Quand les Yamakazis se baladent au milieu de l'inquisition espagnole...

Assassin's Creed est l'adaptation, tant attendue par certains (je précise que ce n'était pas mon cas), d'une saga mythique du jeu-vidéo portant le même nom. Ayant plus ou moins enterré ma carrière de branl... joueur professionnel plus ou moins à l'époque de la sortie du premier volet, je dois avouer en connaitre les images, les codes graphiques mais pas grand-chose du scénario. Et à la vue du film, apparemment rien du tout du scénario! Je suis donc rentré dans la salle obscure telle une vierge effarouchée, et je dois bien avouer être ressorti en boitant...


L'histoire est basique (surtout quand je la résume parce que bon, hein) : Fassbender est un condamné à mort dont l'exécution est mise en scène car celui-ci est récupéré pour ce qui semble être une expérience scientifique très (beaucoup trop, disons le) poussée qui a pour but de replonger dans les souvenirs de ses ancêtres pour revivre leur vie.


Ah ouais, quand même? Il y a un moment où quelqu'un se demande comment c'est possible de récupérer la mémoire des gens qui ont disparu bien avant que l'électricité n'ait été inventée?
-Non, personne. Apparemment tout le monde accepte sans broncher qu'en 2016, la mémoire génétique est facilement accessible et d'une précision hallucinante sur des générations et plus loin encore à l'heure où on ne comprends pas la moindre chose à propos du cerveau... Mais soit, ce détail mis de côté, ok. Allons-y!


Donc cela tombe bien parce que notre ami Fassbender semble être le descendant d'une guilde d'Assassins se battant contre les Templiers voulant contrôler les masses.


Il y a un moment où les Assassins se voulant protecteur de l'univers et donc représentant le bien se sont posés la question que s'ils changeaient de nom, cela les aiderait peut-être à clarifier leur bienfait pour l'humanité plutôt que d'avoir l'air d'être les méchants quand manifestement ils sont supposés être les gentils de l'histoire?
-Mais tu vas la fermer, oui?!!


Je disais donc que cela tombait bien pour Fassbender d'autant plus que son ancêtre semble être le dernier possesseur connu d'un objet appelé pomme d'Éden et renfermant la clef du libre arbitre de l'humanité. Ouais... Alors, comment dire? Ouais...


J'ai un énorme problème avec ce film, c'est que bien que je tiens plus ou moins à mon libre arbitre, je ne me suis jamais senti concerné ne fut ce qu'une fraction de seconde par tout ce qui se passait à l'écran. Fassbender ne livre pas une mauvaise prestation et Marion Cotillard (qui arbore une coiffure lui donnant un côté étonnamment sexy que je ne lui avais jamais connu) fait de même de son côté. Le truc, c'est qu'ils incarnent deux personnages qui ont l'air hyper intéressants ayant connu tous les deux un drame dans leur enfance (l'assassinat de leur mère) et ayant façonné des personnalités très différentes mais semblant se comprendre, voir même donnant l'impression de vouloir se compléter. Et là, on arrive au moment où en fait le film n'en a rien à faire des sentiments et cie, et décide de déshumaniser l'entièreté de l'histoire. Du coup, on est vraiment spectateur de l'action sans entrer à aucun moment dans le récit. Ce qui peut marcher si le film est réellement divertissant, mais ça, c'est un autre problème...


Fassbender se retrouve donc plonger en pleine époque de l'inquisition espagnole ce qui offre des scènes vachement jolies de cascades farfelues au milieu de splendides décors (et qui donne véritablement une action ressemblant au gameplay d'un jeu-vidéo). Par contre, je pensais qu'en fait le jeu se déroulait intégralement dans le passé mais apparemment ce n'est pas le cas vu qu'au moins les 2/3 du film se déroule à notre époque, ce qui est dommage car au final, on ne retiendra du film que les scènes dans le passé. Scènes qui manifestement bénéficient d'un soin bien plus poussé que le reste du long métrage. Pourtant le film aurait gagné à abréger les scènes dans le présent surtout avec des dialogues vides ne servant manifestement qu'à faire du remplissage; et à prendre le temps de poser la caméra dans le passé. Car de cette époque, nous n'aurons que de l'action non-stop et malheureusement nous n'en ressentirons donc jamais l'atmosphère ou les enjeux historiques se déroulant tout autour...


L'Animus est donc la technologie permettant à la personne de revivre une vie passée inscrite dans sa mémoire génétique. Cela offre de nombreuses possibilités et surtout cela nous amène sur une pente assez sympathique mais très glissante : qui contrôle qui? L'hôte ne peut que revivre les moments passés en suivant le rythme donné ou celui-ci peut prendre virtuellement les choses en mains dans la situation virtuelle à laquelle il fait face? C'est quelque chose que l'on ressent à travers les hallucinations du personnages (traces résiduelles de la synchronisation des mémoires) et qui constitue le seul élément apportant une légère profondeur au film. Néanmoins, on aura une perpétuelle impression qu'au final, notre ami assassin n'a aucune liberté de mouvement, ce qui déshumanise encore plus un récit qui est déjà pauvre en la matière.


Donc malgré une esthétique très belle dans les décors que ce soit dans l'opposition d'une prison moderne, froide et épurée servant de lieu de détention pour l'achèvement scientifique ou dans une Espagne riche, détaillée en proie à une inquisition ravageant ses propres rangs; la sauce ne prend pas. Le casting n'est pas suffisamment exploité pour que l'on s'investisse dans leur histoire. On ne peut pas dire que ce soit mauvais, mais on ne peut pas parler de réussite non plus. Alors adapter un jeu en film pour ne pas humaniser le moins du monde son ressenti n'a que de peu d'intérêt à mon sens... Et quand le final peu compréhensible annonce une intention mal dissimulée de faire une suite si les rentrées dans les caisses sont suffisantes, on se dit qu'on va se retrouver avec le remplaçant de la série de films Resident Evil...

MathiasBaum
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le 4 janv. 2017

Critique lue 308 fois

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