Dès la première scène, la femme vivant seule dans un coin reculé qui s'absente et laisse sa maison à sa sœur et sa nièce préfigure l'immense solitude des protagonistes et le thème principal du film. Aucun des personnages n'apparaît marié ou en couple, si un seul, mais la question du mariage le dérange et on comprendra rapidement pourquoi. Tous les hommes et femmes qui nous sont présentés sont étonnamment seuls et maladroits en amour, victimes de leur hésitations et de leurs mauvais choix, des choix qu'ils n'arrivent pas à surpasser et sur lesquels ils reviennent timidement.

Ukishi, le père raté, qui ne sait pas trop où il en est avec les deux sœurs. Mikie, la traductrice qui hésite entre le professeur et l'ancien amant, et que l'on sent profondément partagée entre le Japon et son pays de cœur, l'Indonésie. Sakuko, la jeune étudiante, tellement maladroite en amour du haut de ses dix-neuf ans qu'elle en apparaît que pathétique, sentiment renforcé par le fait qu'elle a l'air absolument paumée dans la vie. Takashi, encore plus gauche qu'elle, qui s'apprête à vivre une sérieuse déconvenue... Quel portrait d'un Japon en pleine dénatalité ! Au milieu, deux hommes sortent du lot, ils sont puissants -- un conseiller municipal et un professeur renommé -- et avilissent des femmes deux à trois fois plus jeunes qu'eux en les traînant dans des love hotels.

Toute l'hypocrisie d'une société en trame de fond de l'oeuvre de Fukada : des gens bons en apparence, mais en apparence seulement ; la magouille autour du love hotel qui n'en est officiellement pas un mais que les édiles fréquentent assidument ; l'empathie des étudiants pour la cause anti-nucléraire et la discrimination d'un des leurs parce qu'il est un transfuge de Fukushima.

Derrière les tons clairs et chaleureux de l'été et une relative frivolité, Fukada adresse des critiques au vitriol à une société japonaise mal dans sa peau.

Yushima
7
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le 4 nov. 2023

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Yushima

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