Argo
7
Argo

Film de Ben Affleck (2012)

Après Gone Baby Gone et The Town, Ben Affleck s’impose une fois de plus en réalisateur modèle. Sa propension à s’auto-caster (ou un membre de sa famille) est presque excusée par la qualité d’Argo qui allie sobre réalité historique, humour et suspense avec une simplicité désarmante.

L’histoire est basée sur des faits réels qui se sont déroulés lors de la crise iranienne des otages de 1979 mais n’ont été révélés au public qu’en 1997.

Une des forces d’Argo est son sens du détail, car au-delà d’une volonté évidente de mettre le spectateur sur le grill du suspense via une exagération des situations à risque, Affleck s’est attaché à respecter de nombreux faits historiques datant de l’époque. Ainsi, tel un James Cameron méticuleux, il choisit ses acteurs en fonction de l’apparence des personnages de l’époque, qui arboraient un look furieusement end of 70s à grand renfort de lunettes immenses et moustaches improbables. Plus intéressante encore, l’atmosphère des révoltes iraniennes retranscrite à partir de documents d’époques, de photos.

Où Affleck a su faire la part des choses tout en restant fidèle à l’histoire, c’est qu’il a su y injecter la juste dose de suspense afin de tendre son spectateur au point qu’il en sortira avec une absence d’ongles manifeste. Sur le site web de la CIA, de son côté, Mendez affirme que l’opération s’est passée “comme sur des roulettes” (as smooth as silk), mais cette petite dérive du réalisateur au service du spectacle ne me choque pas et m’a permis de ressortir de la fameuse scène “de l’aéroport” complètement épuisée et les larmes aux yeux d’avoir dû subir une telle pression. Meilleur réalisateur qu’acteur ? Argo nous ferait en tout cas presque oublier quelques rôles plus qu’embarrassants pour Ben (qui d’autre a pensé à Daredevil ?).

Un troisième long-métrage presque parfait pour Ben Affleck, donc, si ce n’est une certaine propension au patriotisme primaire et à l’autosatisfaction sur les 10 dernières minutes, auxquelles il était pourtant parvenu à se soustraire jusque là. On lui pardonne avec une tape sur les doigts, en espérant que sa prochaine réalisation soit le chef-d’oeuvre sur lequel nous l’attendons au tournant.
Filmosaure
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le 23 oct. 2012

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