Semence De Printemps

En matière de folie cinématographique et de concepts pétés du casque les asiatiques sont incontestablement les champions du monde et ce n'est pas Asujaak (The Sperm) qui viendra ternir cette bien belle réputation. Ce film thaïlandais de 2007 réalisé par Taweewat Wantha est une comédie romantique de science fiction qui tourne autour de l'obsession adolescente et de la masturbation.

Asujaak c'est donc l'histoire de Sutin, un adolescent qui tente de percer avec son groupe de rock et qui est totalement obsédé par une jolie actrice et mannequine du nom de Laem Mee. Objet de nombreux fantasmes et rêves érotiques Sutin va finir par véritablement rencontré son idole mais pas forcément de la manière dont il en rêvait...

Et là, vous vous dites que c'est une histoire digne d'Hélène et les Garçons, sauf que Sutin est tellement obsédé par cette jeune femme qu'il finit par se masturber en pleine rue devant une affiche de son idole et ses spermatozoïdes s'envolent pour partir féconder des centaines de femmes qui dans une grossesse express donnent naissance en même temps à des centaines de rejetons avec la tête de l'adolescent. Ces mêmes bébés grandissent en accéléré et deviennent des gamins obsédés par le sexe pourchassant en meute la jolie Laem Mee. Et si ça ne vous suffit pas encore en matière de folie, on trouve dans Asujaak un scientifique fou extra terrestre avec un canon à sperme, un des rejetons qui grandit jusqu'à devenir un monstre géant à la Godzilla, des groupes de rock thaïlandais ou un mec qui se trimballe tout le film avec un type sur le dos façon sac à dos. Le film baigne donc dans une sensation de grand n'importe quoi aussi surprenante que drôle mais malgré les aspects les plus graveleux de son script de malade le film ne sombre jamais dans la provocation facile ni la vulgarité. Sous les oripeaux de la connerie se cache même un message sur le rapport au désir et au sexe des adolescents qui surexposés à une imagerie érotique finissent comme des meutes anonymes de branleurs compulsifs confondant sexe, désir et séduction. Car si elle est drôle, elle est aussi particulièrement flippante cette meute de gamins avec des têtes de puceaux se déplaçant en groupe d'obsédés sexuels, l'aspect très étrange étant renforcé par des effets spéciaux numériques dont la laideur renforce encore un peu plus le malaise. Cette thématique du désir, de l'obsession, du rapport au sexe traversera tout le film puisque le salut de l'humanité viendra de la semence produite par l'amour et non par l'obsession et que les gnomes libidineux s'autodétruiront si ils se masturbent avant d'avoir atteint l'âge requis pour le faire.

Asujaak possède ce merveilleux paradoxe de la connerie intelligente et de la folie raisonnable, le film de Taweewat Wantha réussit souvent le parfait équilibre entre deux extrêmes. Mais surtout le film est vraiment drôle et toujours surprenant à l'image du tout premier rêve de Sutin qui s'imagine star de rock assailli en pleine rue par de jolies jeunes fans avant qu'elles ne deviennent une meute d’enragées digne d'un film d'infectés. Le film s'articule également sur des ressorts de pure comédie romantique avec au cœur du chaos une belle histoire sentimentale entre Sutin et Laem Mee. Le casting est très bon avec Leo Putt en adolescent rocker, rêveur, maladroit et puceau et la très jolie Pimpaporn Leenatupong (J'adoooooore ce patronyme) en objet de toutes les convoitise libidineuse mais jeune fille en quête d'amour.

Asujaak est une jolie démonstration que même quand on fait un film très con, on a le droit d'être intelligent quand même.