Jamais Trottoir Pour Changer

Fort d'un double succès surprise dans les salles et dans les vidéoclubs le film Angel ne pouvait pas échapper à une suite qui sera très vite mise en chantier pour sortir un an après le premier film. Le réalisateur et scénariste Rober Vincent O'Neil rempile donc pour remettre une nouvelle fois son héroïne sur le trottoir même si Donna Wilkes n'est plus de la partie.

Dans Angel 2 la Vengeance nous retrouvons donc Molly Stewart cinq ans après et qui est devenue une étudiante en droit en grande partie grâce au lieutenant Andrews . Mais lorsque la jeune femme apprend la mort de ce policier qui l'avait sortie de l'enfer de la prostitution, elle décide de retourner sur Hollywood Boulevard et de redevenir Angel afin de résoudre et de venger la mort de son tuteur.

Angel II : La Vengeance est un drôle de film qui est bien loin d'avoir les mêmes qualités humaines que le précédent. Du premier film de 1984 on ne retrouvera qu'une vague toile de fond, quelques personnages secondaires et le décor nocturne de Hollywood boulevard. Pour le reste la comédienne du premier film Donna Wilkes est donc ici remplacée par là tout aussi charmante mais bien moins profonde et touchante Betsy Russel qui a cette fois ci presque l'âge de son rôle. L'acteur Cliff Gorman qui incarnait le lieutenant Andrews est lui aussi remplacé de manière peu avantageuse par Robert F Lyions qui de toute façon disparaîtra après à peine un quart d'heure de film. Fort heureusement le film permet tout de même de retrouver quelques personnages du premier volet et leurs interprètes comme le cowboy Kit Carson toujours interprété par Rory Calhoum, le personnage de Yo-Yo Charlie qui prend ici un peu plus d'importance et surtout l'excentrique Solly interprétée par une Susan Tyrell déchainée qui cette fois ci passe carrément à l'action pour notre plus grand plaisir. Cette suite introduit également un nouveau personnage assez amusant prénommé Johnny Glitter et qui est une sorte de poète excentrique et lunaire qui passe son temps a jeter des paillettes en l'air pour embellir la vie des autres. On croisera également avec plaisir Ossie Davis dans un rôle secondaire. Le problème c'est que si l'on prend beaucoup de plaisir à retrouver ces personnages ils sont également totalement vider de leur richesse humaine et psychologique pour devenir des caricatures qui n'auront désormais plus d'autres fonctions que d'amuser la galerie. Vous pouvez également oublier la fragilité et les contradictions du personnage de Molly qui devient dans cette suite une simple figure de vigilante movie sexy et sans âme.

Effectivement et curieusement Angel II : La Vengeance prend ici la forme d'une comédie policière et d'action de pure série B dans laquelle il ne reste plus beaucoup de place à l'émotion et à la réflexion contrairement au premier film. Si cette suite va tout de même aborder quelques thématique intéressantes elle ne fera que les survoler très rapidement pour revenir au plus vite et à l'humour et à l'action. Pourtant Angel II : La Vengeance avait comme toile de fond un sujet plutôt pertinent avec les magouilles et les crimes d'assassins respectables en costumes œuvrant pour vider Hollywood Boulevard de sa faune nocturne afin de prospérer à coups de magouilles immobilières. Malheureusement jamais le film n'exploitera à sa juste mesure cette intrigue se contentant d'une opposition basique entre vilains mafieux et gentils autochtones. On trouve dans le film une autre piste intéressante mais malheureusement une nouvelle fois trop vite expédiée avec la relation entre Angel et une jeune prostituée mineure lui rappelant son passé. On a tout de même la sensation que cette fois ci Robert Vincent O'Neil a repris les mêmes ingrédients que dans Angel mais qu'il a choisit de nous proposer un plat complétement différent en s'orientant plus vers le fast food un peu gras plutôt que la cuisine traditionnelle.

Aussi décevant et superficiel soit-il, ce second film n'en reste pas moins assez divertissant. Le film ne se prend absolument pas au sérieux et nous offre même des séquences totalement burlesques comme l'évasion rocambolesque de Kit Carson de l'hôpital psychiatrique dans lequel il était enfermé ou le corbillard dans lequel circule la petite bande qui fait des bruits dignes d'une voiture de cartoon. Une rupture de ton assez déconcertante par rapport au premier film qu'il faudra difficilement digérer avant de se plonger dans cette pure série B de vidéoclub. Le film est bourré de défauts, d'innombrables incohérences, de nombreux faux raccords et de maladresses amusantes mais on finit par prendre un certain plaisir coupable devant cette improbable Agence Tous Risques de laissez pour compte tentant de sauver leur quartier tout en vengeant un policier au grand cœur. L'action est bien plus présente et percutante que dans le premier film, l'humour est donc omniprésent et même si parfois la mise en scène de Robert Vincent O'Neil n'échappe pas au ridicule (La scène finale bien foireuse avec le bébé) il se dégage du projet une certaine générosité pas désagréable du tout.

Angel II : La Vengeance est donc une amusante petite série B. Après on pourra bien sûr regretter que cette suite n'est pas pris la même orientation et le même ton que le premier film surtout qu'il avait incontestablement les pistes dramatiques pour le faire. On pourra également mettre le souvenir du premier film entre parenthèses et s'amuser de ce bis un peu con à l'esprit et l'ambiance résolument eighties