Anastasia
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Anastasia

Long-métrage d'animation de Don Bluth et Gary Goldman (1997)

Avant que vous ne commenciez à lire cette critique, vous devez savoir plusieurs choses.

En effet, beaucoup de gens font une jaunisse en regardant "Anastasia". Et vous savez quoi? Ils ont raison.

Pourquoi? Et bien lisez.

"Anastasia" se base sur le scénario suivant.

'En 1916, la Famille Romanov (qui a vraiment existé) règne en Russie depuis trois-cent ans. Mais Raspoutine, ancien confident du Tsar Nicolas 2, chassé car ayant trahi leur confiance, veut se venger d'eux et leur jette un sort: ils mourront tous d'ici peu de temps.

Pour cela, il ensorcèle le peuple de Russie et les incite à faire une Révolution renversant les Romanov. Seule la Princesse Anastasia survit mais une chute sur le sol l'a rendue amnésique. Dix après la Révolution Russe, l'ancienne Princesse est devenue orpheline et est appelée Anya. Voulant découvrir qui elle est, Anya part à la recherche de ses origines en ignorant que Raspoutine, à l'aide de ses pouvoirs magiques, la traque pour tuer la dernière Romanov afin d'assouvir pleinement sa vengeance.'

Alors monsieur Bluth, c'est bien joli d'avoir voulu créer une mignonne histoire de Princesse pour faire plaisir aux petites filles, mais cela ne justifie pas le fait que vous avez, délibérément, fait du révisionnisme historique.

Comme l'a si bien dit le youtubeur Mayo-Lek

Pour les oeuvres inspirées de l'Histoire avec un grand H, ne pas respecter la véracité de départ peut être légitimement dommageable pour le spectateur lambda. Bien entendu que personne en grandissant ne croira que Raspoutine avait des pouvoirs magiques. Mais je suis prêt à parier que pas mal de monde va penser que c'est lui qui a inspiré le peuple de Russie à se révolter dans un pays qui n'avait pas de problème avant ça. Ce qui est faux. Et la façon dont la famille Impériale de Russie de l'époque est glorifiée et dont le renversement est dépeint sous un trait aussi négatif a quand même de quoi être un chouia irritant quand on connaît la Vraie Histoire. On parle d'un évènement qui s'est réellement passé. Et n'allez pas me dire que tout les gens vont arriver à détacher ce film de la Vraie Histoire car comme un collègue youtubeur l'a très bien dit ('il s'agit de 'Code de Ciné') "Si les gens ont préféré aller voir une version cinéma qu'une version originale de l'oeuvre, ce n'est pas l'adaptation qui va les faire changer d'avis à se tourner vers le média de l'oeuvre originale"

Pour toutes ces raisons,avant de parler du film,il est nécessaire de parler du vrai contexte ayant amené la Révolution Russe car l'Histoire avec un grand H est essentielle à retenir pour faire la différence entre réalité historique et révisionnisme dangereux.

Commençons d'abord par les erreurs historiques montrées dès le début du film.

La Révolution Russe est montrée comme datant de 1916.

Hors, la Révolution Russe a eu lieu en 1917. Ensuite, on nous montre une Anastasia de huit ans. Hors, au moment de la Révolution Russe, la vraie Anastasia avait dix-sept ans. Les Révolutionnaires assiégeant le Palais Royal sont montrés comme assassinant la Famille Royale dès qu'ils en croisent un membre.Hors, les vrais Révolutionnaires ont placé les Romanov dans une résidence et les ont exécutés après un vote collectif en 1918.

L'Impératrice Maria est montrée comme étant française.Hors, la vraie Impératrice Maria était danoise.

Raspoutine n'était pas à l'origine de la Révolution Russe.Il était même en bons termes avec les Romanov car il avait soigné le Prince Alexis qui était hémophile (son sang ne coagulait pas correctement). De plus, il a été assassiné un an avant la Révolution Russe pour des histoires de débauche. Hors, les fantômes mènent rarement des Révolutions.

Dans le film, le Palais Royal est montré comme étant vide après la Révolution Russe.Hors,il ne l'était pas puisque les Révolutionnaires s'en sont servis comme siège une fois que les Romanov n'y vivaient plus.

