Beaucoup pensent qu'il a fallu attendre les 2000's pour que le cinéma français sorte la barbaque, les tripes, les membres tranchées, les têtes qui volent et autres défigurations. Mais bien avant le XXIème siècle, Georges Franju et Jean Rollin avaient déjà sorti l'artillerie lourde et à la fin des 80's, Alain Robak avait pris la température avec un film resté longtemps un exemple type de cinéma gore franchouillard. En fait, Baby Blood est surtout connu de nos jours à cause de la mort d'Alain Chabat, extrait qui a largement fait le tour des émissions télévisées pour se payer la tête du Nul. Si ce passage est plutôt cocasse, pas forcément le mieux joué et pas si crade qu'il n'en a l'air, le reste du film est bien plus intéressant et ne manque pas de guests improbables.


C'est ainsi qu'Emmanuelle Escourrou côtoie le patron de cirque violent Christian Sinniger, le camionneur bisexuel Jean-Yves Lafesse, l'amant malheureux Jean-François Gallotte, les chauffeurs Eric Averlant et Christophe Rossignon ; et le décapité Jacques Audiard. Des acteurs qui souffrent beaucoup dans le film, l'héroïne étant une femme enceinte d'un démon venu d'Afrique qui réclame du sang. Sauf qu'à la différence de Rosemary's baby (Roman Polanski, 1968), le spectateur et le personnage principal savent à quoi s'en tenir dès les premières minutes et le fœtus cause pas mal au point d'entretenir une bien drôle de relation avec sa mère. Le premier prend l'ascendant sur la seconde, entraînant une dépendance au meurtre de plus en plus frappadingue. Ce qui n'est pas sans rappeler Elmer le remue-méninges (Frank Henenlotter, 1988), le sang devenant la drogue de l'héroïne.


Des crimes graphiques où le réalisateur et son équipe d'effets-spéciaux s'en donnent à cœur joie avec un plaisir communicatif. Les amateurs de gore en auront pour leur argent avec des décapitations, une créature gloutonne, des personnages poignardés, écrasés, explosés par du gaz ou défoncés à l'extincteur (Gaspar Noé n'a rien inventé). Le réalisateur et Jean-Marc Toussaint en sont même venus à filmer l'intérieur du corps de l'héroïne dans une scène qui tient encore bien la route visuellement.


Si le film est parfois un peu mou et que le jeu d'acteur n'est pas toujours à la hauteur (Escourrou est assez problématique, même si cela s'améliore un peu vers la fin), Baby Blood est suffisamment généreux pour se regarder sans déplaisir et semble même avoir inspiré Julia Ducournau pour son Titane (2021) au vue d'allusions plus qu'évidentes. On ne pourra pas en dire autant de sa suite tardive. Lady Blood (Jean-Marc Vincent, 2009) ressemble à un téléfilm policier comme on en voit plein sur TF1 ou France Télévision, mal joué et réalisé, vulgaire (les scènes dans le club échangiste font penser aux passages obligés d'une partie de la filmographie de Steven Seagal) et au contraire de son aîné n'est jamais généreux (bien que l'affiche veuille faire croire que si). La faute de goût va jusqu'à la musique de générique de fin totalement hors-sujet. L'ironie veut que Baby Blood qui était déjà un film à petit budget (on parle d'environ 400 000 euros) fasse moins fauché que sa suite beaucoup plus récente.

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le 20 déc. 2021

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Borat 8

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