Ari
Ari

Téléfilm de Léonor Serraille (2025)

Ari est un vertige. Une dislocation — tout se défait devant lui. A voir sur Arte Cinéma.

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On pourrait croire qu’il s’agit d’un simple drame sur un jeune professeur qui vacille. Mais Ari n’est pas cela. Ce n’est pas un récit linéaire. Ari est un vertige. Une dislocation. L’âme, le monde, ce que nous appelons par habitude la “normalité” — tout se défait devant lui. Le concours gagné n’est qu’une illusion : il entre dans le chaos, encore et encore, sans savoir comment en sortir.


Il y a des plans qui suffisent à tout dire. Une main qui tremble sur le tableau. La pluie qui frappe les vitres. Un regard fuyant. La caméra, parfois, hésite avec lui. Elle recule, revient, se perd. Les sons, les néons, la ville entière semblent palpiter sous sa nervosité. Rien n’est naturel. Tout est fragile. Tout menace de tomber.


Chaque rencontre ne résout rien. Jonas, Clara, le père furieux — chacun ravive la même brûlure. On pense au réalisme sensible de Serraille, mais ce mot est trop doux. Ce qu’elle filme n’est pas le détail, ce n’est pas la vie ordinaire. C’est l’état d’un homme qui vacille. C’est la ville comme un miroir brisé. La fiction devient introspection. Le film tourne, il n’avance pas. Et nous, nous suivons Ari sans guide, sans carte.


Andranic Manet est Ari. Pas un héros. Un spectre d’homme. Il porte la fatigue, la peur, la lucidité. On sent, dans son silence, le tremblement de l’existence. L’hôpital, la rue, l’errance : tout est exil. Ari n’est pas malade. Il voit la folie d’un monde qui prétend que tout doit tenir debout. La caméra le suit, mais parfois s’éloigne. Comme pour respirer. Comme pour lui laisser un espace.


Il y a des hallucinations. Une silhouette, un oiseau, la rumeur d’un jardin. Fugitives. Elles passent, elles disparaissent. Et pourtant, elles valent plus que mille dialogues. Serraille ne juge pas. Elle regarde. Elle ne relève pas le chaos, elle le laisse exister. Elle ne corrige pas Ari. Elle le laisse flotter. Et nous avec lui.


Il n’y a pas de fin. Juste un plan sous la pluie. Ari immobile. Nous aussi. Silence. Attente. Le monde pourrait recommencer. Ou rester en suspens. L’apocalypse intime ne fait pas de bruit ici. Elle s’insinue doucement, et c’est elle que nous portons quand nous quittons le film.


Ari est un film fragile. Un film qui vacille. Comme son héros. Comme nous.


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Le-General
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il y a 1 jour

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