Anatomie d'une chute par ffred

Deuxième Palme d’or française attribuée à une femme en trois ans, il y a de quoi se réjouir. Surtout que celle-là est amplement méritée. Justine Triet, dont j’avais moyennement apprécié les deux derniers films, réussit un coup de maître. Tout est réussi ici. La mise en scène est un sans faute, discrète mais solide, laissant place à un scénario d’orfèvre (co-écrit avec Arthur Harari le réalisateur de Onoda). Elle dissèque à la fois la chute et la descente aux enfers d’un couple d’écrivains avec pour témoin leur enfant mal-voyant, clef essentiel du récit, autant que le procès où l’on essaie de comprendre ce qu’il s’est passé. Le tout est fait avec une minutie et une précision de métronome qui font presque froid dans les dos. La tension monte et nous étreint progressivement pour ne jamais nous lâcher jusqu’à un dénouement qui, comme la plupart des personnages, nous laisse dans le doute. La direction d’acteurs suit le mouvement. Sandra Hüller domine l’ensemble, elle est formidable quelque que soit la scène, une grande interprétation. Elle est parfaitement secondée par, entre autres, un Swan Arlaud impeccable, un Antoine Reinartz ignoble et la belle révélation qu’est Milo Machado Graner, qui s’en sort très bien face à tous ces professionnels. Au final on en ressort sonné et un rien déboussolé. Le tout est maitrisé de bout en bout, fort, puissant, brillant et passionnant. Pour faire simple, Anatomie d’une chute, succès critique et public est, pour l’instant, le meilleur film français de l’année.