Perdre au jeu
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Anatomie
Étude de la structure et de la forme des êtres organisés ainsi que des rapports entre leurs différents organes.
Ce qui est étudié : une chute.
Pas la chute. Une chute, celle d’un homme en haut de son toit. Mais pas que. Sa chute entraîne sa famille dans son sillage. Répercutant sa femme de plein fouet, et traumatisant un enfant. Alors que le mystère de la chute reste complet, l’action en elle même est relayée à un instant éphémère de l’histoire; tout se passe très vite. Tandis que les conséquence de cet événement seront longues et rayonneront dans la sphère publique et juridique.
Le film commence à hauteur de chien, créant les ponts entre les différents personnages. Chacun occupant un étage. Vous le devinez l’homme est au troisième. On ne le verra pas, mais on va l’entendre. Alors que la femme -écrivaine- se fait interviewer dans le salon, une musique se fait entendre. D’abord supportable celle si prend petit à petit toute la place. On s’attend à ce que le son baisse, que c’est seulement une mise au point sonore de l’homme au dessus. Il n’en est rien. Il n’augmente pas. Il l’a joue une seconde fois. Puis une troisième… alors il augmente. La musique raisonne, elle est messagère de colère, d’aigreur, de malaise. Le malaise remplit la pièce. La musique est si forte qu’elle en devient écœurante. Le dialogue entre les femmes est impossible. L’interview interrompue.
Pendant ce temps chien et garçon s’en vont, le garçon fuit ce malaise, la colère qui gronde.
Il étouffe.
Quand il revient, il est là.
Le père allongé.
La chute.
Elle est le début cette chute. Les protocoles judiciaires, les malentendus de langage. La femme se fait prêter des intentions. L’enfant est sous pression, il est seul témoin.
Comme le veut les lois de Newton, la femme est prise par un tourbillon juridique, et ne fait que s’enfoncer plus bas. Tout vas très vite au début, elle est femme endeuillée elle pense être soutenue… désillusion, elle est la principale suspecte d’un crime passionnelle. Elle chute. Elle se défend. Elle chute. Elle écarte les soupçons. Puis des enregistrements refont surface. Elle chute plus, encore.
Avec elle le système juridique français, son manque d’appareil pour ceux qui ne maîtrisent pas le français.
Là c’est une femme installée socialement, qui voue d’une popularité médiatique.
En France, c’est souvent des personnes sans stabilité , des gens de rien qu’on accuse et qu’on condamne.
Est critiquable également, la perversité médiatique. Ils tenaient la bonne histoire. Le procureur revêtait la robe du bien, en mettant à nu cette femme publique. Figure de la sorcière moderne, à qui on ne prête pas d’émotion.
L’anatomie d’une chute, comme une dissection d’un film qu’on a vu et revu : le film d’intrigue. Mais un film qui arrive à s’élargir, à la recherche de vrai. Elle dissèque les réflexes médiatiques et juridiques et un état procédural qui déshumanise les objets jugés.
Créée
le 4 nov. 2024
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