Second volet du triptyque sur la psychiatrie, après Sur l'Adamant (2023) et avant La Machine à écrire et autres sources de tracas (2024), le réalisateur Nicolas Philibert continue son immersion au sein du "Pôle psychiatrique Paris-Centre" auxquels sont rattachés l’Adamant et l’hôpital Esquirol, un ancien asile psychiatrique (à l’allure de pénitencier). C’est dans ce dernier qu’il a posé ses caméras et plus précisément dans les unités “Averroès” et “Rosa Parks”.
En mettant les pieds à l’hôpital Esquirol, il nous est impossible de ne pas repenser au film San Clemente (1982) de Raymond Depardon. On y retrouve plusieurs protagonistes déjà aperçus dans L’Adamant, ainsi que bon nombre de nouveaux patients. Des individus tous très différents les uns des autres, perdus dans leurs têtes, persuadés d’être traqués, aux pensées suicidaires et tant d’autres encore.
Cette plongée dans l’univers psychiatrique nous permet d’appréhender davantage les malades, le rapport à leurs pathologies, leurs angoisses, le poids du traitement médicamenteux et l’institution qui peut être vue comme une souffrance pour certains ou protectrice pour d’autres.
Parmi les protagonistes les plus marquants, on retiendra cet homme persuadé d’avoir retrouvé son père et son grand-père (tous les deux décédés) et qui confond ses nièces avec ses filles (alors qu’il n’en a pas), ainsi que cette vieille femme paranoïaque, persuadée qu’on lui veut du mal et qui demande a être rassurée avec un geste tendre, une caresse, un câlin (tout ce que l’institution ne peut lui offrir, en dehors de son traitement). Sans oublier ce professeur qui parle plusieurs langues, converti au bouddhisme et qui s’identifie comme un "caméléon méta-physique".
Comme c’était déjà le cas avec L’Adamant, on retrouve les patients dans divers ateliers ainsi que des groupes de paroles “soignants-soignés”, nous permettant de mieux les cerner et les comprendre. Averroès & Rosa Parks (2024) est une formidable plongée dans l’univers psychiatrique entre thérapeutes et patients et nous offre (une fois de plus) l’occasion de voir la psychiatrie sous un autre angle, toujours de façon bienveillante et attentive.
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