Atlantide, l'empire perdu
6.6
Atlantide, l'empire perdu

Long-métrage d'animation de Gary Trousdale et Kirk Wise (2001)

Parlez-en aux fans hardcores de Disney, les périodes en creux de la firme aux grandes oreilles sont discrètement évoquées pour ne pas dire balayées d'un bon coup de taloche.


Ces intervalles à la popularité difficile sont plus généralement pointés du doigt pour leurs contre-performances au box office ou leurs emprunts (plagiats?) réels ou non aux contes et légendes Européens ou Asiatiques. La période Jeffrey Katzenberg, grand manitou de l'animation ne souffrira pas ou peu de ce type de revers. Les réussites économiques mais aussi artistiques de ce que l'on appellera le second âge d'or de Disney de "La petite Sirène" au "Roi Lion" conserveront dans le coeur des adorateurs l'aura nostalgique et toute puissante d'une période pleine de rêves mais aussi de billets verts. Au grand dam, d'ailleurs, de l'ancienne génération de vieux briscards amateurs de pantins de bois, de pommes empoisonnées ou de Dalmatiens dont ce retour au source constitue un viol de jeunesse. L'ère Katzenberg se terminant donc par le triomphe du "Roi Lion" en 1994, les projets suivants bénéficieront également des retombées phénoménales du félin régent. Ainsi de "Pocahontas" jusqu'à "Tarzan", les projets se succèdent alignant critiques positives et bonnes réceptions de spectateurs à l'aise dans les charentaises de Tonton Walt. La réussite ultra codée aurait pu s'éterniser si seulement la firme Pixar et le revanchard Katzenberg désormais patron de "Dreamworks animation" n'étaient pas venu coller un bon coup de pied au cul de l'animation. La montée en puissance de l'image de synthèse aura donné un coup de vieux à la 2D. Jamais en reste, les cols blancs de Disney enquillent projets 3D et animation dite à l'ancienne durant la première moitié des années 2000. Entre opportunisme (Dinosaure) et pathétisme (La ferme se rebelle), la grosse huitre molle relâche les sphincters et en sort une perle : "Atlantide, l'Empire perdu".


Prêt à regagner sa pôle position dans le domaine de l'animation, Disney est enfin décidé à tordre le coup à son algorithme fétiche.


Kirk Wise et Gary Trousdale se posent alors comme les champions capables d'extraire Mickey de sa vilaine passe. Responsables du premier grand succès du second âge d'or avec "La Belle et la bête" puis le "Bossu de Notre Dame" le duo est souvent associé aux autres duettistes Musker et Clements à une différence près, leur attachement à la littérature de la vieille Europe. "Atlantide" puisera autant chez Jules Verne que les deux autres opus ont puisé chez Marie Le Prince de Beaumont ou Victor Hugo. Le projet "Atlantide" va surtout opérer une singulière mutation, celle d'accroitre son potentiel dans le domaine de l'aventure. Toucher enfin cette fibre que Disney a toujours pris soin d'entrenir dans ses récits sans le moindre frein musical ou de sidekick animalier. Étonnant de retrouver dans "Atlantide" la même envie de s'affranchir des sempiternels codes à l'instar d'un autre projet maudit "Taram et le chaudron magique". L'habituelle démarche de remplir toutes les cases au rencard, le projet de Trousdale et Wise les décoche une à une aussi bien sur les choix de format (un faux scope 2:35 est adopté en référence aux Aventuriers de L'Arche perdue) que sur l'abandon de l'idéologie de Disney. La démarche jusqu'au boutiste du duo est aussi de développer le projet aux côtés de références du pulp : Joss Whedon alors co-scénariste du Titan A.E. de Don Bluth et surtout showrunner de la série "Buffy" et le grand Mike Mignola star du comic book "Hellboy". Si l'on attribue le look de "Milo" et ses compagnons aux façonneurs habituelles de gueules Disney que sont Wise et Trousdale, l'aspect anguleux des contours des corps et des visages doit aussi bien à Mignola. De ce constat, les intérieurs de la demeure du vieux milliardaire excentrique Whitmore ne sont pas sans rappeler les bureaux du paranormal de Hellboy avec ses aquariums en second plan.


A la manière de "Dinosaure" qui jouait sur de toutes nouvelles formes plus en phase avec la demande du public, "Atlantide" jouit d'une liberté artistique inédite au sein des studios.


Le 41 ème classique aurait dû être le point de départ d'une série en forme de sérial. Une toute nouvelle orientation qui aurait permis à la firme d'aborder un versent plus adulte avec en ligne de mire "20 000 lieues sous les mers" de Fleischer, "Voyage au centre de la terre" de Lewin ou le Indiana Jones du tandem Lucas/Spielberg. Un univers rétro-futuriste séduisant lardé de mercenaires et de créatures subaquatiques. Un joyau à retrouver dans les eaux profondes de l'Islande et modèle non avoué d'un certain James Cameron pilleur de son état pour son célèbre "Avatar".

Star-Lord09
8
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le 10 avr. 2020

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