Alex Garland c'est le genre de mec dans son coin, le gars qui expérimente dans son labo perso et qui dévoile un jour ses trouvailles au public. Homme de l'ombre depuis 2002 où il était scénariste pour Danny Boyle, notamment sur 28 jours plus tard et Sunshine, c'est en 2015 qu'il viendra pointer sa tronche dans la lumière, et encore, tamisée.
En effet, malgré son côté visionnaire, Ex Machina, la première réalisation de Garland s'avère si intimiste, en huis clos en plus, qu'il parait être un petit film de SF qui ne percera jamais le box office.


C'est avec Annihilation, projet bien plus conséquent et au combien prometteur que le british va porter son coup le plus fort. Enfin "fort"... une sortie au cinéma n'aurait pas été de trop pour accompagner ce mot. Film jugé trop intellectuel donc on ne prend pas de risque, on balance ça sur Netflix. Malgré le fait qu'au final cela ne me gêne pas plus que ça, il faut avouer qu'entendre la BO pleine balle dans les écouteuses et ravir notre œil cinéphile de superbes images sur grand écran ça aurait pu être pas mal.


Annihilation, rien que le titre claque, il annonce cette fin de tout, cette fin proche, le truc c'est justement que ce mot concerne un tout, un ensemble, si on parle d'annihiler le monde, le film lui se concentre peut être trop sur un groupe. Garland garde en effet cet intimisme qu'il semble tant aimer, se braquant de plus sur une personne du groupe. C'est sans doute un reproche que je peux faire au film, car le fait de se pointer uniquement sur ce groupe, cette personne, alors qu'on cause de fin du monde, ça donne un aspect un peu superficiel au tout.
Passé cette sensation qui ne gâche pas le visionnage, on se retrouve tout de même devant un beau morceau esthétique, nombreux sont les plans qui en jettent, malgré les effets spéciaux presque tiré de jeux vidéos par moment. Cet aspect-là renforce l'onirisme du film en même temps, les couleurs ultra riches, les animaux modifiés, le phare de fin, comme l'accomplissement d'une quête, ces décors presque féeriques, le film découpé en chapitres, ça me tombe dessus là mais ça ressemble à un jeu vidéo en fait le bazar...


Nous voilà donc face à un film qui mélange bien des aspects, entre une sensation de Predator, Aliens, dopé aux pinceaux. Nous avons droit à l'action, le mystère, l'aventure, la folie, l'angoisse, le divin limite. Annihilation est clairement un film qui joue avec les thèmes, involontairement peut être.
Natalie Portman, bad ass, porte l'œuvre sur son dos, sorte d'élue si on peut dire. Elle s'avère classe même si la prestation n'est pas sa plus étonnante. Jennifer Jason Leigh pour ce qui est de son cas, c'est le genre de femme bad ass en robe tu vois... donc en tenue militaire bah c'est du bonhomme quoi. Oscar Isaac évidement, qui avait tellement un look dément dans Ex Machina ici arbore un rôle complexe et maîtrisé.


En bref, que voilà un trip onirique efficace malgré sa direction très intimiste, minime même, au visuel qui claque, la réalisation est vraiment propre. Les effets spéciaux sont tantôt trop lyrique, tantôt géniaux, je pense notamment aux animaux ou à la dernière partie du film, intense d'ailleurs.
La bande originale elle, est surprenante, je ne m'attendais pas à un tel mélange, assez étrange d'ailleurs, sans doute pour jouer sur la beauté et l'horreur en même temps. En effet certains thèmes paraissent très joyeux, trop beaux, ce que je peux comprendre mais d'un autre coté on se retrouve avec quelques partitions ronronnantes comme j'adore, presque extraterrestres, celles-ci sont fabuleuses.


Annihilation n'aura beau pas rester dans les mémoires très longtemps, du moins je l'imagine, il n'en est pas moins un film plaisant, bien foutu, à la fin comme je les aime, mais qui ne me fera pas réfléchir encore trois mois, surement du à cette superficialité ambiante.

-MC

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