It's all been leading to this

Je vais parler de ce film avec une objectivité toute relative puisque celle-ci tend à disparaitre quand je me remémore ce dernier. Ce film est l’aboutissement d’un travail de dix longues années pour les studios Marvel. Durant ces années, Marvel nous a servi un ensemble de longs-métrages, parfois convaincants et innovants (je pense notamment à Avengers) et parfois ternes et conventionnels (je pense ici à Ant Man). Avengers : Infinity War c’est une réunion de super-héros encore plus impressionnante que celle que nous avons vécu dans Avengers (2012) premier du nom. Avengers : Infinity War c’est le méchant le plus impitoyable de l’univers qui vient finalement se mesurer à nos héros favoris. Avengers : Infinity War c’est finalement l’opus le plus attendu pour les fans invétérés de cette saga cinématographique.
Je pense pouvoir affirmer que je fais partie de cette illustre catégorie, attendant avec impatience et crainte la sortie du long-métrage. Une attente générée notamment par les nombreux teasing de Thanos au cours des derniers films et bien entendu par une communication à outrance. Si Avengers : Infinity War n’est pas le seul à en user, il ne déroge pas aux règles d’usages. Finalement, un simple film devient un véritable événement mondial. Les attentes de chacun sont donc régulièrement nourries, nous nous faisons plus ou moins tous un schéma de ce qui pourrait ou ne pourrait pas arriver aux Avengers. Mais générant une telle attente, le principal enjeu va être de pouvoir y répondre avec efficacité. La véritable question pour ce film est donc de savoir : si basé sur les attentes générales, le film se trouve être à la hauteur de nos espérances ?
Non exempt de défauts, les frères Russo me semblent avoir réussi leur incroyable pari.

              Sortant de la séance, je n’avais plus qu’un seul nom à la bouche : Thanos. Bien que présenté comme le méchant des méchants par les studios Marvel, je ne pouvais m’empêcher de ressentir des craintes quant à l’arrivée de ce dernier. Si les héros se trouvent toujours (enfin presque…) être charismatiques, intéressants et uniques, le temps nous a montré que Marvel avait un véritable souci au niveau des vilains. Ces derniers toujours d’une platitude ennuyante (excepté peut-être Loki, mais au vu de Thor : Ragnarok je ne peux vraiment le qualifier de vilain), présentant à peu près toujours les mêmes caractéristiques et surtout très largement oubliables. Alors oui peut-être cela résidé dans les comics, l’origine même des films pourtant cela n’excuse pas tout. Les films sont des adaptations, ils peuvent modifier certains points des différentes histoires à leur guise et finalement au-delà même du comics, les vilains sont peut-être tout simplement victimes d’une mauvaise adaptations récurrentes. Dieu merci, Thanos a échappé à cette impitoyable règle devenant presque le personnage le plus intéressant et bouleversant du récit. 

On ne sait pas si on doit l’aimer ou le détester, on ne sait donc quoi ressentir devant la puissance de ce personnage qui détruit ceux que nous aimons mais qui nous expose sa sensibilité lorsqu’il est obligé d’effectuer le plus lourd des sacrifices pour arriver à ses fins.
Si Thanos est à mon sens le personnage le plus travaillé, ce film redonne une certaine forme de grandeur à un personnage pourtant déjà bien installé tels que Thor. Celui-ci avait une subit une réelle déconstruction dans son dernier film, le privant de son marteau, de son œil et de sa longue chevelure blonde. Infinity War semble ici marquer une sorte de renaissance pour le dieu du Tonnerre, une renaissance qui donne tout son sens au terme « dieu ». Sa puissance prend une toute nouvelle dimension à la hauteur de l’entité qu’il représente. A l’image de Tony Stark, Thor semble être un de ceux qui connait une véritable évolution à travers les différents longs-métrages dans lesquelles il apparait.

Le style des frères Russo restera à mon sens le principal problème de cette œuvre. Nous pouvions déjà remarquer dans Civil War les limites de leurs scènes de batailles, nous offrant de manière générale des combats à peine lisibles. Nous comprenions la finalité d’un affrontement sans en saisir réellement le déroulement. Ici, le principal problème de ces scènes résidera dans le montage. Favorisé par l’abondance de personnages à mettre en scène, ces fameuses scènes de batailles qui se promettaient d’être épiques se retrouvent cutées à outrance. Lorsque

Il était déjà ambitieux de faire tenir autant de personnages à l’écran, mais cela est plus ambitieux encore de vouloir mettre en scène deux batailles différentes au même moment. Bien qu’intéressant pour l’intrigue, elles se retrouvent difficiles à appréhender pour le spectateur. Lorsque nous nous investissons dans une scène, nous sommes propulsés dans une autre complètement différentes dans laquelle il faut s’investir à nouveau. Le rythme est donc éprouvant pour le spectateur.
L’émotion envahit le long-métrage et le spectateur, nous mettant parfois dans un état de réelle détresse. Une des forces du MCU c’est entre autres d’avoir su prendre son temps pour installer son univers, ses personnages… Nous sommes donc attachés à ses différentes personnalités, leur sort nous importe et nous inquiète. Il est difficile de rester de marbre devant la détresse d’un personnage que nous avons pris l’habitude d’aimer durant ces dix longues années. Émotion, certes, mais une émotion favorisée par l’incroyable performance des différents acteurs qui donnent une véracité profonde aux différents sentiments qu’ils laissent transparaître. Si leur réalisation est contestable, il est indéniable que les frères Russo ont un véritable talent quant à la direction des acteurs. A noter, et cela est un fait rare, la bande originale plutôt réussi d’Alan Silvestri. Le MCU est un univers généralement marqué par la platitude et la superficialité de sa bande originale. Bien qu’elle ne soit pas miraculeuse, elle s’avère ici incontestablement efficace. Elle renforce même parfois l’émotion qui se dégage d’une scène.

Finalement, ce film marqué par des problèmes inhérents au marvel cinematic universe, réussi avec une certaine puissance à contenter nos attentes. Dépassant même parfois nos espérances, ce dernier se révèle être un véritable moment d’émotion et de bouleversement pour le spectateur. Un sentiment d’impuissance nous pousse à rester bouche bée et ébahit à l’apparition du générique, quand nous nous rendons compte que le récit a de manière surprenante prit un tournant totalement inattendu et dramatique. Alors je vous conseille de prévoir des mouchoirs et d’aller voir ce film, pour en somme, découvrir l’incroyable résultat de ces dix années de travail et de blockbusters.