Baaghi 3
5.4
Baaghi 3

Film de Ahmed Khan (2020)

On n’a pas d’idées mais on a Tiger Shroff

Des choses gentilles à dire sur ce film :

C’est beau une histoire d’amitié virile. Que serait l’Iliade sans l’amour noble qui unit Patrocle à Achille ? Rien, pas de passion, pas de colère d’Achille, pas d’affrontement avec Hector au pied du mur d’enceinte de Troie. Rien. Et ça, Ahmed Khan montre qu’il l’a bien assimilé en réalisant Baaghi 3, qui met en scène un héros de jadis, droit, grand, huilé, que l’amour fraternel porte jusqu’en Syrie qu’il promet de rayer de la carte ou presque. Enfin ça c’est dans l’idée, parce que de la grandeur à l’hypertrophie, il n’y a qu’un pas, que Ahmed Khan franchit à la vitesse d’un Gérard Darmon revenant sur son soutien à Gérard Depardieu.

Dans Baaghi 3, l’amour fraternel prend la forme d’un délire d’écoliers ; Achille aka Ronnie, interprété par Tiger Shroff) est le croisement entre Zoolander et Yeon-Woo Jhi (déjà une fusion entre Dwayne Johnson et Miss Corée 2006) ; Patrocle aka Vikram (Ritesh Deshmukh) donne un bon aperçu de ce que serait une hybridation Rob Schneider/Booder créée par Josef Heiter ; la lutte homérique, dépouillée de toute velléité dramatique, consiste en un mano à mano entre Tiger Shroff et non pas un, ni deux, mais trois hélicoptères. Et puis des tanks. Et puis une armée entière. Mais ce déchaînement de colère, il faut le mériter.

Le film se découpe en deux actes. Le premier pose les personnages et montre comment Ronnie se précipite pour botter des culs dès que son grand frère hurle son nom à tel point que même son père s’abstient de corriger ce dernier. Un père flic de son état qui tient la dragée haute aux émeutiers et autres ennemis de la nations et qui meurt dans l’exercice de ses fonctions non sans avoir fait promettre à Ronnie de protéger Vikram sa vie durant... Du père, Vikram a hérité la vocation, la force physique et la force de caractère ont échu à Ronnie qui continue de sauver discrètement les miches de son frangin.

Plutôt orientée comédie, cette première partie n’en oublie pas moins l’action : aaaah il faut voir le virevoltant Ronnie tabasser du gangster dans des hangars, rapide comme l’éclair précis comme... on sait pas trop, les coups loupant systématiquement leur cible de dix bons centimètres. Et cette première partie n’en oublie pas moins non plus une philosophie réac des plus décomplexées. L’une des meilleures scènes du film décrit ainsi comment :

  • Ronnie s’arrange pour se faire embarquer suite à une rixe par son frère et un de ses collègues dont la fille a été assassinée par l’un des voyous de la ville et se retrouver ainsi menotté au dit voyou à l’arrière du panier à salade
  • s’évade en entraînant avec lui l’assassin de la gamine auquel il est menotté
  • légitimant ainsi, avec la complicité de Vikram la vengeance du collègue, en lui donnant l’occasion de flinguer le meurtrier de sa fille devenu fugitif. Le tout conclu avec un salut militaire, une embrassade et un petit gimmick. Parce que c’est ce que les héros font.

Ronnie, entre un bout de romance et un sauvetage de chiot, envoie valdinguer du gangster par grappes de trente tandis que, de coup d’éclat en coup d’éclat, le frangin gravit les échelons et acquiert le statut de super flic. Tout ceci amène donc le plus naturellement du monde les autorités à l’envoyer en Syrie pour poursuivre une enquête sur le trafic d’êtres humains qui gangrène l’Inde.

Et là, point de bascule. Vikram, en pleine conversation téléphonique avec son frangin, dont il a du fait de l’éloignement, perdu l’ombre protectrice, se fait enlever par l’organisation islamiste à l’origine du trafic d’êtres humains. C’est le moment Taken du film. En encore plus con. En témoigne cet échange entre Ronnie et l’un des ravisseurs :

– S’il arrive quoi que ce soit à mon frère, je vous tuerai tous les deux.

– Nous ne sommes pas deux, nous ne sommes pas cent, nous sommes un pays entier.

– S’il arrive quoi que ce soit à mon frère, je le jure sur la tombe de mon père, je raserai votre pays de la surface de la Terre.

Et c’est parti pour l’acte II au cours duquel Tiger Shroff glisse en faisant le grand écart sous un tank, défonce des hélicoptères comme de simples mouches endormies par le froid et exhibe ses pecs huilés à la moindre occasion.

