Nov 2009:

Même si Takashi Ishii est toujours maitre du scénario, voilà un Angel Guts un peu différent des autres. Il me semble que la violence y est beaucoup moins présente, dans une certaine mesure. Le film est uniquement érotique cette fois. Point de trame policière et pourtant Ikeda introduit dans sa mise en scène de nombreuses caractéristiques empruntées aux polars : la nuit inquiétante, la poursuite dans le métro, la rencontre sous la pluie, les jeux d'ombres, etc.

Alors je ne sais pas si à force de voir des films de ce genre une lassitude finit par mettre un voile sur mon plaisir, mais j'avoue ne pas avoir été emballé par cette histoire. D'ailleurs, cette série "Angels guts" n'est pas aussi renversante que je l'espérais. Ikeda trouve par moments le courage d'incorporer des plans étonnants, qui n'amènent pas grand chose sinon une rupture dans le canevas traditionnel des séquences classiques : ici un plan de casserole remplie d'eau croupie qui stagne avec ses deux gouttes d'huile, là un robinet qui fuit doucement. Quelques plongées et contre-plongées que beaucoup de ses confrères ont bien mieux utilisé (dans la série même, voir le superbe travail de Sone avec la nuit ou la pluie sur Angel Guts: High School Coed par ex.) ne parviennent pas à ravir l'oeil.

Dans ce domaine, la très belle Jun Izumi se démène avec un certain panache. Quant aux scènes érotiques elles sont très nombreuses, très axées sur la masturbation, je note : tout le monde, hommes et femmes, s'autocageole joyeusement. On pourrait signaler une sorte de surenchère dans l'extravagance des scènes érotiques, très compliquées pour certaines. Peut-être Ikeda et la production ont-ils beaucoup misé sur l'impact spectaculaire de telles séquences choc"? Entre les giclées de sperme, l'oeuf frais qu'une jeune femme s'introduit enveloppé dans une capote pour l'écraser en elle avec des crayons à papier ou bien encore l'héroïne au comble de l'excitation qui exécute une fellation de pied de table avant de s'asseoir dessus... il me semble que là, la crédibilité du récit en prend un méchant coup, si je puis dire et qu'on entre dans un monde où les effets de scènes flirtent avec le porno sofcore dans une suggestion à deux doigts de l'explicite et qui finit par chuter dans l'inepte quand le grossier prend toute la place. Voilà, ce film est un peu "trop", dépasse les bornes et se rapproche du nanar érotique.

C'est vraiment dommage parce qu'Izumi se donne un mal de chien à construire un personnage cohérent et dense, partagée entre une libido envahissante, une vie professionnelle et affective catastrophique, une condition féminine restreinte et des peurs sociales habituelles pour tout femme célibataire japonaise vivant en milieu urbain. Le rôle de Masahiko Abe est beaucoup moins bien mis en valeur.

Ikeda avait pourtant de quoi faire et dire, créer un joli balancement entre deux êtres maudits, parallèles et destinés à ne pouvoir que se croiser. L'histoire d'Ishii est belle mais mal équilibrée au montage pour des raisons "productives", sans doute fallait montrer du cul avant même de parfaire la cohérence de l'histoire.
Alligator
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le 30 mars 2013

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Alligator

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