Herman Melville, jeune écrivain passionné par la mer, décide un soir d'aller frapper à la porte de Thomas Nickerson, le dernier rescapé de l'Essex, un baleinier jamais revenu au port pour de mystérieuses raisons. Nickerson se lance alors dans le récit d'une des plus célèbres légendes maritimes, celle d'un cachalot géant qui détruirait les navires venus remplir leurs barils d'huile.
Il est à l'époque âgé de 14 ans et embarque un peu malgré lui dans cette histoire qui le traumatisera à vie, aux côtés du Capitaine Pollard et de son second Owen Chase.


C'est en revanche avec envie que le spectateur embarque sur le baleinier, à la recherche d'aventure et de sensations fortes, et il n'est pas déçu.


Fidèle à moi-même, je reste cette fois encore très friande des décors, des reconstitutions, des costumes : les navires sont impressionnants, les baleines très bien faites, les émotions parfaitement transmises ; on s'y croirait vraiment comme on dit.
Les trois acteurs principaux sont également tous très bons dans leur rôle. Chris Hemsworth a troqué son bouclier et sa tenue bleue électrique contre une tenue de corsaire et un harpon, pour le plus grand plaisir des femmes. Toujours un peu cliché il faut l'admettre, il correspond tout de même parfaitement à ce rôle de second capitaine téméraire et déterminé. Benjamin Walker (que l'on avait déjà vu dans le navrant Abraham Lincoln, chasseur de vampire) ne crève toujours pas l'écran par sa présence mais il est lui aussi tout à fait en accord avec son personnage de capitaine aristocrate, imbu de lui-même mais désireux de bien faire. Enfin, le dernier membre du commandement de l*'Essex*, le lieutenant Matthew Joy, incarné par Cillian Murphy, que je refuse de devoir encore présenter vu le charisme et la classe qu'il dégage (et dont le summum est atteint dans la génialissime série Peaky Blinders).
Tiercé gagnant donc côté casting !


Côté scénario, là encore il n'y a pas grand chose de surprenant lorsqu'on connaît déjà l'histoire de Moby Dick ou celle écrite par Nathaniel Philbrick en 2000 et dont le film s'inspire directement. Pourtant, tout fonctionne. La première partie du film dans laquelle commence la traversée vers les repères des cétacés, où l'on découvre les personnalités, la vie sur le navire, les enjeux d'une telle chasse, nous immerge totalement dans la légende. La mise à mort du premier cachalot met particulièrement mal à l'aise, cela étant aujourd'hui impensable dans nos mentalités d'européens, mais il faut avouer que la scène est réussie. Celle suivant, lorsque le pauvre mousse doit rentrer dans la dépouille, n'étant pas plus réconfortante. Mais cela contribue sans aucun doute à nous mettre dans la peau de ces baleiniers qui ont organisé toute leur vie autour de ces monstres marins et dont cette dernière dépend désormais.
La seconde partie du film, dans laquelle nous découvrons enfin l'immense cachalot tient elle aussi ses promesses. J'avais très peu de voir surgir un animal de 100m de long, blanc comme neige et aux yeux injectés de sang, un animal qui aurait ainsi assuré au spectateur qu'il s'agissait bien d'un mythe et non d'une histoire qui aurait réellement eu lieu. Et bien ouf ! Ce n'est pas le cas ! Celui qui sera plus tard appelé Moby Dick par Herman Melville est en effet très impressionnant en ce fait qu'il est réaliste. Il s'agit réellement d'un cachalot géant, d'une baleine normale mais dont la taille aurait été multipliée par 3 ou 4 ; et c'est tant mieux car cela donne un minimum de crédibilité au récit, cela laisse la possibilité au spectateur de croire en son existence.
Les scènes où il attaque les bateaux puis les pirogues sont également plutôt réaliste, pour notre plus grand plaisir. Le cétacé ne détruit pas tout sur son passage ni ne traque advitam eternam les marins mais il protège son espèce lorsque c'est nécessaire et garde toujours en ligne de mire ceux qui pourraient attenter à sa vie. C'est ainsi qu'une légère pression, un léger stress se fait sentir sur l*'Essex* autant que dans la salle de cinéma, dès que l'on aperçoit au loin un peu d'écume, sous-entendant la présence du cachalot.
La troisième partie, qui voit les naufragés tenter de survivre comme ils peuvent en espérant revoir un jour leurs familles est je pense la plus brouillon. L'agonie des personnages, les actes affreux auxquels ils sont contraints de se livrer, les éléments qu'ils doivent affronter la rende tout de même très prenante, angoissante, mais alors qu'il passe l'équivalent de plusieurs mois dans les deux premières parties du film, la troisième réuni plusieurs années. Au niveau du scénario également, l'intrigue se dénoue très rapidement et, ne souhaitant pas spoiler je ne dirai pas grand chose, la dernière scène où l'on voit le cachalot m'a laissée perplexe.


En résumé, bien que ce ne soit pas le film de l'année, regarder Au coeur de l'océan c'est se garantir un bon moment, pour les yeux et pour la soif d'aventures.

JustineWind
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le 20 déc. 2015

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Justine Wind

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