Film Aldrichien pur jus, contenant toute l’essence de son cinéma : violence, rage, lacheté, aliénation, corruption, bassesse, trahison, … Attaque est un film de guerre en gros plans, un film de guerre au plus près des corps, qui les regarde s’enfoncer dans la fange du conflit, noyés dans une boue psychologique, empêtrés dans une mare de tourments intérieurs.
Comme souvent chez le cinéaste, le cadre prend la forme d’un espace scénique théâtral, qui permet aux personnages d’accentuer leurs comportements outranciers. Gros travail sur les corps relayé par la morphologie importante des acteurs : le très tranchant Jack Palance face au rond Eddie Albert. Presque tout le film se déroule en intérieur, en huis clos, d’une maison à l’autre. Il y a bien quelques scènes en extérieurs, mais celles-ci évoluent également dans un cadre très resserré, noyées dans la fumée ou obstruées par des murs. Le noir et blanc très constaté ajoute à la claustrophobie et à l’enfermement psychologique des personnages.
Le principal conflit est moral et le constat est terriblement humain. Si le cinéaste souligne et accentue les bassesses humaines, le film tournant principalement autour de la lâcheté et de l’arrivisme du capitaine Cooney, il ne pose pas non plus sur ses personnages un regard cynique et expéditif, il les filme tous comme des humains, avec toutes leurs facettes. Et conclue même son film sur une touche optimiste.