Maintenant, voici une description de la Russie de l'époque. Le film nous montre des russes heureux n'ayant aucune raison de renverser la Famille Royale et montre même la Révolution Russe comme une chose négative provoquée par un pouvoir diabolique.

Hors, les vrais russes étaient LOIN d'être heureux à l'époque. C'était même tout le contraire. Le peuple était malheureux,pauvre et mourrait de faim et de froid dans le froid glacial de Russie (je rappelle que c'est un pays où les températures peuvent descendre jusqu'à -50 degrés) pendant que les Romanov, qui étaient très riches, dépensaient de l'argent dans des fêtes. Sans compter le fait qu'ils étaient en train de perdre de l'argent car finançaient la création d'armées durant la Première Guerre Mondiale (info bonus:la vraie Anastasia et ses soeurs ont soigné des soldats blessés dans des hôpitaux pendant la Première Guerre Mondiale).

De plus, les conditions de travail des Russes de l'époque étaient inhumaines et dangereuses; plus particulièrement celles des ouvriers.Elles pouvaient même mener à la mort. Ceci a déclenché de nombreuses grèves durant lesquelles le Tsar Nicolas 2 a insisté pour qu'on tire sur des grévistes.Forcément,quand de telles choses arrivent,ça donne envie de faire une Révolution.

Les véritables Révolutionnaires étaient des gens du peuple sans le sou et affamés ainsi que des communistes.Les plus connus étaient Trotski et Lénine ayant formé un régime communiste avec Staline;homme ayant chassé Trotski du régime à cause de désaccords politique et, surtout, soupçonné d'avoir fait assassiner Lénine pour transformer le régime communiste naissant de l'époque en dictature appelée l'URSS.

Une fois la Révolution Russe finie,le film nous montre un peuple russe nostalgique du régime royal en faisant de la potentielle survie d'Anastasia le sujet principal de nombreuses conversations.Hors,personne ne se souciait de ce qui était arrivé aux Romanov. Les Russes étaient, avant tout, préoccupés et terrifiés par la dictature imposée par Staline qui faisait de nombreuses arrestations et exécutions injustifiées car soupçonnait n'importe qui d'être un traître au régime.

Et en dehors de ça, le film "Anastasia" fait des blagues anti-communistes pas drôles du tout à travers l'encre des sauf-conduits qui doit obligatoirement être rouge. Couleur étant le symbole du communisme.

Il y a bien eu une légende sur la potentielle survie d'Anastasia.

En effet, plusieurs femmes ont prétendu être Anastasia uniquement parce qu'elles étaient intéressées par la fortune des Romanov. Parlons de la plus célèbre d'entre elles

En effet, un an après la Révolution Russe,la légende de la survie d'Anastasia a été basée sur une femme appelée Anna Anderson ayant été internée dans un asile psychiatrique après avoir tenté de se suicider.Quand elle y était,elle a dit être Anastasia parce qu'elle était persuadée de vraiment l'être mais ne se souvenait pas de son enfance.Ce qui a mené les gens à croire que le choc de voir sa famille mourir a affecté sa mémoire.Mais plus tard,on a découvert qu'Anna Anderson était une polonaise s'appelant en réalité Franziska Schanzkowska.Elle était une ancienne ouvrière blessée dans une explosion. Son cerveau ayant été affecté, elle souffrait de troubles de mémoire et de démence.

C'est principalement sur Anna Anderson/Franziska Schanzkowska qu'est basée le personnage d'Anya dans le film "Anastasia" et non pas sur la vraie Anastasia qui n'a,en réalité, pas survécu à la Révolution Russe.

Cependant, contrairement à Anya, bien qu'à sa mort elle ait été enterrée avec les mots suivants écrit sur sa tombe "Son Altesse Impériale Anastasia de Russie", la vraie Anna Anderson est LOIN d'avoir été confirmée comme étant la Princesse Anastasia de son vivant par la suite vu qu'elle a été en asile psychiatrique pendant une grande partie de sa vie et voyageait en Allemagne et aux Etats-Unis sans être reconnue comme étant officiellement la Princesse Anastasia.

Maintenant que vous connaissez la réalité historique,vous pouvez lire cette critique de "Anastasia" parlant du film en tant qu'histoire avec un petit sans prendre en compte l'Histoire avec un grand H.

