Acteur de théâtre de troisième zone, Stéphane rejoint in extremis le festival d'Avignon, pour jouer une petite pièce de boulevard. Il y rencontre Fanny, une connaissance de stage devenue célèbre actrice classique. Suite à un quiproquo, elle pense qu'il est venu pour jouer Rodrigue dans le prestigieux "Cid"... L'ironie étant qu'elle-même joue dans "Ruy Blas", l'histoire du valet qui se déguise en noble pour séduire la Reine (ou "La Folie des Grandeurs" si vous préférez).
Beaucoup de bonnes idées dans cette comédie estivale sur le monde du théâtre. Déjà, le fait que pratiquement tout le film se déroule à Avignon. L'occasion de montrer cette jolie ville sous divers angles, dont le fameux Palais des Papes. Puis le fonctionnement du festival en lui-même.
Ensuite, "Avignon" amène de manière intéressante le sujet du théâtre. On y voit l'opposition entre le monde des petites pièces de boulevard, populaire et fauché, et celui des pièces classiques, très snobinard (fantasme du réalisateur ou caricature à peine exagérée ?). Mais aussi des parallèles réguliers entre les personnages et ceux qu'ils interprètent. La notion de mensonge et de jeu. Ou la beauté du théâtre classique, même s'il apparait âpre au premier abord.
Ceci dit, ce n'est pas "Edmond", la mise en scène reste relativement simple, et le scénario aurait pu davantage creuser ces aspects. J'ai également un peu de grief vis-à-vis du couple principal. Fanny (Elisa Erka) n'a pas grande caractérisation si ce n'est qu'elle est jolie, célèbre, et snob. Je me demande d'ailleurs ce que lui trouve notre héros ? Tandis que Baptiste Lecaplain n'a pas complètement à mon goût les épaules pour porter une comédie romantique. Sans compter la résolution finale qui semble sortir de nulle part.
Néanmoins le film est drôle dans l'ensemble. Johann Dionnet fait sincèrement rire, sans tomber dans la vulgarité ou la facilité. Et "Avignon" comporte plusieurs seconds rôles ou sous-intrigues bien colorées.
Lyes Salem en metteur en scène stressé et à deux doigt du toxique. Alison Wheeler en épouse qui doute. Johann Dionnet s'est donné un joli rôle de joyeux trublion. Amaury de Crayencour fait très bien le comédien littéraire méprisant au plus haut point les acteurs de boulevard.
Sympathique.