J'ai acheté ce film lors d'un séjour en Angleterre. C'était l'époque où j'achetais encore des films. Quel bonheur : tous ces films récents à moindre prix que par chez moi. Je n'ai pas fait une énorme razzia, ayant préféré investir mon argent de poche dans une BD de Krazy Kat, mais j'ai pu me procurer quelques films qui me faisaient envie.


Je suis ressorti vraiment très déçu de ce film. Le concept était séduisant et puis j'aime bien Giamatti. Le problème, c'est le scénario qui part un peu dans tous les sens. Il faut dire que je m'attendais à un traitement plus intime, où l'on se focaliserait sur le personnage qui aurait perdu son âme. De cela, il n'est que très peu question. En parallèle, les auteurs développent une histoire à mi-chemin entre le thriller et le drame. Parler d'un business d'âmes, c'est super intéressant, mais alors autant y aller à fond. Ici, malheureusement, on ne fait qu'effleurer le sujet, comme pour le côté intimiste. De plus, l'intrigue est bien mal ficelée, les résolutions sont parfois trop faciles (surtout la fin), des choses restent inexpliquées e mises de côté (plotholes).


Autre problème, le concept est mal défini. Pour moi c'est le même problème que pour l'immonde "Inside Out" de Pixar (quoique c'est pire ici), les auteurs ne savent pas trop comment gérer ce concept et l'associent à n'importe quelle idée. Un personnage le dit comme pour justifier toutes les maladresses : c'est une science inconnue, on ne sait pas trop ce qu'il va se passer. Quel cache-misère de pacotille. Même en acceptant une marge d'imprévisibilité, les auteurs auraient dû se montrer plus sûrs d'eux dans la définition de ce qu'est une âme. Car au final, on ne perçoit même pas la différence entre l'avant opération et l'après opération. Ce ne sera exploit" qu'au travers de quelques courtes scènes où l'acteur joue n'importe comment ou bien est incapable de faire preuve de compassion. Mais pour ce qui est du reste, il a tout de même l'air vachement humain, vachement comme avant...


Les personnages sont assez pauvrement construits. Aucun ne jouit réellement d'une caractérisation précise. C'est comme pour le concept : c'est flou. Et donc, de cette extraction de l'âme, on n'en retire aucune réelle redéfinition du personnage.


À un moment, un personnage reproche à Paul d'être trop sérieux, trop dramatique, alors que la pièce dans laquelle il joue demande un peu d'humour. C'est un reproche que l'on peut faire globalement au flm. Il ne suffit pas de mettre Paul Giamatti avec un chapeau russe pour rendre l'histoire plus légère : le récit est bien trop lourd dans le traitement et les tentatives humoristiques, drôles j'avoue, sont beaucoup rares pour permettre au film de s'envoler. C'est triste parce qu'avec un sujet aussi délirant et un acteur aussi drôle, il y avait moyen de faire beaucoup mieux.


La mise en scène n'est pas particulièrement brillante mais fonctionne. J'aime beaucoup le design de l'appareil et des âmes. L'univers médical est plutôt crédible (à part le fait qu'une mule puisse voler si facilement une âme, mais ce problème est plus d'ordre narratif que scénique). Les autres lieux sont assez peu intéressants malheureusement, la réalisatrice ne cherche pas à recréer une vraie ambiance de chez-soi lorsqu'on découvre l'habitat de Paul. Les acteurs sont globalement bons. Giamatti fait son Giamatti, il le fait bien, mais au final ce n'est pas lui que je retiens le plus ; C'est David Strathairn qui m'a le plus plu dans le rôle du médecin un peu farfelu. Dommage que son personnage ne soit pas plus exploité et pas plus libre d'investir le registre comique. Les seconds rôles sont corrects, mais leurs personnages sont si fades que les performance, forcément, le sont aussi.


Bref, "Cold Souls" est une profonde déception : il y avait matière à faire soit un film intimiste drôle et touchant soit un film plus politique (sur le marché de l'âme) et plus cynique ; au final la réalisatrice ne fait que passer d'une idée à l'autre sans jamais approfondir quoi que ce soit. Le film n'est pas trop pénible à regarder pour autant grâce à quelques traits d'humour ou quelques idées intéressantes, mais bon...


PS : à la base, ce devait être Woody Allen le personnage principal. Cela aurait été encore plus drôle... mais au vu de la qualité des dialogues (parce que j'ai oublié de dire que les dialogues ne sont pas terribles) et de l'intrigue, je comprendrais facilement si le vieil artiste avait refusé (ceci dit, quand il participe à un film, il aime bien réécrire ses dialogues, comme dans le génial "Fourmiz" par exemple).

Fatpooper
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le 24 avr. 2016

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