Après l'échec cuisant de Poucelina, Don Bluth n'abandonna pas son idée de réaliser des films "substituts de Disney" et créa un nouveau film de Princesse.

Cette fois-ci, il n'adapte pas un conte mais une légende urbaine: la survie de la Princesse Anastasia après la Chute de la famille Impériale des Romanov.

Alors comment dire? Et bien, ce film est vachement chouette.

Don Bluth ayant compris que les "Princesses à l'ancienne" n'intéressaient plus personne, il a créé une héroïne dont l'objectif n'est pas d'attendre l'amour mais de rechercher ses origines.

Certes, elle vit une histoire d'amour avec Dimitri durant le film mais, contrairement à celle entre Poucelina et Cornélius étant basée sur un coup de foudre à l'eau de rose, la romance entre Anya et Dimitri est basé sur le concept du "Je t'aime, moi non plus". En effet, au départ, les deux personnages ne s'apprécient pas puis finissent par s'aimer par la suite après avoir appris à mieux se connaître au cours du film.

De plus, comme le dit si bien le personnage de Vlad durant le film

[Elle] a un tempérament de feu

En effet, Anya (doublée par Céline Monsarrat et Katia Markosy) est intelligente, n'hésite pas à dire ce qu'elle pense et refuse de suivre la voie qu'on lui impose préférant faire ses propres choix même quand ils semblent dangereux.

En ce qui concerne les autres personnages, ils sont, pour la plupart, assez réussis.

Dimitri (doublé par Emmanuel Curtil et Jonathan Dokuchitz) est un ancien domestique devenu un escroc après la Chute de la Famille Romanov. Cupide, sarcastique et assez misogyne, il apparait comme une personne peu sympathique mais a, toutefois, un grand coeur et peut se montrer empathique.

La preuve, Dimitri a un complice et ami nommé Vlad doublé par Jean-Michel Farcy et Richard Darbois. Aimant la bonne nourriture et étant gras, il aurait pu être un cliché grossophobe mais son personnage ne se limite pas à être un amateur de bouffe. En effet, c'est avant tout une figure paternelle attentionnée envers Dimitri. De plus, il a une certaine complicité avec Anya qu'il soutient moralement au cours du film.

Et n'oublions pas Pooka, le chien d'Anya. Malin pour aider les personnages dans des situations risquées et adorablement choupi, on souhaiterait qu'il soit réel pour le caresser avec tendresse.

Dommage que ce ne soit pas possible.

De plus, selon une théorie de fans, il serait la réincarnation du père d'Anastasia guidant cette dernière pour l'aider à découvrir qui elle est.

Puisque nous avons parlé des adjuvants, parlons maintenant des opposants.

Raspoutine, (doublé par Richard Darbois [Christopher Llyod en VO. Dommage qu'ils n'aient pas pris Pierre Hatet qui était la voix française officielle de Christopher Llyod pour la VF. Cela aurait fun d'entendre la voix française de Doc jouer un méchant]), alterne parfaitement entre méchant stupide comique et méchant intelligent et menaçant.

En effet, il passe de méchant effrayant faisant des tentatives de meurtres impressionnantes à méchant très drôle énervé de manière ridicule à chaque fois qu'il échoue. Bref, c'est un méchant réussi.

Son sidekick comique, la chauve-souris Bartok, est devenu tellement populaire qu'il a eu droit à son film dérivé intitulé Bartok, le Magnifique. Mais s'il est plutôt un protagoniste réussi dans sa propre histoire, dans Anastasia, contrairement à Pooka, il ne sert à rien dans l'intrigue se contentant de faire des remarques en étant passif face aux évènements du film se contentant d'être drôle avant tout.

En ce qui concerne les personnages secondaires, ils sont également assez réussis. L'Impératrice, grand-mère d'Anya (doublée par Lucie Dolène), est touchante. Ayant souffert de la perte de sa petite-fille et des multiples arrivées d'escroques s'intéressant à son argent, elle est passée de figure maternelle bienveillante à personne amère pour qui on a beaucoup de compassion.

Par la suite, elle redevient une figure maternelle bienveillante une fois qu'Anastasia et elle sont réunies.

