Cinéma pour Cinéastes

Palme d'or du dernier festival de Cannes , récompensé au Golden Globes, multi-nommé aux Oscars et aux Cesars, le film de Justine Triet semble être le grand film Français de l'année .

Au départ son sujet ne m'avait clairement pas attiré.

C'est donc avec une séance de rattrapage que je découvrais ce film évènement.

A l'arrivée, force est de constater que cette anatomie d'une chute est un bon film.

Justine Triet nous propose l'analyse d'un fait divers et du procès d'une femme accusée d'avoir défénestré son époux.

Si le sujet ne brille pas par son originalité , le traitement cinématographique qui nous en est proposé est quand à lui plus qu'intéressant.

Loin de toute emphase , Justine Triet nous propose une approche clinique , méticuleuse et extrêmement travaillée de son sujet.

En adoptant le vieux principe de "Rashomon" , (le film d'Akira Kurosawa qui en 1950, proposait la vision d'un même crime par plusieurs personnes qui en donnait une conclusion différente en fonction de la perception qu'ils en avaient eu), Justine Triet implique et joue avec le spectateur en lui suggérant de se faire son idée sur le fait divers, puis en la faisant évoluer au fur et à mesure du film et des différents prismes proposés.

A cela s'ajoute une mise en scène maitrisée et très subtile, qui d'un premier abord réaliste et très simple, finit par se muer une narration visuelle assez audacieuse et inventive.

Vient s'ajouter une direction des acteurs particulièrement juste qui s'inscrit dans la ligne droite de l'ambition de donner au film un ton et une vision cliniques, denses et criants de vérité.

A l'instar de certains groupes de musiques qui semblent proposer une musique pour musiciens , ce film est probablement un film pour cinéastes pour qui la narration et la mise en scène offertes par Justine Triet pourraient facilement faire école.

C'est sans doute pour cela que le film marque tant les professionnels du cinéma et les festivals dans lesquels il est projeté et récolte une pluie de nominations.

Je suis en revanche moins convaincu par l'impact qu'il peut susciter sur le grand public, qui trouvera probablement le film long, austère et peut être même sans surprises.

Ce n'est pas mon cas, car le film est objectivement brillant et mérite sa palme d'or, même si ce ne sera pas une palme d'or de celles que l'on retient comme Apocalypse now, Pulp Fiction, le Guepard, les parapluies de Cherbourg, Taxi Driver ou mission ...

C'est du cinéma en mode CNRS mais cela se respecte infiniment car il sera probablement une forte source d'inspiration pour bons nombres d'auteurs.