Critique qui révèle certainement quelques éléments de résolution de l'intrigue.


Même si l'on pourra clairement prétendre que les débuts de l'essoufflement de la franchise Conjuring remontent aux sorties coup sur coup de La Nonne et La Malédiction de la Dame Blanche, le premier volet à n'apporter aucune avancée dans l'intrigue, aucune précision primordiale et non anecdotique sur l'univers enclenché par James Wan n'est autre que ce troisième volet de la trilogie (pour l'instant?) Annabelle, détail en même temps ironique et logique lorsqu'on sait que c'est ce même personnage qui étendit son univers en univers partagé de spin-offs et films officiels.


Réalisé par Gary Dauberman (scénariste habitué de la saga et de James Wan -il travailla aussi sur sa série annulée Swamp Thing- qui dirige son premier film), La Maison du mal, à défaut d'avoir autre chose à proposer qu'une introduction dans l'univers de nouvelles créatures au design surprenant (et dont certains, s'ils n'apparaissent pour l'instant dans aucun spin-off, représenteront très surement les prochains protagonistes de Conjuring 3), ramène dans son casting Patrick Wilson et Vera Farmiga, acteurs dirigeants la franchise puisqu'ils en incarnent les deux personnages principaux, le couple Warren.


Arrivés et repartis en coup de vent pour une introduction complètement inutile, ils ont pour principale utilité, outre de placer le film dans l'univers et de lui donner plus de consistance niveau réputation de casting, d'amener en vue du spectateur la nouvelle actrice chargée d'interpréter leur fille, Mckenna Grace, et qu'on ne retient pas plus que cela; sans véritable personnalité, elle n'apporte rien de plus que les apparitions de figurante de Sterling Jerins, la précédente interprète.


C'est là qu'on attend ce troisième épisode au tournant; si l'on suit des personnages extrêmement caricaturaux qui n'apparaissent dans aucun autre volet (exception forcée de la fille Warren), c'est pour avoir de possibles surprises à l'issu et voir certains de ces adolescents insupportables (et peu nombreux) ne pas y survivre (particulièrement l'agaçante Madison Iseman). Première chose qui déçoit, il n'a jamais le courage de faire ce qu'il est naturel d'attendre et rend tous ses personnages intacts en fin de déroulement, à la différence que tous seront devenus amis avec l'héroïne, particulièrement ceux qui la harcelaient jusqu'alors.


Et si on le suit sans l'insulter, c'est aussi parce qu'il parvient à rendre, tout aussi paradoxal que cela puisse paraître, attachant ce groupe de clichés de personnages jeunes; surement est-ce due à la grossièreté du tableau dépeint, balancé au feutre tachant plutôt qu'au pinceau fin. Sans trop savoir pourquoi, on suit avec intérêt ces jeunes petits cons aux agissements stupides et seulement justifiables par le fait qu'ils servent à faire avancer l'intrigue.


Madison Iseman représente le mieux ce sujet objet de Deus Ex Machina : constamment dans l'erreur d'appréciation, de jugement et d'action, elle balance l'intrigue sur un comportement absolument imprudent et vainement rafistolé à l'intrigue par un développement pathos du fait qu'elle ait perdue son père; il y avait plus logique, plus crédible comme manière de libérer ses monstres, et surement plus fin que de jeter la carte fameuse du "ne la blâmons pas, elle l'a fait par amour".


Bourré de jumpscares, l'après libération des monstres pâtit de sa photographie sombre et banale, avec laquelle Dauberman tente d'imiter le style de Wan sans pour autant réussir à instaurer la moindre atmosphère oppressante. Si La Maison du mal fait peur, c'est parce qu'il nous fait risquer l'arrêt cardiaque à chaque moment de tension, parce que le son, hurlement de jumpscare, représente plus l'agression que n'importe laquelle des apparitions de créature démoniaque.


Fallait s'attendre au fait que ce soit commercial, qu'il n'invente rien et ne tente pas de surprendre; seulement, de là à s'imaginer qu'il se contenterait de pomper le succès des autres sans pour autant apporter le moindre élément supplémentaire de compréhension du background de l'univers de la Warner, le tout laissé sur une conclusion qui n'apporte aucune avancée sur le destin d'aucun personnage (il y en aura bien un secondaire pour avoir fini en couple), il y avait un monde scandaleux qu'on ne pouvait imaginer atteindre un jour dans la franchise de Wan.


Et si certains comparent l'univers partagé Conjuring à celui de la référence des références en terme de spin-offs faits sur des films-fils, le MCU, c'est oublier que ce dernier tente au moins de faire évoluer ses personnages, son intrigue et possède un but final. La destination de l'oeuvre de Wan semble, dès à présent, conduire droit dans le mur; ne reste plus qu'à évaluer la vitesse d'impact : sera-ce dès la sortie du prochain Conjuring en 2020, réalisé par le désastreux Michael Chaves, ou dans quelques années, quand un nouvel univers aura surgi, ou que le public se sera lassé de voir toujours les mêmes oeuvres commerciales portées par ces mêmes personnages perdant, à chaque film, un peu plus de leur essence originelle?


On verra.

FloBerne
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes 2019, Année des Partiels, du Jaune et de la Fin des Avengers et Les meilleurs films avec Vera Farmiga

Créée

le 6 nov. 2019

Critique lue 192 fois

1 j'aime

FloBerne

Écrit par

Critique lue 192 fois

1

D'autres avis sur Annabelle - La Maison du mal

Annabelle - La Maison du mal
Sullyv4ռ
5

"Annabelle a besoin d'une âme pour vivre", oui vraiment !

Me rendant à Disney Village pour aller voir Annabelle 3 je vis un homme avec 7 femmes, les 7 femmes avaient 7 sacs et dans les 7 sacs il y avait 7 chattes, chaque chatte ayant 7 chatons, je me...

le 20 juil. 2019

15 j'aime

11

Annabelle - La Maison du mal
Tonto
7

Poupée russe

Alors que les Warren (Patrick Wilson et Vera Farmiga) partent en week-end, leur fille Judy (Mckenna Grace) reste seule avec sa baby-sitter Mary Ellen (Madison Iseman) et son amie Daniela (Katie...

le 5 nov. 2019

10 j'aime

12

Annabelle - La Maison du mal
RENGER
1

L'archétype du film d'épouvante pour adolescente...

Concept vu et revu, usé jusqu'à la corde après la (grotesque) franchise Conjuring et ce 3ème opus de la saga Annabelle. Toujours aussi ridicule et où tous les poncifs du genre sont réunis. Amateurs...

le 12 juil. 2019

9 j'aime

2

Du même critique

Les 4 Fantastiques
FloBerne
2

Des fois c'est dur d'être un geek... Putain mais quelle purge !!

Dans le ptit bled paumé où je passe le clair de mes vacances s'est proposée une expérience pas commune : voir le film "Les 4 Fantastiques" en avant première. Nourri d'espoirs et d'ambitions, je me...

le 4 août 2015

35 j'aime

42

Marvel's The Punisher
FloBerne
8

Miracle et drama

Saison 1 : 9/10. Au cinéma, nombre de personnages se sont fait massacrés pendant des décennies, sans vergogne ou une once de progrès. Les comics aussi ont été touchés par cette mode de la destruction...

le 13 déc. 2017

34 j'aime

4