Critique garantie sans spoilers


Baby est un as du volant. Un vrai. Baby souffre aussi d’un acouphène depuis l’enfance, qu’il noie grâce à ses écouteurs. Baby (Ansel Elgort, vu dans Nos étoiles contraires et la série de films Divergente, notamment—acteur prometteur s’il en est !) passe son temps à voler des voitures et les iPods qu’elles contiennent, et à servir de chauffeur pour Doc (Kevin Spacey), un gangster qui planifie minutieusement des braquages de banques. Baby a le visage poupin (un vrai « baby face », comme les gangsters d’antan), vit avec son père adoptif, et essaie tant bien que mal de rembourser sa dette auprès de Doc pour que celui-ci le laisse enfin vivre sa vie, surtout qu’il a récemment rencontré la jeune et jolie Deborah (Lily James).


À tout cela s’ajoute une jolie brochette de criminels en tous genres, un décor tantôt 50s, tantôt moderne, des courses-poursuites endiablées, des idées de mise en scènes léchées, bref. Pour faire court, c’est une histoire bien ficelée comme j’en ai rarement vue, au sens premier du terme. Ce film, génial, transpire l’originalité par tous les pores de son entité numérique (et pelliculaire, puisque certaines scènes ont été tournées à l’ancienne, à la caméra à manivelle).


Et là, je digresse un instant (je suis obligé !) pour parler de la musique. Notez bien que j’ai dit « musique », et pas bande-son, puisque la très, très, TRÈS grande majorité des musiques que vous entendrez dans le film sont diégétiques (comprenez : qui font partie intégrante de l’univers du film, et que les personnages entendent eux aussi). Edgar Wright (qu’on ne présente même plus après son excellente « Trilogie du Cornetto », ou le non-moins superbe Scott Pilgrim) a même poussé le vice jusqu’à légitimer cet aspect-là du film par l’acouphène de Baby.


Ainsi, la bande-son, bien que de bonne facture, n’est que très peu présente. Au lieu de ça, vos oreilles vont se régaler pendant 2 h d’un déferlement de pop bien sentie, avec des morceaux (je trouve) pas vraiment connus du grand public. Selon moi, Baby Driver est, avant même d’être un film d’action, de braquage ou de romance, un film musical. Allez le voir pour ses choix de musique pertinents tout autant que pour la richesse et la profondeur de ses personnages, de son scénario plein de rebondissements, ou de sa photographie soignée. Franchement. Vous ne serez pas déçus du voyage.


Baby Driver est de ces films à classer dans la catégorie « feel good ». Il est suffisamment débridé pour offrir un divertissement pas prise de tête, tout en vous offrant la profondeur d’une œuvre un peu plus posée, de par ses choix esthétiques et ses idées originales (sérieux, un chauffeur pour braqueurs de banque qui souffre d’un acouphène et qui conduit comme un as au rythme de ses musiques, c’est pas trop classe comme idée ?). Il est d’ailleurs à noter que le réalisateur s’est entretenu avec plusieurs anciens détenus qui avaient tous trempé dans des braquages à une époque de leur vie (il y en a un ou deux qui font même une apparition à plusieurs endroits du film), et que certaines répliques des personnages sont directement inspirées de leurs expériences.


C’est ce genre de petit détail qui ajoute du réalisme à un film qui, pourtant, se veut incroyablement hollywoodien dans son action. Pareil pour la mort, qui est traitée avec une froideur et un sens du réalisme extrême : elle survient toujours de façon brutale et choquante, d’une façon telle qu’elle est impossible à prévoir. Ces scènes où des personnages meurent sont toujours criantes de vérité, et apportent en cela un contraste surprenant avec celles plus attendrissantes entre Baby et Joe, son père adoptif, ou plus lancinantes entre Baby et Deborah. Parce que malgré les morts, la destruction et le chaos (et on en revient au point « feel good » évoqué juste avant), Baby Driver reste avant tout un film jouissif à regarder car totalement décomplexé. La comédie est omniprésente. On sent l’amusement qu’ont pris les équipes de tournage à filmer tout ça. On sent l’investissement des acteurs. Jamie Foxx livre une prestation originale et nuancée, et Jon Hamm surprend à plus d’un moment tant son jeu d’acteur est contrasté. Du pur bonheur.


Les qualités du film sont bien trop nombreuses pour que je puisse toutes les énumérer. Pour résumer, il s’agit d’un petit bijou estival à l’intrigue simple (mais pas simpliste), aux personnages complexes (mais pas compliqués) et attachants, le tout saupoudré de musiques entraînantes pour vous faire quitter la salle le cœur léger, un sourire aux lèvres et l’envie de danser.

ArthurCamboly
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 22 juil. 2017

Critique lue 493 fois

1 j'aime

ArthurCamboly

Écrit par

Critique lue 493 fois

1

D'autres avis sur Baby Driver

Baby Driver
Behind_the_Mask
9

A million miles away

Hey Baby, Tu sais qu'Edgar Wright, ton réalisateur, vient de te hisser comme l'un des meilleurs souvenirs de cette année 2017 ? Et cela dès les quinze premières minutes de Baby Driver ? Bon, c'est...

le 20 juil. 2017

136 j'aime

31

Baby Driver
SanFelice
5

Gna Gna land

Baby Driver commence par une scène d'ouverture d'anthologie. C'est peut-être même la plus belle scène d'ouverture de l'année, du moins parmi celles que j'ai vues actuellement. Rythmée, inattendue,...

le 23 sept. 2017

109 j'aime

8

Baby Driver
Marvellous
9

10 choses que je n'ai pas faîtes en regardant BABY DRIVER

(La cinquième va vous surprendre!) 1.Je n'ai assurément pas regardé mon portable. Pourquoi ? Parce que BABY DRIVER est un film ultra rythmé, sans temps mort, et vraiment divertissant. De là à dire...

le 21 juil. 2017

101 j'aime

47

Du même critique

Wonder Woman
ArthurCamboly
7

On attendait Gadot

Je suis venu, j’ai vu, ça m’a convaincu. Alors, qu’on se le dise tout de suite : ce film ne révolutionne en rien le genre. C’est de la super-production hollywoodienne (super-héroïque, de surcroît)...

le 14 juin 2017

2 j'aime

Baby Driver
ArthurCamboly
9

Baby and Debbie, sitting in a tree...

Critique garantie sans spoilers Baby est un as du volant. Un vrai. Baby souffre aussi d’un acouphène depuis l’enfance, qu’il noie grâce à ses écouteurs. Baby (Ansel Elgort, vu dans Nos étoiles...

le 22 juil. 2017

1 j'aime

It Comes at Night
ArthurCamboly
7

Paparanoïa

La critique qui suit ne sera pas exempte de spoilers. Les thèmes qu’aborde le film (la famille, la paranoia, la relation à l’étrange et l’étranger) ne peuvent être réellement expliqués qu’en se...

le 23 juin 2017