Notons qu’après un ultime appel à « Ronniiiiiiiie » qui débarque une fois de plus péter des gueules, Vikram finit par s’émanciper de la tutelle fraternelle à la vue de Ronnie mis à terre de manière déloyale par le big boss, Abu Jalal (Jameel Khoury), qu’il empalera sans autre forme de procès. Ronnie s’en tire sans gros bobo, les otages sont libérés, même les pakistanais, et Abu Jalala aura droit à sa deuxième mort... tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

Je veux jouer au bingo des clichés avec ce film

Le lien pour jouer : https://www.incredulosvultus.top/baaghi-3

Ou sinon, je regarde juste les 80 ingrédients du bingo de ce film parce que c'est trop cool

Personnage > Agissement

  Répète une phrase 2 fois   –     S’exclament la même chose et en même temps   –   Bagarre > Valdingue à travers une vitre, une palissade, une porte...   –   Bagarre > Brise nuque   –   Coolitude > Est frappé·e par une révélation subite   –   Course-poursuite > Renverse des piles de... pour ralentir ses poursuivants   –   Enlève ses lunettes > avant de parler   –   Mort > Fait une promesse à un·e mourant·e   –   Passe à travers une vitre > pour surprendre ou faire une entrée en scène stylée   –   Souvenirs > Regarde (avec tristesse/nostalgie) une photo de sa femme/son mari/sa fille/son fils   –   Super pouvoir > Ce qui lui a été dit lui revient en tête mot pour mot   –   Tension > Met sa main devant sa bouche ou celle d’un autre personnage pour s’ / l’empêcher de hurler

Personnage > Caractéristique

Blues > Sa femme, sa fille sa mère ou sa sœur est morte   –   Interprétation > En fait des caisses

Personnage > Citation

Menace > « Ne le/la/me touchez pas ! »

Personnage > Héros ou héroïne

  Au chevet d’un·e proche   –     Tape sur l’épaule d’un personnage avant de lui donner un coup de poing fracassant   –   Fibre héroïque > Se sacrifie avec panache   –   Son fils, sa fille, sa femme, un·e proche est en danger, entre les mains des méchant·es

Personnage > Méchant·e

Le/la méchant·e abattu·e un peu plus tôt se relève pour un dernier frisson   –   Mégalomane

Personnage secondaire

Foule en délire > Bagarre de collégien·nes, lycéen·nes, taulard·es   –   Petits voyous Disney Channel

Réalisation

Équipe > L’équipe (au complet) avance (au ralenti) face caméra   –   Grammaire > Passage musical   –   Grammaire > Ralentis injustifiés et insupportables   –   Habillage > Incrustation de texte sur l’écran : lieu, date, heure, etc.   –   Habillage > Titre qui apparaît en gros à l’écran, accompagné d’un effet sonore   –   Homme torche qui s’agite en tout sens   –   Interprétation > Regard incrédule   –   Média > Point de situation par un reportage télé, radio ou presse écrite   –   Mise en scène > Hochement de tête solennel   –   Mise en scène > Plongée sur un personnage qui hurle   –   Ralenti > Personnage qui saute une longue distance, un précipice, entre 2 immeubles, etc..   –   Technique > Faux raccord flagrant   –   Technique > Plans utilisés plusieurs fois   –   Woosh > Mise en scène

Réalisation > Accessoire et compagnie

Ambiance > Machine à fumée sur-exploitée   –   Arme > Clic au lieu du Bang   –   Ceinture d’explosifs   –   Indice > Boîte d’allumettes ou briquet   –   Le camion qui menace de percuter/renverser le personnage klaxonne mais ne ralentit pas   –   N’importe quoi > Explosion injustifiée   –   Stylé > Un flingue dans chaque main

Réalisation > Audio

Ambiance sonore > Concert de klaxon pendant un embouteillage   –   Bruit exagéré > Balles qui ricochent contre du métal   –   Bruit exagéré > Coups donnés lors d’un combat au corps-à-corps   –   Bruit exagéré > Écho   –   Effet > Son de disque rayé (distorsion)   –   Long bip d’ECG plat   –   Voix off > Pensées de personnage   –   Woosh > mouvement / acrobaties   –   Woosh > Objet jeté au ralenti

Réalisation > Surprise !

Fauché par un véhicule de manière inattendue   –   Faux suspense > La main qui surprend/agrippe/tire/retient un·e gentil·le est en fait... celle d’un·e autre gentil·le !   –   Sous le coup de la surprise > échappe/renverse son verre

Scénario > Blague, gag et quiproquo

Calembour   –   Comique de répétition   –   En fait des caisses (personnage)   –   Interprétation > Louche ou grimace après avoir reçu des coups

Scénario > Contexte spatio-temporel

Boîte de nuit   –   Cérémonie de remise de médaille ou de prix

Scénario > Dialogue

À voix haute > Se parle   –   Licence linguistique

Scénario > Élément

Un·e proche meurt sous ses yeux

Scénario > Ficelle scénaristique

Amour au premier regard   –   L’univers est petit

Scénario > Situation

Bagarre > S’écrase sur une table pendant une bagarre   –   Tension > Torture

Thème > GI Joe

Agissement > Salut militaire

Thème > N’importe quoi

Carton-pâte > Coup de poing pouet-pouet   –   Carton-pâte > Élégamment propulsé·e par le souffle d’une explosion très proche   –   Impossible, mais pourtant réussi > Tir (armes de jet, à feu)   –   Scientifiquement non prouvé > Physique des matériaux soumise à rude épreuve

Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes

Dépendante > Elles craquent toutes pour ce mâle alpha   –   Image dégradante > Femme casse-couilles

Thème > Testostérone

Fallait pas la/le faire chier   –     Méthodes musclées   –   Bagarre > Un seul bras pour les assommer toustes   –   Objectification viriliste > Corps musclé mis en valeur

---

Barème de notation :

  • 1. À gerber
  • 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
  • 3. On s'est fait grave chier
  • 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
  • 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
  • 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
  • 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
  • 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
  • 9. Gros gros plaisir de ciné
  • 10. Je ne m'en lasserais jamais
IncredulosVultus
9

Créée

le 20 janv. 2024

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