Ozu revival
Si, si, Ozu, aussi bizarre que cela paraisse… Un veuf, depuis plusieurs années, dont le fils est désormais élevé, encouragé par ce dernier, décide de se remarier. Non sans hésiter. A cette fin, il...
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le 27 déc. 2014
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Depuis que j’avais entendu parler du film Audition, j’avais cette curiosité un peu cynique... D'autant que j'avais déjà tenté un visionnage il y a longtemps et j'avais abandonné un peu avant la moitié... J'ai donc voulu me relancer dans l'aventure et lui laisser pleinement une chance, pour me rendre compte que ça démarre tout tranquille, drame sentimental et puis au détour du temps ça bascule.
Pourtant, même en sachant qu’il allait basculer, via l’affiche, le visuel, mes recherches, le fait que je l’aie croisé sur la plateforme Shadowz, j’ai été pris par surprise. Parce que ce saut d’un genre à l’autre, ce glissement du tendre au cauchemar, est véritablement maîtrisé. Je l’ai vraiment ressenti comme une glissade imperceptible qui finit par nous happer.
Ce qui m'a conquis en premier, c’est la retenue dans les interprétations, les personnages parlent peu, agissent en surface, mais quelque chose bruisse sous la peau. On a rarement droit à des excès d’acteur, on est dans le sous-texte, dans l’inquiétude silencieuse. Franchement, pour avoir l'habitude de voir trop de sur-jeux dans les productions Japonaises, c'est très étonnant.
Dans le même ton que le doublage français, sans fanfare, m’a agréablement surpris. Typiquement je suis méfiant des versions doublées d'avant les années 2000 mais ici, ça tient et ça accompagne bien l’ambiance.
Sur le plan visuel et formel, c’est aussi une belle claque, la caméra prend le temps, l’ambiance s’installe, la lente montée en tension fonctionne pleinement. On sentirait presque l’inspiration des gros films de genre américains de l’époque-même si on est au Japon, on sent que le réalisateur veut cette ampleur. Cette façon de faire patienter, de capter l’œil, de filmer l’attente, ça donne une texture rarement vue dans l’horreur japonaise grand public de l’époque.
Et justement, ce qui m’a vraiment emporté, c’est la façon dont le film explore la peur masculine de la femme, de la sexualité féminine, cette objectification qui se retourne, cette culpabilité masculine qui ronge. Dans un Japon déjà très particulier quant à ces dynamiques, le film ne fait pas dans la demi-mesure chez ses intentions. On sent un désir clair de mettre en lumière ces mécanismes de genre. Et que celui-ci occupe aujourd’hui une place de film culte dans le cinéma d’horreur japonais, influe sur des générations de réalisateurs, ça donne encore plus de poids à ce qu’il raconte.
Y'a même une petite vibe silent hill sur ces derniers instants et même si j'ai pu lire que ça a déplu à beaucoup, j'ai adoré cette partie et continue de creuser plus loin dans le contrats, entre la belle rencontre et l'horreur psychologique.
(il devrait d'ailleurs beaucoup plaire aux fans de Silent hill 2 à mon avis)
Mais, parce qu’il y a un « mais », j’ai aussi été freinée par certaines longueurs.
Le film dure deux heures, or pendant une bonne heure j’ai eu l’impression d’attendre que ça commence vraiment. Et si l’on pousse la logique, l’histoire pourrait se résumer en cinq minutes « il fait audition, elle apparaît, tout bascule ». Alors oui, certes, la lenteur fait partie du dispositif, elle installe l’angoisse, mais je peux aisément imaginer combien cela peut en rebuter plus d’un. Cela m’a parfois fait décrocher.
Et puis la violence finale... Extrême, oui, indéniablement. Mais elle n’apporte pas une réponse claire, pas de morale évidente. Ce parti-pris peut être salué pour son audace, son refus de donner des clefs toutes faites, mais de mon côté ça m’a laissé un peu en suspens. Le contraste est intriguant mais… je me suis dit que ça tuait un peu le film dans son élan... Oui je l’ai aimé, mais avec cette réserve.
Au fond, je comprends pourquoi Audition a pu marquer son époque et devenir cette référence que tout le monde cite quand on parle d’horreur japonaise. Je vois très bien ce qui a fasciné en 1999, et ce qui continue d’alimenter son aura de film culte. Mais avec mes yeux d’aujourd’hui, le film me laisse un sentiment plus retenu. J’ai passé un moment intéressant, parfois même captivant, mais pas un moment exceptionnel. Je ne ressens pas cette évidence qu’on a parfois face à des œuvres intemporelles.
C’est un film qui m’a plu par à-coups, qui m’a accroché par sa mise en scène, par ses idées, par sa façon de glisser vers l’horreur. Et en même temps, une fois le générique arrivé, je me suis retrouvé dans un état assez calme, presque neutre. Pas déçu, pas emballé, juste… content de l’avoir enfin découvert.
C’est peut-être ça, au fond, Audition en 2025, une curiosité qui mérite d’être vue pour ce qu’elle représente, un film intéressant qui contient de beaux instants, mais pas un choc durable.
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Si, si, Ozu, aussi bizarre que cela paraisse… Un veuf, depuis plusieurs années, dont le fils est désormais élevé, encouragé par ce dernier, décide de se remarier. Non sans hésiter. A cette fin, il...
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le 27 déc. 2014
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Quel dommage de déflorer la surprise du scénario par une simple affiche ! Même si Audition n'est pas un très grand film, il demeure une oeuvre inspirée, à l'angoisse savamment distillée et au mystère...
le 1 sept. 2016
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Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre avec ce film. La seule chose que je savais c'est que c'est un film d'horreur... C'est pour cela que la première heure et vingt minutes environ qui a...
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le 15 oct. 2014
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le 19 oct. 2018
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le 3 juin 2020
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