Stage 1 - L'enfer, les brigands et la prostituée

Ah, le Japon médiévalo-moderne ... Ces rites ténébreux, sa musique lancinante et mystique, ses codes, complexes, à la fois terriblement proches de notre époque médiévale, tout en étant tellement éloigné.
Je dois à mon compère Real_folk_blue d'avoir découvert ce cycle et je ne suis pas déçu. Ce sabre de la vengeance dispose de d'un très bon potentiel, à plusieurs niveaux.

La violence, esthétique, pourrait faire sourire et sombrer dans le ridicule des grands jets de sang si on ne fait pas l'effort de se plonger un peu dans cette culture violente et poétique. Après tout, l'Illiade est un chef d'oeuvre encore plus gore et, pourtant, sa violence esthétisée est peu mise en valeur ou remise en cause. Ici Misumi offre une chorégraphie mortelle de haut vol. Les combats, bien filmés, regorgent de petites trouvailles jouissives, tant dans la mise en scène que dans ses glissements de lames froides et ses silences, prémices d'une faucheuse aux aguets.

L'histoire en elle-même nous plonge dans un Japon divisé, rongé par de lancinantes luttes intestines où se côtoient honneur, trahison, brigandage, infamie et superstition.

Comme toute histoire de vengeance qui se doit, l'amorce est ici terrible : la mort d'une femme, d'une mère, sacrifiée sur l'autel du pouvoir. Demeurent Ogami, samouraï de haut vol offrant ses bras aux enfers et son fils qui va le suivre dans son chemin de mort.
Deux scènes m'ont particulièrement marqué : celle du choix imposé au fils et celle, plus lointaine, de cette prostituée qui s'offre au Mal ivre de vengeance.

Un film bourré de charme, non exempt de défauts cependant car, parfois, certains cadrages semblent étranges et le rythme peut étrangement s'essouffler avant de reprendre dans les dernières 20 minutes. Wakayama est totalement convaincant, l'économie de paroles étant juste à propos.

Une belle découverte donc, qui m'incite à découvrir la suite ... Stage 2, Banzaï !