Asteroid City est donc le dernier Wes Anderson. Le film raconte l'histoire d'un père, coincé dans une ville/station touristique au beau milieu du désert du Nevada, avec ses trois enfants. Mais en fait, le film raconte aussi la fabrication d'une pièce de théâtre (dont la mise en image constitue donc l'action du film, vous suivez ?), dont l'intrigue fait écho à la réalité de la vie des membres de la production.
Cette double mise en abime constitue à la fois le principal intérêt et la plus grande faiblesse du film. Au delà de l'esthétique reconnaissable entre mille de Wes Anderson, Asteroid City peine à raconter correctement ce dont il veut parler. La création de la pièce est trop cryptique pour être engageante, et l'action du film (tout ce qui se passe, en couleur, à Astéroid City) n'est pas assez vraisemblable pour être passionnante. De trop nombreux personnages trop peu traités, et fleurant bon l'auto-référencement empêchent aussi de comprendre facilement le propos du film.
Pire encore, dans tout ce flou, le style d'Anderson semble se perdre. Véritable signature il y a quelques années, il devient un gimmick à de trop nombreuses reprises tout au long de l'action. L'introduction de la CGI semble pallier certains manques créatifs pour représenter l'action, et si l'artificialité a toujours été une marque de fabrique du style du Texan, certaines images en deviennent résolument cheap dans Asteroid City.
Pour une raison qui m'échappe, Wes Anderson choisit aussi de remplir ses cadres de texte. Panneaux idiosyncrasiques, labels, publicité, menus, la liste est longue des éléments textuels qui s’amoncèlent en permanence à l'écran.
A tel point, que je suis sorti de la salle de cinéma en me demandant si finalement, Asteroid City n'aurait pas fait une bien meilleure BD plutôt qu'un film. Entre les aller-retour entre le Noir et Blanc et la Couleur, l'intrigue multiniveaux et la volonté manifeste de Wes Anderson de nous donner quelque chose à lire, le papier et l'encre lui auraient offert bien plus de possibilités que le grand écran. Sans doute le signe qu'il est temps pour Wes Anderson de se renouveler drastiquement s'il veut rester pertinent.