Le film commence comme un Woody, se termine comme un Woody, a l’humour, la musique et les personnages d’un Woody. Cependant, "Anything else" est unique. Normalement, pour incarner son personnage, Woody le fait lui-même, ou demande à un acteur de le faire pour lui. De jouer son double. Dans "Anything else", le vrai Woody est là, et son double aussi. Woody le vieux donne des conseils à Woody le jeune, pour qu'il évite de faire les mêmes erreurs. On a alors l’occasion de poser, une nouvelle fois, notre regard sur Woody et, simultanément, de le voir regarder vers son passé. Par ce stratagème, "Anything else" joue un rôle à part dans son œuvre.
Par ailleurs, le fim se distingue des autres par sa photographie. Le film est la première collaboration de Woody avec Darius Khondji, le chef opérateur de "Seven", "Fight Club" et "Panic room" de Fincher (avant qu'ils ne se fâchent, malheureusement), de "Delicatessen" de Caro et Jeunet, et de bien d’autres. Il a aussi travaillé sur "Minuit à Paris", "To Rome with love" et même "Magic in the moonlight". Il peut arriver qu’en regardant un film, les couleurs et les cadres semblent plus beaux, plus soignés. Comme si chaque plan pouvait faire une photo magnifique. Quand cela survient, on attend le générique de fin, et on lit le nom de Darius Khondji. Les scènes dans l’appartement de Jerry présentent une lumière et des couleurs merveilleuses et infiniment poétiques. Woody sait faire des films, mais il sait aussi à qui s’adresser.