand on pense qu'il a enfin appris une leçon sur la vie et sur la pugnacité (sans parler de la magnanimité des moines shaolin), le voilà à systématiquement s'opposer à toute règle, transformant le métrage en variante du film de bidasses : il entraine en effet toute sa chambrée dans une surenchère de désobéissance à leur maitre (qu'il qualifie d'instructeur-chef), avec des blagues à base de pot de chaux en équilibre sur le battant de la porte. Quand il n'introduit pas des magazines pornos, converti les moines au rock'n'roll et au foot américain, prône les droits de l'homme shaolin et la rébellion, détruit des statues ancestrales ou provoque une baston 2 minutes après le début de sa permission...


Alors que le film cherche à nous montrer le grand cœur de ces gentils américains aux valeurs humanistes, on assiste désolés à la stupidité conquérante la plus irrespectueuse et la plus caricaturale des États-Unis. Drew Carson semble lui-même un phare qui aveuglerait tout le monde avec son faisceau USA, attendant naturellement des cultures étrangères qu'elle s'adapte à son modèle, et non l'inverse.


En cela, "American Shaolin" est fascinant, sombrant dans la nanardise crasse de par ses thématiques. L'humour involontaire est de plus présent dans de nombreux détails rigolos, telle cette danse de chauves tektonik avant l'heure, le vieil ermite de la montage avec sa coupe de cheveux violets et ses délires hermétiques sur le sens de la vie, les aphorismes chinois misérables qui permettent de justifier toutes les conneries du héros, le délire de la dernière épreuve avec son donjon rempli de sbires en bois (hommage à la 36ème chambre ?), le cabotinage effréné de Trevor "je ressemble vaguement à Billy Drago" Gotitall ou bien le doublage québécois qui se fait parfois entendre (surtout quand tout le monde chercher à aller danser à la "party de filles").


Une véritable leçon de vie culturelle !

Créée

le 21 juil. 2020

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