"Peu importe où, quand et dans quelles circonstances, un cinéaste indépendant crée ou pense à la création. Nous sommes des cinéastes indépendants." Ainsi s'exprimaient, dans une lettre ouverte destinée aux organisateurs du Festival de Venise 2022, les réalisateurs iraniens Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof, depuis leur prison. Le premier nommé a tourné clandestinement Aucun ours avant son incarcération, mélangeant avec brio des éléments de sa propre situation, dans un petit village frontalier de la Turquie, alors qu'il dirige de loin, et par écran interposé, une fiction. L'abyme ne fait pas (que) le moi dans cette œuvre à plusieurs entrées, d'une richesse infinie, entre traditions d'un petit village de l'Azerbaïdjan iranien, l'exil et une réflexion profonde sur le poids des images, réelles ou mensongères. Panahi est attaché viscéralement à la liberté et à son pays, qu'il aurait pu quitter, et ne peut certainement pas verser dans l'optimisme mais derrière la noirceur, il laisse s'échapper dans Aucun ours un humour salvateur, basé sur l'absurde et l'humanité à géométrie variable de ses personnages. Quand la réalité et la fiction s'unissent, c'est toute la volonté de combattre par la création artistique qui transparait dans un film étonnant qui ne peut pas, ne doit pas, être le dernier de Jafar Panahi.

Cinephile-doux
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le 26 nov. 2022

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