Telle une maraude, le réalisateur redonne de la visibilité à ceux qui n’en ont plus.

Ils sont les exclus de notre société, « les invisibles » comme ils se définissent, ils vivent en marge, dans une tente de fortune, sous un carton, sur une couverture miteuse, sous un pont, dans un squat ou dans le métro. Vivent de la manche ou font les poubelles pour se sustenter. Claus Drexel est allé à la rencontre des sans-abris pour leur donner la parole.


Nous les croisons chaque jour en allant au travail, au détour d’un couloir dans le métro, ils font tellement parti de notre quotidien que l’on a fini par ne plus y faire attention. Jeni, Wenceslas, Christine, Pascal, Jean-Michel, Marco et bien d’autres se livrent face caméra et nous dévoilent leur quotidien et leur ressenti sur leur condition et la façon avec laquelle ils sont traités, voir (dé)considérés.


Bien loin du Paris de carte postale, le Paris de Claus Drexel est désert, nous ne verront jamais ses habitants, uniquement les sans-abris, vivants de brics et de brocs, qu’il pleuve ou qu’il neige, ils tentent à leur manière de survivre dans cette jungle hostile qu’est « la plus belle ville du monde ». La magnifique photo signée Sylvain Leser permet retranscrit à merveille Paris, les plans sont de toute beauté, on découvre un Paris comme rarement on aura eu l’occasion de le voir, sous la pluie ou sous la neige avec la réverbération des lampadaires, comme vidé de toute substance, de toute vie. Ces magnifiques plans ne font que renforcer la rudesse de la vie en extérieur, de l’Arc de Triomphe en passant par l'île Saint Louis, du Louvre au Jardin des Plantes, telle une maraude, le réalisateur redonne de la visibilité à ceux qui n’en ont plus, à travers de vibrants portraits, touchants et humanistes. Le film se clôture sur Henri, personnage mutique, arpentant les Champs-Élysées pieds nus et dormant dans le tunnel routier qui passe sous l’Arc de Triomphe, une séquence qui se passe de commentaire mais qui vous glace le sang.


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le 7 janv. 2022

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