Avalonia, l'étrange voyage
5.6
Avalonia, l'étrange voyage

Long-métrage d'animation de Don Hall et Qui Nguyen (2022)

J’arrive un peu après la bataille, mais j’avais tout de même envie de faire une critique sur ce film que j’ai vu en début d’année. Vendu comme une aventure épique mettant en scène une famille hors du commun, ce film promettait beaucoup, mais n’aboutit finalement que sur un pet de souris.


Déjà, en tant qu’adulte ayant un peu roulé sa bosse, je peux vous dire que le retournement de situation final ne m’a pas vraiment retournée. Pas du tout, même. Il suffit d’un peu d’observations et quelques souvenirs de vieux cours de biologie (voire, d’avoir vu Il était une fois la vie) pour comprendre où est-ce que ces personnages ont en fait mis les pieds. Quelques indices en spoiler pour ceux qui n’auraient pas vu l’évidence :

la file indienne de cellules rouges qui traverse tout le pays, qui deviennent régulièrement bleues avant d’absorber une bulle qui les font redevenir rouges (= globules rouges), les monstres tentaculaires qui dévorent tout et n’importe quoi sur leur passage (= macrophages) et les petites cellules pâles qui vont les chercher pour leur indiquer quoi attaquer (= globules blancs). Oui, vous l’avez compris : les héros se baladent à l’intérieur d’un animal et se retrouvent confronter à son système immunitaire.


Ayant compris assez rapidement où notre bande d’explorateurs s’était perdue, j’avais émis une première hypothèse sur l’origine de la disparition de ces plantes miraculeuses, basée sur le fait que le grand-père s’amusait à tout passer au lance-flammes. J’y ai momentanément vu un message écolo soulignant que détruire la Nature, au prétexte qu’on n’y comprend rien, était contre-productif (mais en fait, non). Ce message existe bel et bien, mais il est passé, avec la finesse d’un diplodocus, par l’intermédiaire du petit-fils lors d’une partie de jeu de société alambiqué où chacun doit gérer ses ressources pour gagner la partie. Au final, le grand-père n’est pour rien dans la raison pour laquelle tout le monde se retrouve embringués dans cette aventure, mais lorsqu’on connaît le fin mot de l’histoire, on se dit quand même qu’il est surprenant qu’il ait survécu aussi longtemps.


Ca, c’était pour l’environnement. Maintenant, pour ce qui est du scénario, on est sur de l’histoire de famille pure, avec ses conflits générationnels qui se reproduisent à tour de bras, chaque père répétant les mêmes erreurs que le précédent sans s’en rendre réellement compte. Nous avons donc le grand-père qui pense que s’intéresser à la botanique, c’est un truc de chochotte, et le père qui pense que partir à l’aventure au hasard, c’est un truc de gros bourrin bas du front. Je vous laisse imaginer à quoi aspire le petit-fils. Et… c’est tout. Oui, ce film, c’est juste un repas de Noël un peu animé qui se déroule dans un vaisseau spatial, avec des créatures roses et gélatineuses qui batifolent autour. Il n’y a pas de méchant, pas d’enjeu spécialement ambitieux (oui, les habitants vont perdre leur source d’énergie. Oh, mon Dieu, c’est pas comme s’il en existait une palanquée d’autres…) et rien de spécialement épique à dire vrai.


Et je terminerai avec l’argument marketing qui a fait couler tant d’encre virtuelle. Du peu que j’avais vu sur les rares réseaux sociaux où j’accepte de jeter rapidement un œil (très rapidement, parce que j’ai la conjonctivite facile…), ça s’empoignait à tour de bras entre chaque microcosme pour savoir quelle communauté était plus représentée que l’autre et si oui ou non, Disney essayait de glisser discrètement ce film sous le tapis parce que beaucoup trop éveillé pour les arriérés de basse-cour qui pensent encore que la femme est la représentante du Malin sur Terre, que les handicapés auraient dû tous être noyés à la naissance et que les gens de couleur font partie d’une sous-sous-espèce du genre humain (si, si, ça existe encore des créatures de ce type. Malheureusement.). Bref, ce film se voulait un temps soit peu révolutionnaire sur la représentation des « minorités ». En vrai, vivant en France, près d’une grande ville cosmopolite, la population affichée dans cette œuvre n’est finalement rien de plus que ce que je vois tous les jours en prenant le bus. Donc, niveau dépaysement, on repassera. C’est bien d’avoir payé deux personnes pour s’assurer que toutes les tranches de l’humanité sont intégrées à cette épopée pastel, mais à vouloir absolument tout bourrer aux forceps, ça en devient absolument ridicule.


Ok. Le couple de héros est un couple mixte. Super. Une case de cochée, mais j’ai l’impression de voir défiler toutes les publicités qui passent actuellement à la télé où il n’existe plus un seul couple monochrome (genre, c’est interdit en 2023 de fonder une famille avec quelqu’un qui a la même couleur de peau ou la même origine ethnique que toi).

Ok. Le petit-fils est ouvertement gay et tout le monde s’en tamponne royalement. Super. Encore une case de cochée, même si ça devient absurde lorsque le grand-père (qui ne connaît pas son petit-fils et qui, je le rappelle, estimait que regarder les pâquerettes pousser n’était pas un truc de bonhomme) ne s’imagine pas un seul instant qu’il soit hétéro. Genre, t’es habillé en violet, t’es forcément de la jaquette.

Ok. Le maire est une mairesse et, cerise sur le gâteau, elle est asiatique (et probablement aussi intéressée par la gent féminine). Paf ! Deux cases de cochées, c’est le jackpot !


Et puis, comme il manquait les personnes à mobilité réduite, on a rajouté un chien à trois pattes (je pense que les personnes à qui il manque un membre apprécieront grandement d’être assimilé à un tripède intellectuellement limité…).


Bref, on va être honnête, je me suis ennuyée profondément. C’est beau, c’est techniquement sans fausse note, mais c’est d’une platitude confondante. Il n’y a pas de chanson (bon point), mais la musique est oubliable à souhait (mauvais point). Tous les personnages sont des oursons en gélatine qui se taquinent un peu, mais qui s’aiment tous très fort en vérité (surtout, personne n'est méchant). Les enfants apprécieront sûrement le voyage, les adultes beaucoup moins. En tout cas, pour moi, c’est sans intérêt.

NicodemusLily
6
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le 18 mars 2023

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