Il y a aussi Sophie (doublée par Barbara Tissier et Brigitte Virtudes), femme grasse mais sensuelle étant un personnage comique avant tout. Ce qui est une bonne chose vu que l'on manque encore de personnages comiques féminins dans la fiction. Dommage que ce soit toujours le cas.

Puisque nous nous sommes attardés sur les personnages et leurs voix, n'oublions pas les comédiens interprétant Anastasia et Dimitri enfants.

En effet, les comédiens en question sont Kelly Marot ayant été la voix d'Helga Pataki dans la série Hé Arnold et Donald Reignoux dans un de ses tous premiers rôles avant d'avoir eu tant d'autres si nombreux qu'il serait impossible de tous les lister.

Mais si les personnages et les acteurs sont bons, qu'en est-il du reste du film?

Et bien, il est plutôt appréciable.

Les chansons composés par Lynn Ahrens et Stephen Flaherty sont très jolies à entendre. La musique instrumentale de David Newman est également réussie. Notamment grâce à un thème principal restant en tête.

L'animation du film et les effets de magie sont très jolis et convaincants, les décors sont plutôt impressionnants. Tout ça pour dire que beaucoup de choses plaisent.

Néanmoins, Anastasia a des défauts. En dehors de Bartok ne servant à rien, il y a d'autres hics: plus particulièrement des maladresses scénaristiques.

Quel genre de trahison Raspoutine a commis envers les Romanov pour qu'ils le chassent? On ne sait pas, ça n'est jamais expliqué.

Pourquoi ceux qui provoquent la chute de la famille Impériale ne capturent-ils pas Dimitri au moment où celui-ci refuse de dire où sont Anastasia et sa grand-mère pour le faire parler de force? Pourquoi ces mêmes personnes ne prennent pas la boîte à musique d'Anastasia ayant énormément de valeur et pouvant être revendue?

De plus, le film peut être planplan, montrant les personnages aller d'un point A à un point B sans qu'il ne se passe grand-chose durant le récit.

Les seules scènes où le récit avance vraiment sont les scènes d'action, toutes très réussies et palpitantes au passage...

...plus particulièrement la confrontation finale entre Anya et Raspoutine.

Et le plus gros problème, Dimitri a tendance à trop envahir le récit au point qu'il lui arrive de voler la vedette à Anya. Ce qui n'est pas logique vu qu'il n'est pas censé être le personnage principal étant donné que le film s'appelle Anastasia.

Néanmoins, malgré ces quelques défauts, Anastasia est globalement un bon film.

Certes, on peut déplorer le fait que Don Bluth soit passé de films sérieux et sombres comme Fievel et le Nouveau Monde à réalisateur de "substituts de films Disney" pour faire des films rentables avant tout (Anastasia étant son film le plus rentable mais pas le plus mémorable de sa filmographie) et non plus des oeuvres plus personnelles osant montrer aux enfants que le monde est dangereux. Cependant, Anastasia est plus réussi que Poucelina car il est mieux réalisé et a des personnages plus charismatiques que ceux de ce dernier.

De plus, on peut apprécier le fait qu'à la fin du film, contrairement à de nombreux films Disney où un(e) protagoniste né(e) dans une classe modeste fasse son ascension dans la haute société pour pouvoir être avec son(sa) love-interest étant, le plus souvent, un(e) Prince(sse), et y reste (Hercule étant la seule exception celui-ci finissant par renoncer à sa place de Prince des Dieux immortel pour rester avec Mégara étant une mortelle), Anya décide de ne pas retrouver sa place de Princesse Anastasia préférant une vie normale où elle n'a pas à porter le poids d'un héritage impérial condamné à l'oubli et reste avec Dimitri étant un homme de classe sociale modeste ne faisant pas une ascension dans la haute société. On peut y voir ici une critique du "rêve américain" illusoire faisant croire que l'ascension sociale se fait du jour au lendemain alors que c'est faux; et que, dans la réalité, être heureux peut être au prix de choix douloureux.

Ainsi, malgré le fait que ce soit un "film de Princesse", Anastasia reste un film de Don Bluth ce dernier ayant déjà critiqué le rêve américain dans Fievel et le Nouveau Monde

À voir!

BlackBoomerang

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