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Des tranches de vie entre hyper-réalisme et surréalisme

Asphalte met en scène des tranches de vie autour d'habitants d'un immeuble sordide dans une banlieue sinistre, déshéritée et coupée de tout. Trois paires d'acteurs. Je retiens surtout la performance du lunaire Gustave Kervern, dont la seule présence rend tout à la fois pathétique et poétique, agaçant et touchant. Son rôle, en fauteuil roulant, n'est pas si éloigné de celui du magistral Aaltra... Il faut le voir répondre, à l'infirmière à qui il fait croire qu'il est photographe pour le National Geographic, et qui lui dit qu'il a dû faire le tour du monde, "les trois quarts...".
Mais si on peut saluer, outre Gustave Kervern, les interprétations d'Isabelle Hupert, et surtout Valéria Bruni-Tedeschi, ce n'est vraiment pas le cas du jeune qui interprète un lycéen livrée à lui-même... Il n'est pas crédible, et surjoue beaucoup trop, avec une aisance féline affectée qui confine à l'arrogance. On ne croit pas un instant qu'il puisse être un pauvre ado de banlieue, il fait vraiment trop fils de bonne famille des beaux quartiers, qui chercherait à briller dans des scènes au cours Florent ou autre. Dommage car il a quand même une vraie présence.
Ces trois histoires nous plongent dans un quotidien hyper-réaliste (l'assemblée de co-propriétaires) qui devient vite un peu surréaliste, décalée, presque onirique par moments. Pour autant, c'est par moments maladroit ou laborieux, ça ne fonctionne pas toujours.
Certains procédés narratifs sont intéressants. Par exmple la manière très BD dont fonctionne le personnage de Gustave Kervern. Il voit un vélo d'appartement chez des gens. La scène d'après, on voit qu'il en a acheté un. Il s'endort dessus, la scène d'après, sans explication ni rien, on le voit à l'hôpital, puis de retour chez lui en fauteuil roulant. Chaque scène n'a duré qu'une seconde, et elles forment, à la manière de vignettes, un enchaînement assez cocasse. De même, en parallèle à cette histoire de vélo d'appartement, on voit le lycéen rouler à vélo sur une route. Puis le cosmonaute rouler sur un petit tapis roulant pour s'entraîner.
On voit se rapprocher des personnages en apparence complètement dissemblables, mais qui réussissent à s'entendre malgré les divers problèmes de communication, et qui en tous en commun, finalement, de ne pas être d'ici, en marge, pas intégrés, d'une manière ou d'une autre. Le solitaire et misanthrope Gustave Kervern se rapproche de l'infirmière de nuit désabusée. Le lycéen livré à lui-même, de l'actrice vieillissante et déchue, oubliée de tous. La femme originaire d'Algérie, du cosmonaute américain, tombé (au sens propre) ici par accident et complètement désorienté...
On sent bien derrière, donc, un message sur la possibilité de se rapprocher malgré les différences, et de trouver avec qui partager même quand on est rejeté. Message positif mais un peu simpliste. La fin nous semble aussi nous suggérer qu'il faut être capable de faire le deuil, lâcher le passé, savoir partir, se mettre à nu sans artifices, et tout s'éclaire (le mystère des bruits inquiétants et récurrents).

Spellbound
6
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le 14 juin 2019

Critique lue 92 fois

Spellbound

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